Chapitre 25 : Escapade nocturne (2/3)

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Jack et l'autre inconnu se font face, dans la neige. Les deux ont les bras le long du corps, complètement dénués de mauvaises intentions. Ils se jaugent dans le même silence que font les flocons qui touchent le sol.

— Tu ne me reconnais pas ? demande l'un.

— Non... avoue l'autre.

Je fais les cent pas dans ce jardin, à moitié à l'abri de la tempête, sous un préaux. Nous avons joué la prudence en reportant cette discussion de quelques minutes, dirigeant nos pas vers un endroit moins fréquenté. Depuis que nous avons repéré ce coin de pelouse, appartenant sans doute à une famille fortunée – absente, comme semblent indiquer les volets fermés –, les deux garçons s'observent, mutiques, à croire qu'ils n'ont rien à se raconter... Alors qu'ils ont des tas de choses à se dire.

Au début, j'ai mis ce silence sur le compte de l'embarra, la gêne des retrouvailles. Néanmoins, j'ai pas tout mon temps, le soleil s'élève de plus en plus au-dessus des nuages, et je dois retourner chez ma cousine avant l'heure de son réveil. Question de vie ou de mort. Elle me tuerait si elle apprenait que j'ai trahi sa confiance.

Jack a l'air heureux que quelqu'un d'autre le connaisse, qui plus est d'avant tout ça, d'avant notre rencontre. Une lueur d'espoir brille dans ses prunelles. C'est encore plus infime que cette émotion qu'il ressentait tout à l'heure.

Pour ne pas les brusquer, je me suis éloigné, j'ai piétiné les roses pourries à cause du froid, j'ai shooté dans quelques cailloux, je me suis appuyé contre la palissade en fermant les yeux dans l'espoir qu'un des deux désamorce la discussion, mais rien. Nada. Quedal. Ils sont insupportables.

Alors, mes pas se sont accélérés. Ma patience s'est tout juste effrité. L'impatience me ronge.

Mes doigts ne se sont pas décrochés de mon crâne, où ils grattent mes mèches blondes. Les froufrous me grattent, à tel point que j'aimerai arracher ma capuche, mais je sais que tout ça n'est que dans ma tête, que je stresse, et que si j'expose ne serait-ce qu'une seconde mes oreilles à ce froid, elles se transformeront en glaçon.

— Vous n'allez pas restés plantés là sans ne rien dire ?

Jack ne m'accorde aucun regard. Il paraît obnubilé par les iris noires de ce second garçon sorti de nulle part.

— D'où est-ce que tu le connais ? m'impatienté-je.

— Je ne veux pas le brusquer, je ne...

L'inconnu laisse sa phrase en suspens. Ça m'énerve ! Ses yeux ont à peine dévié de leur trajectoire, juste un peu pour croiser les miens, avant de se reporter sur Jack.

— Allons plus loin. Dis-moi.

Il nie.

— Pourquoi tu ne veux pas ?

Il hausse les épaules.

— Oh non ! Tu ne vas pas jouer au muet à ton tour !

— Non, je... je ne sais pas quoi dire...

— Commence par le début.

— Plus facile à dire qu'à faire... dit-il dans un rire.

Je roule des yeux et pousse un soupir ostensible. Si avec ça, il ne devine pas qu'ils sont en train de me faire vriller avec leur rebondissement qui sort de n'importe où... Tout commençait à s'éclaircir dans cet épais mystère qu'est mon apprenti fantôme, et voilà qu'un nouvel inconnu vient renverser toutes les théories passées.

Le garçon aux yeux d'hiver [BxB]Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt