𝐖

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d r o w n i n g

j'étais délicate. c'était un fait.

les gens me le répétaient souvent. sur leurs dires, j'arrivais à les écouter, les conseiller, être présente dans leurs états d'âme, sans interférer complètement avec leurs pensées. à l'écoute, attentive pour déceler le moindre problème.

c'était l'une de mes meilleures qualités. savoir que j'en étais dotée, selon mes proches, était réellement plaisant. cela me permettait d'être une bonne amie, si non une bonne personne, et surtout, de ne pas brusquer la sensibilité des uns.

car toute la subtilité de cette qualité résidait dans ce détail ; ne pas heurter les sentiments des autres. ils avaient droit d'aller mal, ils étaient légitimes de ressentir - dans la limite du raisonnable, et de la justice, bien sûr.

il fallait trouver le degré parfait, l'exact milieu entre la franchise et le tact. ne pas mentir, mais enjoliver une vérité pour la rendre moins cruelle.

toutefois, ma délicatesse n'était pas inée.

spencer était délicate. c'était un fait.

les gens aimaient spencer, sa façon d'être là sans être intrusive. elle était un cadeau du ciel pour ceux qui pouvaient profiter de sa délicatesse, mais elle ne s'en rendait même pas compte, dans le fond.

spencer connaissait ses capacités. si elle savait qu'elles aidaient son entourage, elle n'était pas certaine qu'elles avaient un réel impact pour ceux qui le composaient. c'était plus qu'une bonne amie, qu'une bonne personne ; c'était une aide sincère, une main tendue, un sourire bienveillant, des paroles réconfortantes.

spencer ne voulait pas blesser, même involontairement, les gens. elle redoutait plus que quiconque la blessure des mots, elle qui connaissait leur pouvoir à double tranchant. l'un, qui apportait du positif, le côté que spencer utilisait.

l'autre, qui n'apportait que du négatif, le côté que spencer détestait.

les mots blessaient plus qu'un coup. les mots impactaient toujours plus, pour celui ou celle qui en était leur victime.

manier les mots, c'était compliqué.

et spencer souffrait quand sa mère les utilisait,

contre elle.

alors elle faisait toujours attention aux siens.

spencer était délicate, d'une manière que tout le monde appréciait,

mais,

spencer se noyait.

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