chapitre 24

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Where Is My Mind ? par Yoav.

Qui peut se douter, qu'au loin, dans un petit appartement, un monstre s'attaque à Océane ?
Personne. Même pas ces deux hommes, qui vont devenir ses anges gardiens.
Du moins, pour un seul : Adam.

Une tente de sécurité vient d'être installée autour de la pauvre Marie.
Tout doit être protégé de la pluie qui sévit de plus en plus fort.
Sans oublier, ce tonnerre et ses éclairs, qui bombardent le ciel, faisant peur aux personnes atteintes d’astraphobie (1).

Les combinaisons stériles, comme on les appelle maintenant dans ce petit village, relèvent un maximum d'indices.
D'ailleurs, à force de les voir, le commissaire arrive à les reconnaître maintenant.
Il connaît presque le prénom de chacun. 
Mais il faut reconnaître que ce n'est pas une bonne chose non plus.
Cela veut dire qu'ils sont un peu trop présents.
Ici.
Dans ce petit endroit de Lozère.

Bien sûr, il a l'habitude des petits délits, occasionnés par les jeunes du coin.
Des petites bêtises ! Mais rien de méchant.
Comme il se le dit souvent.
"Il faut que jeunesse se passe".
Mais là, une fois de plus, c'est un horrible meurtre.
Et ce n'est pas bon pour le tourisme.
Même si cette histoire captive la France entière, voire même le monde.
D'ailleurs, les médias se frottent les mains sur toute cette affaire sordide.
Les mots comme "sociopathe", "déséquilibré" ou encore "monstre mythique" reviennent sans cesse.
Attirant des touristes avides de sensations fortes.
D'ailleurs, un parc d'attraction fait bien pâle figure contre ce petit village.
Mais voilà, à présent, tout cela doit s'arrêter.
Marie vient d'être "la victime de trop".
Et ceci énerve énormément cet homme de loi.
Et de plus, il doit passer pour un incompétent.

Ah ! Ils doivent bien rire au Quai des Orfèvres, tous ces flics qui ont l'habitude de tueurs en série ou du grand banditisme.
Le commissaire se frotte la barbe naissante de sa main droite. 
« Merde ! Il va falloir que je prenne le temps de la raser ! » pense-t-il, tout en portant son regard un peu plus loin où un homme trapu et d'un âge avancé progresse vers lui.
Le maire de la commune.

Son visage est sombre et triste.
Ses lèvres pincées.
Mais sa démarche est rapide et déterminée.
Sa petite Marie, comme il aime l'appeler, enfin qu'il aimait l'appeler, vient de rejoindre les anges. 
Mais d'une bien triste manière.

- Des news !? interroge-t-il le commissaire, tout en lui serrant la main d'un geste ferme.
- Non. Rien du tout. On a l'impression que tout s'est volatilisé comme par magie.

Les deux hommes regardent ce ruban qui délimite la scène de crime, empêchant les badauds et autres intrus de franchir et de prendre des photos. 
Seul le photographe, attitré à la section criminelle, peut le faire. 
Et là.
Son appareil dernière génération.
Fusille le lieu.

De temps en temps, une combinaison stérile blanche sort de dessous la tente, retire son masque, et prend une grande bouffée d'air. Pour retourner ensuite rapidement à sa tâche. Comme une petite ouvrière bien disciplinée.

- Qui va bien pouvoir nous résoudre tout ça bordel !?   
- Eux, là-bas, répond le commissaire tout en exécutant un geste de la tête à l'intention de Brandon et Adam qui, de leur côté, penchés sur leur téléphone, semblent occupés à envoyer des textos et des pièces jointes.
- Ils ont une drôle de façon de s'occuper de notre affaire, s'indigne le maire.
- Ne vous inquiétez pas. J'ai confiance en eux.
- Vous les connaissez !? demande l'autre homme qui examine, suspicieux, les deux géants.
- Non, rétorque le commissaire en haussant les épaules, inconnus au bataillon. Mais j'ai discuté avec deux autres gars de leur équipe. Et ils semblent connaître le dossier.

De l'autre côté de la scène, Adam relève la tête et d'un geste bref, salue le policier et le maire.
Il sait que des tonnes de questions restent sans réponse. Mais, il est hors de question qu'une preuve, même infime, puisse dévoiler le monde des nocturnes.

