23. Un appel au bureau

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La journée est enfin terminée, pensé-je.

Je salue Emy et Esteban avec le sourire avant de courir en direction du parking. Après cet incident de morsure et cette journée épuisante, je ne souhaite qu'une chose : le serrer dans mes bras.

En ce moment, je n'arrête pas d'être nerveuse pour diverses raisons et j'ai besoin de sa présence pour en parler à cœur ouvert. Le danger qui rode, le comportement étrange de Tristan et les examens qui arrivent me perturbe. J'ajouterai même que je suis inquiète pour Esteban. Je vois bien que son comportement en ce moment à quelque peu changer. Comme sa main qui tremblait, sa façon de me surveiller ou encore sa forte envie de sang. Il a peur de quelque chose mais quoi ?

"Si je peux t'aider, laisse-moi faire."

Je revois Esteban face à moi presque suppliant du regard puis je le vois par la suite m'attraper ma main pour lécher le sang restant. Je sens à nouveau mon cœur s'emballer en me remémorant son regard si intense posé sur moi et je serre mon collier fort contre moi pour me ramener à la réalité.

C'est n'importe quoi, je ne vois pas pourquoi je réfléchis pour si peu à ça. Il ne s'est rien passé d'étrange entre nous. C'était purement amical et il voulait juste me rendre service, c'est tout.

Soudain un bruit de microphone me coupe dans mes pensées et je m'arrête en chemin pour l'écouter.

-Monsieur Peterson et Mademoiselle Quinn sont demandés au bureau de la proviseure.

Je fais demi-tour en pensant avoir rêvé puis je soupire avant de me diriger vers le bureau de la directrice.

Je m'embête pour rien, j'ai juste dû oublier des papiers. Ou alors ça concerne les cours. Je n'ai pas à stresser pour si peu comme ça.

Je sens mon coeur s'emballer malgré mes pensées encourageantes et je toque à la porte une fois arrivée. Une voix me répond pour me demander d'entrer et je rentre dans la pièce.

-Bonsoir, excusez-moi du retard.

-Ce n'est rien mademoiselle Quinn, installez-vous, dit-elle me montrant le siège vide en face d'elle.

Je m'installe sur le siège en lançant un regard à côté de moi. Je vois alors Mark tête baissée en train de jouer avec ses mains d'un air angoissé. Troublée, je ravale péniblement ma salive et me concentre sur la directrice pour faire taire ce trouble. Dire que je ne l'ai jamais vu comme ça, c'est perturbant.

-Je ne vais pas passer par quatre chemins Luna, nous ne sommes pas ici pour parler de cours.

-Je ne comprends pas trop, dis-je hésitante. Pourquoi m'avoir appelée à cette heure si tardive ? Ça ne pouvait pas attendre demain ? Et pourquoi avec Monsieur Peterson ?

La directrice pose ses coudes sur son bureau, s'avance vers moi avec ses mains jointes et pose son regard sérieux sur moi.

-Vous êtes avec quelqu'un Luna ?

Ma main se serre d'elle-même sur mon siège et des frissons me parcourent de la tête au pied. Elle sait, me chuchote ma voix intérieure. Je concentre mon regard sur la directrice pour essayer de paraître la plus convaincante possible.

-Oui, c'est le cas. Mais ça ne répond pas à ma question sur la raison de ma venue ici.

Je la vois sourire faiblement puis elle se lève pour se mettre dos à nous et admirer l'extérieur par la fenêtre.

-Vous êtes avec qui ? continue-t-elle.

Troublée, je reste silencieuse un instant puis je me reprends et me lève d'un coup ce qui fait tomber ma chaise par terre.

-C'est quoi cet interrogatoire ?! Vous vous prenez pour la police ou quoi ?! Il s'agit de ma vie privée et en aucun cas, elle ne vous concerne ! explosé-je.

-Il s'agit de mon établissement mademoiselle ! Et en aucun cas je ne peux accepter la présence d'une relation entre un professeur et une élève ! Notre réputation pourrait en pâtir je vous signale, dit-elle en tapant d'un coup sur son bureau.

Je sens mes mains trembler tandis qu'elle cherche quelque chose dans son tiroir puis elle nous le montre sur le bureau.

-J'ai trouvé ça ce matin et croyez-moi, ça me dégoûte !

Je découvre sur le bureau plusieurs photos nous montrant Mark et moi ensemble dans le parking main de la main et par la suite en train de nous embrasser. Je sens la chaleur montée en moi et je serre mon poing pour tenter de garder mon calme. Je lève mon regard, furieuse, vers la directrice et je peux voir la pitié qu'elle reflète à travers ses yeux. Mark sent que je commence à me laisser porter par mes émotions et pose sa main sur mon bras.

-Ça ne sert à rien, murmure-t-il.

Je lui lance un regard puis je me focalise sur la directrice qui ne dit plus rien.

-En quoi ça vous dégoûte sérieusement ? Qu'est-ce qui vous dérange ? Deux êtres qui s'aiment, ça vous pose problème ?! m'énervé-je.

Elle s'apprête à me répondre, mais je la coupe dans son élan, frustrée par le regard qu'elle m'a envoyé tout à l'heure.

-L'âge ? Le métier qu'il fait ? Notre relation ? Merde, je ne suis plus une enfant !!!

-J'en conviens mais...

-Huit ans ! Huit ans ce n'est rien alors arrêtez de nous regarder avec des yeux pleins de pitié ! L'âge ce n'est pas ce qui compte le plus dans une relation ! Et puis, on ne le voit même plus avec le temps alors il faut arrêter avec ce genre de barrière !

Des larmes coulent sur mes joues sans le vouloir et je peux sentir le regard inquiet de Mark posé sur moi.

Pourquoi il faut toujours qu'il y ait un obstacle ou un problème ?

La directrice soupire et se rassois sur son siège.

-Je comprends ta façon de penser. Mon mari et moi avons dix ans d'écarts et cela a été très dur lorsque j'étais jeune à assumer. Cependant, ta situation n'est pas similaire à la mienne et c'est pour ça que vous êtes ici. Votre relation perçue par les autres peut nuire à la réputation de l'établissement et vous aussi. Par exemple, monsieur Peterson pourrait être accusé d'agression sexuelle.

Mark ne répond pas mais il paraît perturbé par la nouvelle.

-C'est n'importe quoi ! Jamais je...

-Luna, ça suffit ! crie t-il.

Je m'arrête perturbée de l'avoir entendu crier après moi puis je vois bien que pour lui j'ai dépassé les bornes.

-Assieds-toi s'il te plaît, dit-il d'une voix cassante.

Je ramasse ma chaise sans rien dire et m'installe à côté de lui. Je l'entends soupirer lourdement et il pose toute son attention sur la directrice avec sérieux.

-En clair, vous voulez me virer ? C'est ça ?

Elle reste sans voix en ne s'attendant pas à un sérieux pareil et je sens mon cœur s'emballer de plus en plus. Non...

-Oui.

-Non, vous ne pouvez pas ! me précipité-je. Si quelqu'un doit partir, il faut que ça soit moi ! Il fait un superbe travail, il ne mérite pas d'être virer !

Mark secoue sa tête puis il se tourne vers moi.

-Non, ça doit être moi. Même si je travaille bien selon toi, tu dois terminer tes études pour obtenir ton diplôme et un travail comme n'importe quel élève. Croit moi, c'est ce qu'il y a de mieux et c'est tout ce que je te souhaite. Je veux que tu réussisses dans ton domaine.

Les flammes du destin T2 - Les SouvenirsDonde viven las historias. Descúbrelo ahora