15. Dépassé

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Karma est dépassé par les évènements. Tout peut se voir à travers son visage habituellement calme qui est remplacé par une autre émotion. La peur.

Je me concentre sur la route pour essayer de penser à autre chose, mais les nombreux virages empruntés à une vitesse folle ne m'aident pas du tout. Je sens mon estomac se nouer et je me tiens de toutes mes forces sur la portière. Il va beaucoup trop vite !

Je regarde le compteur de vitesse et je remarque qu'il conduit à 150 au lieu de 80. Son regard fixé sur la route et ses mains resserré autour de son volant me donne la chair de poule.

Il faut que je dise quelque chose. N'importe quoi.

-Tu peux conduire moins vite s'il te plaît ? J'ai vraiment l'impression que je vais vomir mon repas de tout à l'heure, dis-je d'un ton ironique pour l'apaiser.

Il ne me répond pas et ne m'accorde aucune attention. Je sens mon cœur s'emballer à toute vitesse tandis qu'il roule encore plus vite.

-Karma, va moins vite ! crié-je.

Des phares s'approchent de nous tandis qu'il ne quitte pas la route des yeux. C'est alors que je remarque que nous sommes sur une route serrée et que Karma appuie sur l'accélérateur, prêt à lui foncer dedans. Je me jette sur le volant de la voiture pour tourner à droite de toutes mes forces et il freine d'un coup, à son tour, pour éviter de tomber dans le ravin. Je sens mon coeur louper quelque battements pendant un instant, puis tremblante de peur, je me concentre sur lui.

-Putain, mais ça va pas la tête ?! On aurait pu mourir si je n'avais pas réagi ! Karma ! crié-je.

La tête baissée et les mains tremblantes, il ne me répond pas. Je le saisis par les épaules et le secoue pour qu'il reprenne possession de lui.

Il ne va pas bien, ça se voit.

-Merde, Karma, ça va ? Karma ? dis-je paniquée.

-Excuse-moi, dit-il avec mal.

Je le lâche d'un coup, peinée, puis je reprends ma place pour lui laisser du temps et de l'espace. Il lâche le volant puis il retire ses lunettes pour enlever les larmes de son visage. Je ne dis rien et regarde ma fenêtre pour le laisser reprendre ses esprits.

Je peux comprendre qu'il soit paniqué à l'idée de perdre ses parents et qu'il souhaite les rejoindre au plus vite. Cependant, je refuse qu'il risque sa vie comme ça. J'ai vraiment eu peur pour nous, mais je n'aurai peut-être pas dû lui crier dessus. Il a besoin d'être soutenu pour le moment.

-Tu veux que je conduise ? demandé-je.

Il soupire et me regarde un instant avant de redémarrer la voiture.

-Non, je vais le faire. Merci, dit-il faiblement.

Il fait une marche arrière puis il reprend la route à une bonne allure. Ne sachant pas quoi faire, je tente de briser le silence pour le rassurer.

-Ne t'en fais pas, ils sont entre de bonnes mains.

Il ne me répond toujours pas alors je pose ma main sur la sienne comme signe d'encouragement. Il me regarde du coin de l'oeil comme pour me remercier, puis je me concentre sur le paysage qui défile autour de nous, en me sentant rougir. Après quelques minutes, nous arrivons devant l'hôpital et il se gare dans un parking à proximité. Je me détache, prête à sortir de la voiture quand soudain il dit :

-Luna, je suis désolée pour tout à l'heure et...

Il s'arrête de parler en voyant mon visage souriant et je pose délicatement ma main contre sa joue.

Je dois le rassurer et lui montrer que je peux aussi être présente pour lui comme il l'a été pour moi jusqu'à présent.

-C'est bon. J'ai réussi à t'arrêter et nous sommes en vie, c'est tout ce qui compte. Alors oublie ça, d'accord ?

J'enlève ma main toujours avec mon sourire qui se veut bienveillant, mais il tourne brusquement sa tête de l'autre côté.

