𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓 | 𝐌𝐚𝐞𝐥𝐲

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Maely - Mercredi 13 octobre

Je crois que je n'ai jamais réellement su trouver les bons mots. Il y en a tellement à dire, tellement de choses à avouer. Les bons mots existent-ils vraiment ?

Adrian ne m'a pas beaucoup aidé. Je l'ai laissé seul pendant à peine cinq minutes alors que je répondais à mon père et il m'a attendu directement à la sortie du restaurant.

Le visage fermé, l'esprit ailleurs. En le voyant si distant d'un coup, la boule à l'intérieur de mon ventre s'est réveillée. Elle m'a comprimé si fort que j'en ai eu les larmes aux yeux.

J'ai fait une erreur. Son sourire a disparu et je ne comprends pas pourquoi.

De retour dans sa voiture, je fixe la route, le dos bien droit, le cerveau réfléchissant à mille à l'heure. Il n'y a pas le moindre bruit dans l'habitacle, même pas une de ses musiques qui me serait totalement inconnue, rien.

Est-ce que je suis censée dire quelque chose ? M'expliquer ou m'excuser ? Je n'ose pas. En réalité, j'ai peur de ce qu'Adrian pense à ce moment précis.

Comme toujours, je suis perdue, et il n'y a que l'homme à côté de moi pour m'aider. La seule chose que je trouve à faire est de pivoter pour juste le regarder. Moi aussi, j'aimerais le comprendre d'un coup d'œil. Le comprendre pour enfin faire les choses bien.

Adrian a retiré son bonnet, ses cheveux bruns sont à l'image de ce qu'il doit se passer dans sa tête : désordonnés. Enfin, je présume, car il n'a toujours pas ouvert la bouche. On ne réagit pas de cette manière si ce n'est rien...

Qu'est-ce que j'ai fait...

La lumière des lampadaires rue se reflète sur lui, je n'arrive pas à distinguer son air, mais vu son silence, je ne préfère pas voir son visage.

─ On est arrivé, lance t-il d'une voix grave.

Je cligne des paupières pour sortir de mes pensées, et jette un regard derrière moi.

─ C'est chez toi, remarqué-je.

Adrian coupe le contact, se penche vers l'arrière de la voiture et ressort avec une boite blanche cartonnée entre les mains.

Je la fixe sans comprendre.

─ Tu crois vraiment qu'on se serait quittés sans prendre le dessert ?

Le dessert. Nous étions partis avant.

─ J'en sais rien, vu que tu ne me dis rien... murmuré-je à mes pieds

Je regrette aussitôt ma parole une fois prononcée. Ce reproche ne me ressemble pas. Enfin, je crois.

Qu'est-ce qui me ressemble à présent ? Je ne sais même plus qui je suis.

Adrian souffle et attrape sa veste de l'autre main.

─ Je préfère qu'on discute au calme plutôt qu'au milieu d'inconnus.

J'hoche la tête, pas réellement convaincue et attrape mon sac. Je le suis dehors sans trop poser de question. Bien, on doit discuter alors. Parfait.

Toujours le même silence dans le couloir. Adrian ouvre la porte et allume la lumière. Je retrace alors les mêmes pas que j'ai exécutés quelques mois plus tôt. Jamais je n'aurais cru revenir ici. Comparé à la dernière fois, j'ai amplement le temps d'observer le séjour d'Adrian.

Je n'ai pas souvent été ailleurs que chez moi. Soit mes parents me demandaient de rentrer directement à la maison après les cours, soit je n'étais jamais suffisamment à l'aise pour sortir.

Pour me libérer (Tome 1)Where stories live. Discover now