Les flammes du destin T2 - Les Souvenirs

5. La provocation

Il saisit les copies qui se trouvent sur son bureau avant de s'adresser à la classe.

-Les copies sont très homogènes. On peut y trouver de très bonnes notes comme de très mauvaises. Ces résultats sont tout simplement dus à vos méthodes d'apprentissage. La plupart d'entre vous choisisse d'apprendre par cœur, alors que ce n'est pas ce que je souhaite. La preuve, vous avez tous eu un sujet différent, tout simplement parce que je voulais savoir jusqu'où vous pouviez aller. En faite, ce n'était pas un contrôle, mais un test.

Il distribue les copies sans rajouter quoi que ce soit de plus pendant que l'entièreté de la classe s'agite. Lorsque je reçois ma copie, je la détaille silencieusement et je fronce les sourcils. La note est parfaite et le commentaire aussi seulement le M accompagné d'un coeur semi-effacé sur ma copie m'interroge.

Pourquoi j'ai noté ça ?

-Un problème Luna ?

Je souris et me concentre sur lui pour oublier cette sensation étrange qui me prend.

-Non tout va bien. Tu as eu combien ?

-19 sur 20.

-Quoi ? Mais d'où il te manque un point ?

-Oh, tu sais, ce n'est rien. J'avais juste oublié une question vu que je suis tête en l'air, dit-il en riant. Et toi comme d'habitude, tu es la meilleure.

-La meilleure ?

-Oh oui, pardon. Tu ne te souviens de rien, dit-il faiblement.

-Désolée, dis-je en baissant la tête.

La meilleure ? Meilleure en quoi ? C'est juste une note après tout.

Je jette un coup d'œil à ma copie puis la range dans mon sac sans me poser d'autres questions.

-Bon, j'aimerai votre attention s'il vous plaît, dit le professeur.

Je l'observe, prête à écouter, puis je fixe le tableau en me sentant troublée.

"Capture l'instant présent "

-J'aimerais que quelqu'un m'explique ce dicton. C'est possible ?

Une fille qui se trouve au fond de la classe se précipite pour lever la main tandis que je reste bloquée sur cette phrase.

C'est bien celle qui était inscrite sur son stylo, non ?

-Oui, Jenny ?

-Ça signifie qu'il faut profiter de l'instant que l'on vit au moment présent.

-Non, pas vraiment. C'est plus précis que ça et plus spécifique. Quelqu'un à quelque chose d'autre ? dit le prof en me lançant un regard.

FLASHBACK

-Une photo doit juste représenter un moment présent, pas un tissu de mensonge pour être juste plus présentable.
-Pas besoin de faire autre chose que la réalité, capture l'instant présent.

Fin du FLASHBACK

Je ferme mes yeux avec force, en sentant ma tête me faire mal, puis je la tiens avec mes mains pour essayer de calmer la douleur.

Bon sang, c'était quoi ça ? On aurait dit un de mes anciens souvenirs. Seulement, je n'ai pas vu à qui je disais ces phrases. Qui c'était ? Et pourquoi ce dicton me dit quelque chose ?

Esteban me regarde avec inquiétude puis avec empressement, il lève la main pour s'exclamer.

-Monsieur, est-ce que Luna peut aller à l'infirmerie ? Elle ne se sent pas très bien.

Je rouvre les yeux en essayant de reprendre ma respiration silencieusement tandis que tous les regards se concentrent sur moi.

Oh Esteban, tu n'avais pas besoin de couper le cours pour ça. Même si quelque part, tu n'as pas tort. Ça me fait vraiment mal.

-Excuse-moi jeune homme, mais si elle a besoin de quelque chose, elle me le demandera. Vous n'êtes pas sa nounou, dit-il d'un air contrarié.

Tout le monde se met à rigoler pendant que je serre mon poing sous la table.

C'est quoi son problème à lui ? Il a vraiment une dent contre lui, ce n'est pas possible autrement. Je n'aime pas ça.

Esteban ne répond pas en se sentant mal et le prof retourne à son bureau sans gêne. Tu vas voir toi !

-C'est honteux, monsieur ! dis-je en me levant brusquement.

Il s'arrête d'écrire sur le tableau et se retourne vers moi avec surprise. Je fais abstraction du monde qui m'entoure et avance d'un pas assurée dans sa direction. Je m'arrête lorsque je suis face à lui et plante mon regard dans le sien.

Ses yeux sont magnifiques, pensé-je.

-Ce n'est pas professionnel de votre part d'agir comme ça, sachez le. Et puis Esteban a raison d'intervenir puisqu'il a vu juste. J'ai vraiment besoin d'aller à l'infirmerie.

Il s'apprête à répondre, mais je souris fièrement ce qui le déstabilise. J'en profite alors pour dire à haute voix :

-Ce dicton explique qu'une photo est censée représenter un moment présent et pas quelque chose que l'on fait par obligation pour être plus présentable. Il faut représenter ce que l'on vit et ses sentiments au moment de la prise. J'ai vu juste ?

Il me regarde totalement troublé puis il réussit à dire maladroitement.

-Tu peux aller à l'infirmerie, mais ton comportement est aussi décevant que le mien.

-On récolte ce que l'on sème, monsieur. Et puis, je déteste que l'on s'en prenne à une personne à laquelle je tiens.

Je sors de la salle sans hésiter et le professeur ne m'arrête pas cette fois-ci pour me retenir. Celui-ci est resté sans voix et il semblait perdu lorsque je suis sorti de la salle.

Quelque part, ça me fait mal de le voir comme ça.

Pourquoi ? Ça, j'en sais rien.