Chapitre 7 : à nous... trois

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«La vie est comme un livre. Ne saute aucun chapitre et continue de tourner les pages. Tôt ou tard, tu comprendras pourquoi chaque chapitre était nécessaire.»

Bernard Weber

***

Je referme le troisième livre que je viens de dévorer et m'étire. Parmi cette kyrielle de romans en tous genres, je me suis laissé tenter par... les Harry Potter en version originale (donc en anglais). Qui aurait cru trouver ça dans cette ancienne bibliothèque ? J'aurais néanmoins pu choisir autre chose. Peut-être aurais-je mieux fait, vu que ces derniers sont facilement accessibles et que la pièce regorge probablement de petits trésors. Malgré cela, je n'avais encore jamais pris le temps de lire les bouquins. Je me suis contentée de regarder maintes et maintes fois les films. Pourtant j'aime lire ! Mais... je n'ai jamais lié les deux. Ça vaut le détour en tous cas. Je me demande comment une seule personne a su créer un univers si complexe et merveilleux. Je suis admirative ! Je pense que c'est un peu le rêve de tous les écrivains, d'arriver à créer son monde. Et surtout d'y emmener les gens.

Je range le troisième tome dans l'armoire et saisis le quatrième. Je m'apprête à me rassoir dans le canapé lorsque la porte s'ouvre et me surprend. Je ressens une pointe de déception. J'étais tellement au calme. En plus, j'ai remarqué une couverture bien douce sur un canapé. Je me suis aussitôt emmitouflée dedans ! Je n'ai pas très envie de quitter ce nouveau cocon. En dépit de mon désappointement, je me tourne vers la porte. Clothilde se tient dans l'entrebâillement.

–Nous allons bientôt souper. Monsieur aimerait que tu ailles te changer avant de passer à table. Il a posé les habits dans la salle de bain du rez-de-chaussée, je vais t'y accompagner.

–Je ne vois pas pourquoi je devrais me changer. Je suis très bien comme cela. Si ça ne lui plaît pas, il n'avait qu'à m'apporter la nourriture ici, grommelé-je.

Oui, c'est typiquement moi ça. Lorsque l'on me force à faire quelque chose (qui, de plus est, est totalement illogique et non fondé), je me braque et je refuse de m'y plier. J'irai comme ça, un point c'est tout.

Clothilde soupire et semble hésiter. J'espère qu'elle ne pense pas que ça va lui retomber dessus. Sinon, il va m'entendre doublement, ce crétin.

–De toute façon, regarde autour de toi, tu vas t'abîmer les yeux à lire dans le noir.

Surprise, je contemple la pièce. Celle-ci est en effet plongée dans l'obscurité et est seulement éclairée par le clair de lune. J'étais tellement absorbée par le roman que je n'ai rien remarqué. Je suppose que lire à la lueur de la bougie, dans une si grande pièce, ne serait pas agréable. Quoique... J'ai bien envie d'y établir mon camp pour les prochains jours.

Je me lève et la rejoins contrecœur. Je jette un dernier coup d'œil à la pièce et, enveloppée de noirceur, elle me file soudainement la frousse. Je frissonne. Je n'en reviens pas que j'aie su rester seule, dans le noir, pendant si longtemps.

Clothilde referme la porte.

–Où va-t-on ? me demande-t-elle d'un ton désabusé.

Soudain, une idée surgit dans ma tête. Si je vais me changer, je dois monter dans ma chambre. Donc je vais passer par le salon où dort Yuan, non ? C'est parfait ! Je pourrai checker s'il va bien et s'il y a moyen de lui parler.

–Je vais aller me changer, annoncé-je.

–D'accord, je t'accompagne jusque-là.

Je commence à me demander si le proprio n'est pas en train de me faire suivre. D'un autre côté, je ne sais pas si j'aurais été capable de retrouver mon chemin jusqu'à ma chambre. Surtout que les couloirs ne sont éclairés qu'à la lumière de petits flambeaux. Donc, probablement pas. Mais, pour quelqu'un qui aime être seul, être souvent accompagné n'est pas très agréable. Bien que Clothilde soit gentille, elle me semble un peu trop... extravertie. Les gens qui sourient tout le temps me font flipper. Ce n'est pas humain de faire ça.

La malédiction de Bergham [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant