Cher Chan,

•Lettre 2•

7 Janvier 2022, 22h58

"Cher Chan,

Mes larmes coulent toutes seules ces derniers temps, c'est fou non, ne même plus pouvoir contrôler ses larmes...Pourtant ces derniers jours, je n'avais pas envie de pleurer, je n'avais pas cette envie de verser toutes ses larmes, alors pourquoi ce soir? Parce que j'ai raté une partie de mes partiels? parce que je suis heureuse que ça soit finie mais ai peur pour la suite? Même si ça peut faire partie de cela, je ne pense pas que ce soit la raison principale, juste avant j'ai regardé Hotel del Luna, j'aime tellement ce drama, les vibes qui en sortent sont douces et belles, alors pourquoi me suis-je mise à pleurer à la fin de l'épisode?

Toi aussi tu ressens ce vide? Cette impression parfois que même sans avoir connu l'amour, tu le connais quand même? Suis-je devenue assez folle pour m'inventer une vie? Une vie que je n'ai pas vécu, un amour que je n'ai pas eu? Pourtant je la sens au fond de ma poitrine, cette chaleur. Dans les mirages de mon subconscient, je me vois sourire, et je sais, inévitablement, je sais que c'est parce que je le regarde, parce qu'auprès de lui, mon coeur est apaisé, il l'est enfin.

Tu sais, j'ai l'impression de courir en continu, après un bonheur qui s'éloigne de plus en plus, un bonheur vers qui j'ai beau tendre la main, je ne l'attrape jamais et tombe plus bas que le sol. Je sais que la vie n'est pas toujours facile, mais pourquoi être aussi difficile avec moi? Pourquoi dois-je prendre tous ces choix, pourquoi dois-je porter tous ces masques pour dire d'être entendue? Les gens ne voient-ils pas que je suis brisée? que les bouts de mon coeur sont encore ensemble, parce que j'ai le courage de les assemblés après chaque tempête...

Loin de là de me jeter des fleurs, parfois il me tient à croire que j'ai une force extraordinaire, mais ce souvenir, totalement imagé et imaginé, il me hante, ce sourire, cette chaleur, ce petit bout de bonheur, je me rends folle moi-même, je suis mon propre bourreau, mon imagination établit une fiction à laquelle il est dur de résister, à laquelle il est dur de ne pas y entrer, de s'y perdre et d'en être tourmentée, elle s'amuse, elle rigole de mon incrédulité, de cette envie irrépressible de la saisir, cette histoire s'envole telle une feuille emportée par une bourrasque, trop haute pour l'attraper, trop rapide pour la saisir, elle me fait penser au temps qui est de même, impossible à saisir.

Si tu te demandes le sens à ses mots, ne me pose pas la question, j'écris toutes ces choses en les ressentant, on s'exprime avec les mots dans des sens qui nous sont propres non? Moi j'ai choisi de lui donner un sens tragique et mélancolique, sous forme de lettre au destinataire perdu, ces lettres ne trouveront jamais leur chemin, elles n'arriveront jamais à destination...

Pourtant, cela me fait du bien, de t'écrire, même si tu ne verras jamais ses mots, même si tu me connaîtras jamais, je t'imagine bien me rassurer sur le monde, sur mes émotions et ces sentiments incontrôlables qui balayent mon coeur en un claquement de doigt. Je te vois me sourire de ce sourire que j'aime tant, peut être est-ce toi dans ce mirage, dans une autre vie, un autre temps impossible à saisir, peut être est-ce toi celui qui réchauffe mon coeur, qui fait naître cette petite flamme au creux de ma poitrine...ah ah je crois que ma vie antérieure a laissé trop de traces sur ma vie d'aujourd'hui si c'est le cas; ne devrais-je pas ne me rappeler de rien?

Mon esprit fantaisiste d'écrivaine se plait à croire que ses mirages tourmentants ne sont autre que des souvenirs d'une autre vie, ce serait beau non? ça ferait une belle histoire n'est ce pas? Si l'héroïne n'en devenait pas folle bien sûr, s'il l'on otait le côté tragique de cette histoire, ça ferait une belle histoire comme tout le monde les aime, divertissante devant laquelle on verse quelques larmes avant de l'oublier, je ne suis pas contre, mais verser plus de larmes me parait quelque chose de bien mieux, quelque chose qui vous marque, qui vous fait douter de ce qui est réel ou non.

Malgré la douleur de ce vide, j'ai quand même ce petit mirage de bonheur, il n'est peut être pas le mien et seul le diable peut savoir qu'en il adviendra de mon tour dans cette vie, mais ce sourire que je vois, peut éclairer la lune à lui tout seul; tu trouves que j'exagère? et puis la lune n'a pas besoin d'être éclairée...pourtant je trouve ça beau, la lune brillant plus fort de son rayon nacré, avec un peu de chance, elle pourra éclairer ce chemin qui m'échappe..."