-On y va ? dit-il faiblement.

-Euh oui, dis-je en le suivant.

C'est étonnant. J'ai cru reconnaître quelque chose chez lui, mais je n'ai même pas eu le temps d'analyser ses actions qu'il avait déjà tourné sa tête.

Je le suis, sans dire un mot, et je reste derrière lui pendant qu'il se dirige à l'accueil.

-Bonjour, pouvez-vous nous dire où se trouve la chambre de monsieur et madame Peterson ? J'ai entendu dire qu'ils ont eu un accident de voiture.

-Et vous êtes ? demande la femme de l'accueil.

-Euh...leur fils, dit-il avec hésitation.

Elle tapote sur son ordinateur puis elle pointe du doigt une direction à suivre.

-Ils sont dans la chambre 112, vous pouvez aller les voir. Ils sont hors de danger.

-Je vous remercie, dit-il avec soulagement.

-Et ne restez pas trop longtemps, ils ont besoin de sommeil.

-Pas de soucis, je ne serai pas long.

Il s'éloigne de l'accueil, prêt à rejoindre ses parents, sans me dire un mot et je le suis jusqu'à ce qu'on soit devant la fameuse chambre. Il s'arrête et se tourne vers moi en se mordant la lèvre.

-Karma ?

-Je pense que tu ferais mieux de m'attendre, lâche-t-il.

-Certainement pas ! Je suis là pour te soutenir comme tu l'as fait avec moi et je m'inquiète déjà assez comme...

Je m'arrête de parler lorsqu'il saisit ma main et qu'il m'attire vers lui pour l'accompagner. Je comprends très vite ce que ce geste signifie ; Il a confiance en moi.

Nous entrons dans la chambre et je ne dis plus rien en remarquant la présence de ses parents. Je n'ai plus rien à dire désormais. Un homme plutôt âgé se tient debout, auprès de sa femme installée dans son lit, puis celle-ci remarque notre arrivée.

-Tiens, t'es là toi ? dit-il durement.

L'homme à ses côtés observe Karma, d'un air lasse, et un frisson me parcoure. Il me fait froid dans le dos.

-Pourquoi tu es venu ? demande l'homme en croisant ses bras.

-J'étais inquiet pour vous, mais je vois que vous êtes toujours en bonne forme, prononce-t-il avec mal.

Inquiète, je me concentre sur Karma en le voyant aussi renfermé sur lui-même.

Ses parents sont loin d'être aussi gentil et calme que lui. Lui qui s'est tellement inquiété pour eux...

-Tu n'aurais pas dû ! Tu es parti sans rien dire lorsque ta soeur est morte et maintenant tu oses te monter devant nous, sous prétexte qu'on a eu un accident ?! Qu'est-ce qui ne va pas dans ta tête ?!

Mon corps frissonne à nouveau tandis que je serre mes poings de toutes mes forces. Elle lui parle si mal que c'est à demander s'il s'agit vraiment de sa mère.

Je prends une grande respiration pour tenter de calmer le sang qui bouille dans mes veines.

-On n'a pas besoin de toi alors tu peux partir ! crie son père avec force.

Je frappe violemment le mur à côté de moi, en ne supportant pas la situation et toute l'attention se porte désormais sur moi. Ses parents restent bouche bée en me voyant tandis que j'observe ma main rouge.

-C'est qui, elle ? demande son père en me pointant du doigt.

-Tu n'as pas à le savoir ! hurle Karma en se positionnant devant moi d'un geste protecteur.

-C'est ta petite amie ?! sort son père d'un air ahuri.

Je me mords la lèvre et lui jette un regard noir.

-Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Vous ne faites même pas attention à votre propre fils, c'est une honte ! Et après vous osez dire que vous êtes ses parents ?! dis-je d'une voix méconnaissable.

Les flammes du destin T2 - Les SouvenirsHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin