Les ombres qui dansent

Depart matinal

Lundi 14 juillet.

Minuit sonna.

Luna posa sa bière vide sur la table devant eux et se tourna hésitante vers l'inspecteur. Elle savait qu'elle ne pouvait pas s'imposer plus longtemps mais n'avait pas envie de quitter cet homme. C'était un sentiment étrange pour elle, généralement, elle ne pensait qu'à son travail. C'était toute sa vie et elle l'aimait ainsi. Mais, dès leur première rencontre, Benjamin l'avait troublée. Il était le genre de type dont toute la maladresse faisait le charme, irrésistiblement timide et si passionné. Une lueur vive brûlant dans ses yeux ébène et son côté gauche, négligé, lui donnait un air attendrissant qui n'avait pas laissé la jeune journaliste de marbre. Elle se sentait bien avec lui et voulait apprendre à le connaître.

— Je devrais peut-être...
— Vous prenez une autre bière ? Ou un café peut-être ? Lui proposa t'il sans prêter attention.
— Une bière, volontiers. Elle sourit.

Benjamin lui ramena une nouvelle bouteille. Des gouttes de condensation glissaient sur le verre brun. Elle la saisit et porta le goulot à ses lèvres. Benjamin fit de même et se replongea dans ses dossiers. Il savait maintenant qu'il s'agissait du même meurtrier et qu'il existait d'autres crimes. Luna avait mis le doigt sur plusieurs choses : outre les mises en scène musicales, tous les couples tués étaient en train de commettre un adultère. Le tueur voulait il punir ses amants ? Avait-il était trompé ? Se prenait-il pour un vengeur au service des cocus ? Son cerveau bouillonnait et les idées fusaient mais son visage se fermait. Il n'arrivait pas à trouver une piste exploitable.

Luna attrapa les dossiers que tenait Benjamin dans ses mains tremblantes et les jeta au loin
— Ça ne sert à rien de vous torturer aussi tard, inspecteur. Je sais que c'est rageant, mais c'est en prenant du recul qu'on y voit plus clair.
— Vous avez raison. ( Il eut un rire discret ) Ma mère me disait quelque chose dans le genre quand j'étais petit.
— C'est une femme d'une grande sagesse !
— Oui... elle l'était.

Son regard se perdit dans le vide et son sourire se transforma en tristesse. Luna se mordilla la lèvre, elle ne savait pas et ne voulait pas le peiner. Elle activa ses méninges pour trouver un sujet plus joyeux.

— Nous avons été interrompu l'autre soir, même si je ne dis jamais non à une bonne enquête, j'aurais préféré rester avec vous au bar.
— Ah... ah oui ? (Il détourna son regard, gêné)
— Vous pensiez le contraire ?
— Oui. Non. Enfin, je ne pensais pas que vous vouliez...

Le rire de la jeune femme se répandit dans l'appartement. Un son doux et timide qui transperça une nouvelle fois le cœur de Ben. Il se grattait la tête nerveusement, décoiffant encore un peu plus ses cheveux hirsutes.

— Vous vous moquez...
— Non, du tout M.Lynch. Répondit elle toujours en riant.

Il s'enfonça dans l'assise en arborant une moue qui fit rougir Luna. Elle le trouvait vraiment mignon.

— Je... je devrais y aller, il est tard. (Elle sortie les mots de sa bouche à contre cœur)
— Non, restez ! Je veux dire... il est tard justement, vous n'avez cas dormir ici. Je vous laisse ma chambre...

Elle tenta de refuser mais l'inspecteur insista. Il ne pouvait pas laisser une jeune femme rentrer seule la nuit et, ayant bu, il ne pouvait prendre la voiture. Elle acquiesça de la tête.

La lumière du jour éclaira leurs visages. Ils s'étaient finalement endormis sur le canapé après avoir parlés de tout et n'importe quoi toute la nuit. Luna avait la tête appuyée sur l'épaule de Benjamin, la bouche légèrement ouverte. Celui-ci retenait sa tête sur son bras accoudé au bord du sofa. Lorsqu'il ouvrit les yeux il ne réalisa pas toute suite la proximité de la jeune femme. Il profita quelques instants de ce moment de tranquillité. C'est lorsque Luna bougea légèrement que Benjamin comprit et sursauta. La jeune femme se réveilla à son tour et se releva gênée. Elle essuya discrètement sa bouche et se maudit intérieurement.

— Je suis désolé, je n'ai pas souvenir de mettre endormie là, sur vous.
— Pas de soucis ! ( Il se retourna et écarquilla les yeux surprit de sa réponse idiote) Vous voulez un café ou thé ?
— Oui... un café, s'il vous plaît.

Les deux n'osaient pas se regarder et avaient le rouge aux joues.

— Vous voulez (il désigna la salle de bains)
— Non, non, je vais y aller.
— Laisser moi quelques minutes, et je vous dépose chez vous.

Il servit une tasse de café à la jeune femme et s'éclipsa cinq petites minutes. Il ressortie de la pièce les cheveux humide, coiffé en arrière, habillé d'un costume en tweed gris. Il enfila la veste assorti, prit sa plaque qui traînait à l'entrée et décrocha un chapeau noir du porte mentaux. Luna tirait nerveusement sur les ficelles de son sweat à capuche. Elle ne pouvait s'empêcher de le trouver élégant. Elle pouffa gentiment :

— Votre chemise dépasse.

Il se rembrailla rapidement, embarrassé. Elle lui sourit d'un air attendrit.

Il la déposa devant chez elle à sept heure une. Ils n'avaient pas réussi à se dire un mot du trajet. Mais arrivé sur le seuil, Luna se retourna
— Si je peux vous aider sur cette enquête, faites moi signe, Benjamin.
— Avec plaisir, Miss... (il se racla la gorge) Luna. En attendant, ne faites rien d'inconscient et faites attention à vous. Je compte sur vous si d'autres idées de génies vous frappent !
— Comptez sur moi.

Elle s'engouffra dans l'immeuble.

Sous la douche, Luna repensa à cette soirée.

— Aah, à quoi tu joues Luna Burton ! Tu n'as pas que ça à faire...

Elle se parlait à elle même, une drôle de manie qu'elle avait toujours eut. Elle souriait à l'idée qu'il l'avait plutôt bien cerné malgré sa timidité. « Ne faites rien d'inconscient », comme s'il savait ce qu'elle prévoyait de faire. Elle se revit appuyée sur son épaule solide et se recroquevilla dans sa baignoire. Les jambes serrées contre sa poitrine, elle avait le regard perdue et un air guilleret.

— oh, M.Lynch... souffla-t-elle dans un soupire.