𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟏 | 𝐀𝐝𝐫𝐢𝐚𝐧

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Adrian - Mardi 16 novembre

La moto calée entre mes jambes, je n'ose pas encore la démarrer. Je reste simplement là, perdu dans mes pensées. Je ne suis pas étonné quand je constate que la nuit est presque tombée et, avec elle, une nouvelle journée à ne rien faire qui s'éteint.

Demain, je retournerai travailler.

C'est ce que je me dis depuis des jours. Depuis que l'anniversaire de papa approche, en fait. Comment je peux me concentrer sur les voitures des clients alors que la moto de mon père est là ? En train de croupir au fond de mon garage? Je me devais de m'occuper d'elle. Elle a besoin de moi. Mon père mérite ça.

Ma main s'égare sur les parois noires de cette magnifique Indian FTR 1200. Elle est douce et brillante. Est-ce que c'est normal de penser automatiquement à ma Maely avec ces mots ? Je n'en sais rien.

C'est difficile de la regarder dans les yeux, de la taquiner sur elle et ses manies quand je sais pertinemment qu'elle ne me connaît pas encore réellement. Elle mérite de tout savoir. Cette partie que je cache au fond de moi est si près de ressortir que j'ai l'impression qu'elle va tout ravager sur son passage. Un infime espoir m'assure que Maely, elle, restera présente.

Après tout, elle qui aime comprendre le monde pourra enfin me comprendre, moi. Il me tarde de savoir ce Maely pense de tout ça. Je suis curieux de voir si son regard changera sur moi.

Maely est si unique que je me demande si je mérite d'être à ses côtés. Elle n'a jamais eu de vraie relation sérieuse donc je suppose qu'elle n'a personne pour me comparer avec. Il est évident qu'elle est bien mieux que moi, tout le monde me le dirait. Je suis bien évidemment d'accord.

Mais ce détail-là ne me dérange pas vraiment car, quoi qu'il en soit, Maely est avec moi aujourd'hui. C'est à moi de me battre pour qu'elle y reste. C'est à moi de faire changer d'avis tous les autres. De lui prouver à elle surtout, que je la mérite, et ça, peut-importe pour combien de temps. Un seul moment à ses côtés est une douce brise fraîche dans ma vie infernale.

Caressant une dernière fois la carrosserie, je remonte la main pour tourner la clé. Ce geste que je n'ai pas fait depuis si longtemps me rappelle des souvenirs qui semblent provenir d'une ancienne vie.

Ma gorge se comprime quand je ne sens pas le ronronnement du moteur entre mes jambes. Rien hormis un horrible bruit.

Des nuits blanches et des journées entières pour finalement échouer.

─ Putain ! hurlé-je en frappant le guidon.

Où est-ce que j'ai pu me tromper ? Les larmes aux yeux, j'envoie mon pied dans ma boîte à outils. La douleur dans ma cheville n'est rien comparée à celle que je ressens depuis des jours. Je ne prends pas la peine de regarder la marque qui risque d'apparaître que je me retourne prêt à me remettre au boulot.

─ Besoin d'aide ?

Mon regard quitte le sol pour rencontrer le visage de mon ami Thibault.

─ Qu'est-ce que tu fais ici ?

Mon ton est plus sec que ce que je n'aurais voulu. Le manque de sommeil et cette fichue moto qui ne démarre pas font lâcher mes nerf.Je suis sur le point de m'effondrer ou bien d'exploser. Thibault ne mérite pas d'assister à soit l'un soit l'autre.

─ Le portail était ouvert. Vu comment Ania se sent, je me dis que tu avais besoin d'un ami, mais je ne savais pas que je ferais des heures sups.

─ Je ne t'ai rien demandé.

Pour couronner le tout dans cette tempête, l'ami auquel je tiens le plus ne me comprend plus. On s'est éloignés, et je ne sais même plus ce que son regard signifie. Seul un sentiment familier perturbé par un sourire gêné y reste.

Pour me libérer (Tome 1)Where stories live. Discover now