chapitre 12

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L'animal ne semble pas prêter attention à la jeune femme, sent-il qu'il n'y a aucun danger à avoir de sa part ? Sans doute que oui.
Océane s'installe donc au sol, tout en se camouflant derrière des hautes herbes et des branchages tombés récemment dû au vent pour, calmement, commencer son esquisse de la scène qui se présente devant elle.
De toute façon, elle sait que si la biche prend peur, elle a encore l'image sur son téléphone.
Alors, petit à petit, sur la page blanche de son cahier, son crayon noir glisse.
Trait par petit trait.
Laissant place méthodiquement à l'animal.
En premier, son museau fin.
En second, ses grandes oreilles, bougeant de droite à gauche à l'écoute du moindre bruit.
Ensuite, son corps aux courbes gracieuses.
Finissant par ses pattes fines et frêles.
Malgré la confiance, Océane distingue que la biche est à l'affût du moindre bruit suspect et surtout d'un danger potentiel qui peut subvenir à tout instant.
De temps en temps, quelques moustiques volent autour d'elle et, balayant de sa main libre l'air, elle tente par tous les moyens de les faire fuir.
Mais les bzzzz incessants, démontrent que ceux-ci en ont décidé autrement.

Tout à coup les premiers croassements inondent le lieu. 
Suivis par d'autres, qui finissent dans une drôle de cacophonie bruyante.
Elle étire ses lèvres, tout en continuant de poser sa dernière touche de crayon.
Subitement, la biche redresse la tête. Puis levant son museau au vent, elle renifle l'atmosphère essayant de détecter quelque chose.
Océane de son côté regarde à droite, à gauche, mais ne distingue rien. Alors doucement, elle commence à apposer les couleurs.
Un bruit infernal au loin se fait entendre. Elle examine le ciel où s'est créée une masse noire.
Une volée de corbeaux s'est formée et passe au-dessus de sa tête émettant leurs cris, alertant par la même occasion, les oiseaux du coin. S'ensuit alors un hurlement.
La biche remue ses oreilles et détale en bondissant à travers les fougères suivant à son tour le nuage noir d'oiseaux en mouvement.
Et puis un autre hurlement surgit, plus près d'elle  comme celui que l'on entend dans ces films d'horreur  sombre et lugubre qui vous glace le sang, vous prend aux tripes et vous fait sursauter sur le fauteuil de cinéma.
Océane grimace.
S'entoure de ses bras.
Puis se décide à ranger rapidement ses petits nécessaires de dessin.
Lili aurait été présente, celle-ci se serait encore bien moquée d'elle.
Revenant rapidement à la réalité, elle se passe la main dans ses cheveux pour se rassurer.
Certes la jeune femme est courageuse.
Mais, est-elle téméraire ? Non, pas vraiment.
Et voilà que le corps d'Océane est pris de frissons. 
Le vent ? Non. 
Les feuilles ne bougent pas. 
Et il n'y a pas de nuages.
S'ensuivent deux jappements, comme un avertissement.
Doux et calmes. 
Et un craquement de brindilles.
Océane tourne la tête rapidement du côté du bruit.
Mais apparemment cela ne doit être qu'une petite musaraigne qui se promène parmi les feuilles mortes et les branchages.
Elle reprend son attention sur ce qu'elle fait.

Accroupie. Sa tête plongée dans son sac à dos, elle finit de le fermer et ne voit pas arriver le danger qui progresse derrière son dos.
Un grognement qui paraît la rappeler à l'ordre.
Mais ne serait-ce pas trop tard ?
Le souffle chaud derrière son oreille lui indique que c'est en effet peut-être trop tard.
Quelques cheveux se soulèvent, comme une brise en été.
Alors elle reste recroquevillée sur elle-même et attend, sa tête enfouie dans ses genoux.

« Ne pas bouger ! » pense-t-elle.
Ne surtout pas montrer à l'animal qu'elle a peur.
D'ailleurs, il paraît qu'il détecte les moindres humeurs des humains.
Océane essaie de retrouver une respiration normale, lorsqu'elle se rend compte que cela fait déjà plusieurs minutes qu'elle est en apnée.
« Reprends le contrôle Océane ! » se murmure-t-elle, tout en essayant de respirer par à coup.
Mais la panique est là.
Et bien là.
Elle ferme les yeux et déglutit pour se détendre.
Mais pas facile à faire, surtout dans un endroit aussi isolé.
Elle commence à regretter d'être venue, ici, et seule.
Sans compter que personne n'est au courant qu'elle est partie se promener dans cet endroit.
Et de plus avec tous les événements tragiques qui se passent dans la région.
Allait-elle mourir là !?
Qui la pleurerait ?
À qui manquerait-elle ?
Un autre grognement à ses oreilles. 
Alors, en silence, elle dit adieu à son amie Lili, et laisse couler ses larmes sur ses joues. 

Le pacte du loup. tome 1(🔞) En Réécriture Where stories live. Discover now