𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟑 | 𝐀𝐝𝐫𝐢𝐚𝐧

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Adrian - Samedi 09 octobre

Je m'observe une dernière fois avant de dévaler les escaliers. Hier, après notre discussion dans son appartement, je n'ai eu qu'un seul message de Maely. Un horaire précis auquel elle viendrait me chercher.

Je me demande bien comment elle a bien pu faire pour tout organiser aussi rapidement,mais le principal reste que je ne passe pas ma journée seul à ruminer sur ma soeur et mon ami:je sors la retrouver.

Je ne peux m'empêcher de me regarder à nouveau, dans le miroir du hall. Mes cernes bleutées, ma peau terne. On ne voit que ça. Du moins, moi je ne retiens que ça.

Sortir me fera du bien.

Maely aussi.

Ensemble.

Je claque la porte et bien évidemment, elle m'attend déjà. Devant sa voiture, Maely semble observer la devanture de ma baraque. Je me souviens alors de la première fois qu'elle est venue ici. Ce n'était pas autant habillé qu'aujourd'hui. Elle n'était pas aussi détendue en ma présence.

Je n'avais pas encore tout gâché. Les choses ont changé, depuis. Comme toujours. Rien ne reste.

Les cheveux attachés en queue de cheval haute, quelques mèches volent au gré du vent, la forçant à plisser les yeux pour mieux me voir. Elle les replace et me sourit quand elle m'aperçoit.

Le sourire que je lui renvoie n'a rien d'artificiel. Il est naturel.

─ Salut, alors prêt pour cette découverte culinaire ? commence-t-elle.

─ Ça dépend, tu crois qu'il va falloir goûter après ?

─ Tu ne penses vraiment qu'à manger ! Tu es au courant qu'avant, il faut préparer ?

Son air malin me fait rire.

─ Merci je le sais ça, je veux juste pas m'intoxiquer avec un de tes plats.

Maely croise les bras sur son tee-shirt blanc, son sourire disparu pour me toiser de la tête au pied comme si je n'étais qu'un vulgaire insecte.

─ Parce que tu crois que le tien sera meilleur, peut-être ?

─ Je suis quasi certain que oui.

J'ai comme l'impression que ce n'est plus le vent qui cause le mouvement de ses cheveux, mais bel et bien un air nouveau: celui d'un défi qui s'annonce.

Sans idée précise derrière la tête, je lui tends ma main. Même pas une seconde plus tard, elle la serre avec une lueur de détermination dans ses yeux.

─ Bien. Prépare-toi à perdre.

Sa main toujours dans la mienne, je ne la lâche pas.  Je n'en ai pas envie. Elle soutient notre duel de regard, un léger sourire sur ses lèvres.

Beaucoup de sérieux pour juste un plat à cuisiner, dis-donc ! Mais je crois que bien que ça ajoute un peu de piment à notre après-midi, si je peux me permettre ce jeu de mot.

Pendant un instant, on ne fait rien d'autre que de se regarder, sans rien dire. Elle, qui pourrait être effrayée par l'intensité de ce moment, ne flanche pas. Le bleu de ses prunelles ne m'a jamais paru aussi profond, aussi vivant, aussi unique.

Son regard glisse vers le coin de mon œil gauche. Je sais qu'un grain de beauté s'y trouve, et savoir qu'elle m'analyse avec autant de minutie pourrait me faire chavirer à commettre l'irréparable. Après tout, ses joues si rebondies semblent n'attendre que mes mains. La plaquer contre la portière de sa voiture pour l'embrasser à pleine bouche est ce qui me fait le plus envie en cet instant.

Pour me libérer (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant