𝗮𝗻𝗵𝗲́𝗱𝗼𝗻𝗶𝗲 [woosan]

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wooyoung

Plus la charrette avance et plus les bâtiments s'éloignent, à notre grand bonheur. Les paysages se remplissent peu à peu de verdure. Droit devant, on peut distinguer le portrait de l'immense château qui paraît cacher quelques montagnes derrière une grande étendue d'eau. Quelques oiseaux se chassent en piaillant au dessus de notre convois. Le bleu du ciel me force à plisser les yeux.

Bien vite, de l'ombre me permet les ouvrir correctement. Notre charrette vient de franchir l'entrée des murs qui protègent la cour du palais. Une odeur nauséabonde me fait d'ailleurs grimacer.

- C'est quoi cette puanteur ?! Je maugrée dans mon coin en me pinçant le nez.

Quel bel accueil.

En tournant la tête, je m'aperçois que l'odeur n'est finalement qu'un détail qui fait tache sur la splendeur des lieux que cache l'extérieur des remparts.

Ma bouche s'entrouvre. De l'herbe verte s'étale à perte de vue autour du château, il y a des buissons taillés de différentes formes et de grands rosiers qui bordent les allées où marchent des dames bien habillées. Tout paraît démesuré de la réalité. A ma gauche, loin devant une arche en bois fleurie, se tient deux hommes, l'un une canne à la main, l'autre un chapeau sur la tête. Ils regardent l'eau tombée de la fontaine tandis qu'un garçon coud paisiblement sur un banc derrière eux.

Au fur et à mesure que nous nous rapprochons du grand escalier devant lequel se trouvent déjà plusieurs charrettes à l'arrêt, beaucoup de gens se mettent à nous fixer avec insistance. Je me sens minuscule et insignifiant face à un tel luxe. Il est certain que nous ne vivons pas dans le même monde.

Mon convois s'immobilise définitivement à la gauche de trois autres chariots avant qu'un garde nous ordonne tous de descendre. Tout le monde est perdu, moi y compris. Certains s'exclament à voix haute pendant que d'autres se plaignent encore du manque de politesse des nobles d'Anhédonia.

Un des soldats debout sur les premières marches de l'escalier fait cogner son spear contre le sol.

- Silence et mettez-vous en ligne devant nous !

Son ton glacial lui a permis d'obtenir le silence en une fraction de seconde. Malgré sa petite taille, il effraie facilement la moitié d'entre nous. Je n'ai pas eu le temps de contempler les alentours ou d'examiner plus en détails le plastron argenté des gardes que les portes du palais s'ouvrent brusquement, nous dévoilant l'ombre d'une grande silhouette.

Les bottes qu'il a aux pieds descendent lourdement les marches une à une tandis que son manteau blanc, tenu par un corset noir à la taille, s'amuse à frôler le béton.

Je n'ai même pas remarqué que les soldats se sont mis en ligne tant j'ai été absorbé par sa présence bouffante. Son accoutrement se distingue nettement de la cavalerie et à côté le mien fait tâche. Néanmoins, s'il y a bien un point commun que nous partageons, c'est nos cheveux.