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d r o w n i n g

j'étais... non.

je n'étais pas heureuse. c'était un fait.

les regards des gens, ma fausse maladresse ne faisant qu'empirer, mon reflet dans le miroir étant de plus en plus insupportable, cette gentillesse, combinée à une pincée de naïveté, qui me rendaient absurde, à voir ce monde avec des œillères.

le bien, le mal. ça n'avait aucune importance, finalement. je n'étais personne pour décréter qu'un tiers pouvait ou non se repentir. je n'appliquais aucune justice céleste, et celle-ci n'avançait certainement pas de mon propre fait.

non, bien sûr, que je n'étais pas heureuse. il ne fallait pas se leurrer, chercher à justifier ma tristesse par de nombreux attraits de ma personnalité, ou de mon physique, pour atténuer la réalité.

celle qui était pure, et dure. mes qualités perdaient de leur énergie ; plus le temps s'étirait, plus je n'arrivais tout simplement plus à être cette épaule sur laquelle les gens avaient désespérément besoin de s'appuyer.

et le constat fut donc brutal.

si, moi, j'avais été une épaule pour mon entourage, à ce jour, j'étais complètement seule.

personne n'était là pour faire office d'épaule.

spencer n'était pas heureuse. c'était un fait.

spencer ne supportait plus cette pression, sur ses épaules - ces derniers s'alourdissant un peu plus à chaque déception.

la vie était fade. aucune couleur n'habillait ce monde dépourvu de chaleur, qui la condamnait à une mort lente et glaciale.

spencer avait peur,

de sortir,

de manger,

de parler,

de rire,

de vivre.

un fantôme. spencer devenait un fantôme, pour son entourage, ses proches, elle-même. sa mère ne voyait plus qu'en elle un corps, un squelette qui devait perdre sa masse jusqu'à la dernière calorie.

cela relevait de l'obsession, autant pour la génitrice que pour l'enfant.

et spencer en avait marre. elle en avait marre de ne pas être assez, pour celle qui l'avait fait naître. elle voulait entrapercevoir une lueur de fierté, aussi infime pouvait-elle être, briller dans les yeux de sa maman.

spencer continuait de maigrir. elle ne le voulait pas, mais c'était trop tard.

puis spencer prit une bouchée,

et elle comprit.

spencer était petite, maladroite, forte, délicate, belle, gentille, et naïve,

mais, spencer n'était pas heureuse.

puisqu'elle se noyait.

drowningOù les histoires vivent. Découvrez maintenant