- James demande à ce que l'on fasse revenir Samuel par chez-nous. Sinon, il va se passer un malheur.
- Le malheur vient d'arriver, Brandon. Il est devant nous, sous cette tente et derrière ce ruban, rétorque Adam, énervé.

Ce dernier est triste.
Car son âme-sœur vient de prendre ses jambes à son cou, sans un seul regard pour lui.
Mais voilà !
Maintenant il doit agir.
Ce qu'il ne voulait pas entreprendre : kidnapper Océane devient nécessaire et vital pour elle comme pour lui.

L'autre homme-loup acquiesce. 
Son alpha n'a pas tort.
Ces atrocités sur les humains doivent cesser.
Mais comment doivent-ils procéder ?
Il en a bien une petite idée. Même si au plus profond de lui, il sait que ce n'est pas la meilleure des solutions.
Car cette femme, ne veut plus revoir son ami de longue date.
Mais d'ailleurs qui pourrait la blâmer ?! Certainement pas Brandon.

Des révélations, inquiétantes, étaient parvenues aux oreilles d'Océane, lui annonçant qu'elle était poursuivie et en danger de mort. 
Et voilà que cette femme, Marie, qui lui avait demandé de faire confiance à deux inconnus, venait d'être exécuter froidement.
Il y avait de quoi s'enfuir et sans se retourner...

Adam soupire, las de tout ça. 
Il veut tellement retrouver ses montagnes Pyrénéennes et emmener avec lui Océane. 
Il pianote rapidement sur son clavier de téléphone, qui ressemble plus à un mini-ordinateur qu'à autre chose, et envoie rapidement les photos de tous les indices que les deux hommes viennent de récolter, peu de temps auparavant. 
ADN.
Empreintes de doigts enfin de griffes et celles de pieds du moins de pattes arrière, que les deux hybrides ont veillé à bien effacer.
Car la pluie, sur le sol, aurait permis de dévoiler qu'un animal, debout sur ses membres, venait bien de frapper.
Alors, la population se serait empressée de crier haut et fort "à mort la bête du Gévaudan".

Adam soupire une fois de plus. Brandon se tourne vers lui, légèrement inquiet.

- Ça va mon ami ?
-Je repense à toute cette histoire.

Son acolyte fronce les sourcils.

- Laquelle ? Ton histoire d'âme-sœur avec une humaine ?
- Non. Samuel. Si je n'avais pas exécuté son frère, tout cela ne serait pas arrivé.

Son acolyte, d'une tape amicale sur l'épaule, le réconforte.

- Et tu n'aurais pas rencontré Océane. Et tu aurais fini tes jours, vieux et solitaire. Tu t'imagines ? Il aurait fallu que je supporte ton caractère aigri et bougon. Non merci...

Brandon balaie l'air de sa main.

- De toute façon, tu es le plus haut dans la hiérarchie, ton rôle est de régler les conflits. De donner le top départ en chasse et de guider ta meute. 
- Ouais, vu sous cet angle...

Adam ferme un laps de temps les yeux et repense au début de cette histoire.

Il remonte quelques mois en arrière, à l'époque où Samuel et son frère faisaient partie de sa meute.
Certes, ils ont toujours été un peu marginaux de la société.
Souvent il devait réprimander ces deux hybrides, qui avaient toujours été différents des autres.
Cette violence encrée en eux.
Mais jamais Adam n’aurait imaginé qu'un jour, ils seraient passés du côté obscur, à la suite d'une soirée bien arrosée.
Il revoie la terreur dans les yeux de cette jeune humaine.

Adam ouvre ses yeux, et regarde ses mains, qui avaient dû éliminer ce jeune loup qui fêtait ses 20 ans.

- Hey mon ami ! C'est du passé tout ça. Ce n'est pas de ta faute.
- Pourquoi a-t-il fallu qu'il emmène son frère dans un club et d'humains de surcroît !?
- Parce que Samuel a toujours été un abruti fini, qui n'a jamais respecté les règles. Et c'est ce qui a coûté la vie d'Eddy. En attendant, je te propose de rentrer pour nous changer. Je dégouline de tous les côtés. Et puis après, si tu es d'accord, on surveille ta petite douceur.

À suivre…

(1) L'astraphobie est une peur du tonnerre et des éclairs.

Et voilà mes chères lectrices. 
Je vous souhaite un très bon week-end et à bientôt..

Le pacte du loup. tome 1(🔞) En Réécriture Where stories live. Discover now