Chapitre 14 : Atrocité

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L'air balayait fraîchement mes cheveux en arrière. L'odeur industrielle se transformait en douce senteur florale à mesure que je m'éloignai du village.

Je m'enfonçai dans le pré avec l'intention de me poser pour quelque minutes de répit. Je jetai un coup d'œil vers le bas et observai mon roman tout abîmé. Les pages se détachaient, bien que j'essayai de les recoller comme je pouvais. L'écriture était de moins en moins lisible et le blanc se jaunissait peu à peu. Mais malgré tout, j'étais contente d'avoir un moyen de me déconnecter de ma réalité. Parce qu'aimer lire ne me rendait pas plus légitime pour acheter de romans, c'était bien trop cher. Je n'avais que celui ci qui avait été un cadeau de ma grand mère à son fils, mon père, qui me l'a offert par la suite. J'avais été tenté de le donner à Noah lorsqu'il est mort, mais je n'avais pas pu m'y résoudre. Non seulement c'était un cadeau de mon père, mais en plus ce roman représentait le seul échappatoire à ma vie épuisante.

Alors, comme j'essayais de le faire lorsque c'était possible, je m'éloignai de ce village et de cette vie.

Mais une fois arrivée dans mon havre de paix, je constatai quelque chose d'étrange. Je m'approchai doucement et là, étendu sur le l'herbe, je remarquai un corps. Je m'approchai encore, faisant le moins de bruit possible, et une fois à quelques mètres, je distinguai clairement un garçon. Ses yeux étaient fermés et sa tête reposait sur ses mains.

Je ne le reconnaissais pas, il n'avais pas l'air de faire partie de mon village.
Mais il était dans mon havre de paix. Le miens. Il chamboulait tous mes plans.
Alors je traversai les quelques mètres qui me restaient et lui donnai un coup.
Il ouvrit les yeux immédiatement et se reculait un peu. Puis il me remarqua et fronça les sourcils.

« - Qui es-tu ? demandai-je.
- De passage, répondit-il.
- Ce n'est pas une réponse ça. »





Il haussa les épaules et se releva pour être à ma hauteur. Et comme ça, je pus l'apercevoir plus facilement. Et lorsque ce fut fait, mes yeux s'écarquillèrent.

« - Eh mais tu ... »




Il plaqua sa main contre ma bouche pour me faire taire et son regard furieux croisa le miens. Et dans ses pupilles noires, je distinguai un sentiment autre que l'agacement ou la colère. Je distinguai de la peur.

*

Déa était venue petit déjeuner avec nous ce matin. Elle n'avait pas beaucoup parlé, elle avait dit qu'elle attendait que nous assistions au dévoilement des classements pour nous déclarer ce qu'elle pensait. Alors, lorsque l'heure fut arrivée, nous nous installâmes devant l'écran et nous attendîmes. Et pendant ce temps, je pensais et repensais à ce rêve. Ou plutôt, à ce présumé souvenir. Je me voyais dans une prairie avançant un livre à la main. Et je voyais Priam. D'après ce que je parvenais à visualiser, c'était notre première rencontre. Et puis, il y avait aussi un prénom qui m'était apparu. Noha. Qui pouvait-il bien être ? Et pourquoi étais-je en train de récupérer des souvenirs ?
Je supposais que c'était à cause de Priam et de ses révélations. Elles avaient certainement débloquées quelque chose, je ne savais pas. Mais, après tout, il s'agissait d'un souvenir minuscule. Alors pour l'instant, j'essayais de mettre ça de côté.

Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre concernant les classements. Ces derniers temps, la popularité se retrouvait bousculée. Il y avait des candidats comme Victoria, Sia, Neela, Atlas ou encore Priam qui restaient toujours parmi les cinq premiers. Et il y en avait qui remontaient beaucoup comme Ash, Dove ou Hélia.

Alors, c'est avec un peu d'appréhension que j'observai le programme débuter.

En première place, Priam.


Wicked GameWhere stories live. Discover now