Chapitre 27 : Une percée dans le blizzard (2/2)

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Mes bras sont rabattus contre mon torse, et ma bouche, planquée dans mon col, dessine une moue contrariée que je peine à gommer.

L'inconnu est venu à notre rencontre, sitôt que je suis retombé du grenier. La chute a été moins vertigineuse que la première, mais la maison doit être bouffée par les mites puisque mon échelle de tissus n'a pas fait long feu. Avec l'habitude, il ne m'a pas fallu longtemps avant de préparer ma descente en rappel. Dans tous les cas, je suis bel et bien en vie, et le simple fait de revoir le visage trop parfait de cet étranger, exagérément bienveillant, agrémenté ce sourire discret, me fait regretter d'avoir une nouvelle succomber aux désirs de mon petit fantôme.

Jack s'approche de nous deux, faisant barrage aux œillades plus méfiantes que sévères que je lance sans arrêt à l'inconnu. Il ôte alors les mains de ses poches, dévoilant sa peau aussi claire que les roches lunaires, et désigne avec prudence l'autre.

— Dore doit écouter... murmure-t-il.

J'arque les sourcils, mauvais.

— Je sais, j'attends.

Le garçon aux yeux d'hiver ne sait pas où se mettre. Je crois qu'il ressent ma colère, et il n'a pas l'air de savoir comment se comporter pour limiter les dégâts. Il faut dire qu'il n'a pas été cool avec moi, en me faisant présager qu'il voulait passer du temps ensemble... tandis qu'il attendait juste que l'on fasse encore le mur pour rejoindre ce crét... Cet inconnu dans la neige.

— Dore écoute, informe-t-il à l'autre. Il attend.

— Merci d'être descendu, Théo.

Je sors une main de ma poche et la tend entre nous.

— Minute ! m'exclamé-je. Je ne t'ai jamais dit comment je m'appelais, je me trompe ?

Il rit.

— Je ne vois pas ce qui est drôle ! m'impatienté-je.

— P-pardon... Tu me fais rire. Tu te méfies comme si j'étais un monstre.

— Je te ne te connais pas. Peut-être que tu en es un.

— Non, pas le moins du monde.

— Parce que tu trouves pas ça étrange de me guetter dans mon jardin – enfin, celui de ma cousine, qu'importe ? Je ne pense pas connaitre grand monde qui aurait accepté de descendre ici pour te parler. Qui sait ce que tu peux me faire, là, à l'abri de tous les regards.

Il recommence à ricaner.

— Arrête de te moquer ! J'ai horreur de ça !

Il passe sa paume devant sa bouche, comme s'il tentait d'effacer toute forme d'hilarité, et secoue vivement la tête pour reprendre ses esprits. Je recule d'un pas lorsqu'il en fait un vers moi.

— Comment connais-tu mon prénom ?

— Pourquoi te méfies-tu de moi, alors que t'as laissé une créature pénétrer dans ta chambre ?

Je resonge à ses mots, et ai un hoquet quand je réalise qui il vient de désigner.

— Primo, Jack n'est pas une créature ! le disputé-je. Et secundo, arrête d'ignorer ma question : comment sais-tu comment je m'appelle ?

— « Jack » me l'a dit, répondit-il, mimant les guillemets.

— Jack m'appelle Dore.

— Je... Je ne connais pas beaucoup de prénoms qui se terminent ainsi.

Le garçon aux yeux d'hiver [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant