𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟎 | 𝐀𝐝𝐫𝐢𝐚𝐧

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 Adrian - Jeudi 11 novembre

La musique à fond dans mon sanctuaire, je redresse la tête de l'armoire que je suis en train de nettoyer. Maely joue encore à la balle avec Joey dans le jardin.

Elle ne se doute de rien, mais elle m'aide beaucoup en ce moment. Depuis quelques semaines, sa simple présence me permet de ne pas sombrer dans les souvenirs de mon passé.

La date approche et avec elle, une terrible vague d'angoisse et de douleur. Mes parents me manquent depuis leur départ et à chaque anniversaire, à chaque Noël, mes souvenirs d'eux reviennent me hanter pour m'arracher des heures de sommeil.

Même si je n'ai pas beaucoup revu Ania depuis le dîner avec André et Thibault, on passe certaines de nos nuits à parler par message ou encore à s'appeler. Ma soeur en a autant besoin que moi. Même si elle est épaulée par son petit ami, Ania et moi partageons la même souffrance, les mêmes souvenirs.

Maely me fait penser à autre chose. Maely me fait rire. J'ai besoin d'elle.

La moto de mon père avance bien, je l'aurai bientôt terminée. Les trois semaines de réparation intensives vont bientôt payer.

─ Ça se passe bien ? me demande la jolie blonde.

Le souffle court de Maely et ses joues rouges me confirment que Joey l'a bien fait courir. Forcément, vu mon jardin, il s'éclate comme un fou.

─ Oui. Il ne me reste plus grand chose à faire.

Le sourire qu'elle me renvoie me gonfle de fierté, Maely me voit bosser dessus comme un malade tôt le matin jusqu'à tard le soir. Cela fait longtemps qu'on ne m'a pas regardé comme ça, et si au début cela me gênait pour une raison indescriptible, à présent, je raffole de ses yeux émerveillés.

─ C'est super, tu vas pouvoir la conduire après !

Comment lui dire que j'ignore encore si j'aurais le courage de monter dessus ? Oui, je sais conduire, j'ai mon permis moto, mais ça fait si longtemps que je n'en ai pas conduit que je ne me sens pas capable de reprendre. Depuis la mort de mon père, en fait.

─ Oui, je verrais bien.

Soit j'ai vraiment assuré mon mensonge, soit Maely ne se pose pas plus de questions que ça.

─ Dis-moi, commence-t-elle en avançant de quelques pas, comment tu as eu l'envie de travailler dans la mécanique ?

Chaque question qu'elle me pose me fait directement revenir au fait que je n'ai plus de parents. Je n'ose pas encore lui dire. Pourquoi ? J'en sais rien, voir une certaine pureté dans ses yeux ne me donne pas envie de lui avouer les choses que j'ai faites.

─ C'est mon père, il m'a appris à conduire une moto. Et le voir galérer à réparer notre voiture m'a donné envie d'aller cette voie.

C'est très étrange de devoir faire mettre ma phrase au présent comme s'il était toujours là.

─ Oh, j'imagine que les rôles se sont inversés maintenant ! Il regrde et tu répares.

Son rire s'envole à travers les aboiements de Joey. Mes larmes encore dans le coin de mon œil, je me retiens du mieux que je peux. Je profite qu'elle parle à son chien pour me retourner et prétexter prendre un outil pour essuyer d'un geste ses maudits traîtresses.

─ Mais qu'est-que tu fais ? Joey ! hurle-t-elle.

Ravi de ce changement de sujet, je me retourne. Je souffle un bon coup avant de poser ce que j'avais pris pour aller retrouver Maely.

Ce chien a réussi à ouvrir le tuyau d'arrosage. Je ne sais pas comment c'est possible, mais il se roule dans la boue qu'il a lui-même créé. Sacré chien ! Il est moins con que je ne le pensais, je dirai même qu'il m'impressionne.

Pour me libérer (Tome 1)Where stories live. Discover now