00. Mystérieuse marchandise

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PDV inconnu

Je sors de la voiture. C'est quoi cette merde ?! La cargaison devait arriver pour 22 heures, mais il n'y a aucun bateau sur le quai, ni à l'horizon. Les lampadaires éclairent très peu, c'est une lumière orangée qui donne l'air lugubre à tout le port.

J'avance vers l'attroupement d'hommes. Ils m'attendent, tous sont en train de s'amuser à se battre pour faire passer le temps. Je vais passer mes nerfs sur eux.

- Je peux savoir ce qu'il se passe ?! grogné-je de colère.

- Le bateau a du retard, prévient mon pote.

- Et vous comptiez m'informer quand ?!

- Calme-toi. Ce n'est pas un drame, c'est déjà arrivé.

- Rappelle-moi quand ?!

Il ne répond rien, il grimace. Je lui mettrais bien mon poing dans sa gueule pour défouler ma frustration. La dernière fois qu'un bateau était en retard, nous avons eu de gros ennuis. Quand il a débarqué sur le port, nous devions récupérer la marchandise venant du continent. Au lieu de ça, les flics sont descendus et je me suis retrouvée en taule pendant six mois. Je ne parle même pas de la quantité de marchandise que nous avons perdu.

Mon pote me fait signe pour qu'on s'écarte du groupe, ils n'ont pas besoin de tout entendre. Il sort deux clopes. C'est en fumant qu'il compte m'apaiser. Autant dire que ça ne fonctionne pas vraiment puisque je fume depuis toujours. J'allume la clope avec son briquet.

- Parle, ordonné-je.

Il reste silencieux et observe la mer, jusqu'à ce que je lui mette un coup dans le bras. Mon impatience le fait rire.

- Tu as pris de la prison à notre place, commence-t-il à dire. Si ce soir, tu ne veux pas rester, on ne t'en voudra pas.

- T'es malade ! Quoi qui se passe, je serais là !

- C'est bien pour ça que tu es le boss.

C'est vrai. Je n'ai aucune limite car je n'ai rien à risquer. Je n'ai rien, juste moi, et je n'ai pas peur de me perdre, ça fait longtemps que je suis perdu.

Je regarde à l'horizon. Le bateau arrive. Les gars se préparent tous à l'accueillir. On attend le pire. Ils sont armés jusqu'aux dents, ils peuvent tous vriller au moindre dérapage. Et je suis le plus instable.

Vingt minutes plus tard, le bateau débarque au port. Je retiens mon souffle quand les portes s'ouvrent. C'est un bateau qui fait Marseille-Ajaccio. La plupart des gens qui descendent sont des touristes qui viennent voir notre île dorée, la corse.

Mes hommes s'activent à faire sortir tout le monde, parmi ces voitures traînent notre cargaison. Il faut la sortir au plus vite, nous ne sommes jamais à l'abri d'un problème. Deux 4x4 sortent et s'arrêtent à la sortie sur le côté pour ne gêner personne. Les voitures continuent à sortir du bateau, il faut attendre qu'il n'y en ai plus pour pouvoir vérifier la cargaison des voitures.

Un de mes potes sort de la voiture, il a fait la traversée. Son visage est marqué par la fatigue. Quelque chose ne va pas, ça ne va pas me plaire. Je m'avance pour en savoir plus, je laisse les autres se charger de la descente des passagers et des voitures.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu as une sale tronche.

- On a un problème, déclare-t-il.

- Lequel ? Parle avant que je pète un câble.

- Un gars qui travaille sur le bateau a vu ce qu'on transportait juste avant qu'on arrive.

Très mauvaise nouvelle. Mon sang bouillonne immédiatement. On n'a pas le droit à l'erreur. L'erreur est une faiblesse.

- Où est-il ? grogné-je.

- Dans le coffre.

- Vivant ?

- Oui.

- Ok. Je m'en charge quand on a terminé, prononcé-je comme une sentence de mort.

Je ne suis pas souvent de bonne humeur, mais là, je ne risque pas de l'être. Je vais régler cette histoire et il n'y a pas de bonne fin possible.

Je m'assois sur le capot de la voiture, j'attends de longues minutes que tout le bateau se vide. Je suis patient mais je n'ai qu'une envie, c'est quitter le port. C'est un endroit à problème. J'allume une clope, il n'y a pas beaucoup de monde donc le bruit de mon zipper résonne. En une heure, il n'y a plus un chat sur le quai. Je vais bientôt pouvoir régler ce fameux problème.

Soudain, j'entends des claquements au sol, se sont des bruits de pas. Sûrement des claquettes. Je cherche dans l'obscurité d'où vient cette personne. Une fille descend du bateau. Mes yeux sont rivés sur elle, je ne la lâche pas. Elle s'arrête et jette un coup d'œil vers moi. Son visage est apaisant, elle semble un peu perdue. Elle porte une robe blanche qui tranche avec l'obscurité. Elle a un petit sac dans sa main et un livre. Mais d'où sort-elle ? Puis elle reprend sa route comme si je n'étais pas là. Elle disparaît dans l'obscurité comme si elle n'avait jamais été là, comme si je l'avais imaginé.

- Hé ! crie mon pote qui m'a déjà appelé trois fois sans avoir de réponse. Le dernier passager est sorti, tu peux t'en occuper !

- Pas besoin de crier, j'ai entendu !

- Apparemment pas...

Je ne réponds pas. Je me lève et pars ouvrir le coffre. Il est temps de régler le problème. Un homme est attaché et muselé dans le coffre. Son visage est couvert de sueur, il a peur. Il a raison.

Je le regarde droit dans les yeux, ne ressentant aucune peine pour lui. Ses larmes ne me pénètrent aucunement. Je sors mon arme à feu et lui tire une balle en pleine tête, son crâne explose, tâchant l'intérieur du coffre.

- Qu'est-ce qu'on fait du corps ? demande mon pote.

- Jette-le à l'eau.

J'aide à sortir le corps sans vie du coffre qui tombe au sol comme un poids lourd. Mon pote le traîne jusqu'à l'eau et le pousse pour qu'il tombe. On voit au sol une longue traînée de sang. Je retourne mon attention vers le coffre.

La marchandise est là, cellophané et sous vide. Belle et mortelle. Prête à être vendue et consommée.

LUCCIANI (sur Amazon)Where stories live. Discover now