LUCCIANI (sur Amazon)

05. Tueurs de jeunes filles

Je me retrouve nez à nez avec un homme. Pas n'importe lequel. Lisandre Lucciani. Il porte une chemise blanche. Il est plutôt beau, il pourrait carrément être le protagoniste d'un roman.

- Lisandre ?

- Donc tu connais mon prénom ? s'étonne-t-il.

- Ma cousine me l'a dit.

- Je ne veux pas que tu m'appelles par mon prénom. C'est Lucciani pour tout le monde.

Ouais, c'est clair. C'est le main character.

Pourquoi cela sonne-t-il comme un ordre ? Lisandre sort un zipper qu'il allume devant mes yeux. Il tire une latte de ce qui m'a l'air d'être un joint et souffle la fumée sur mon visage.

Il regarde mes yeux avec un air étrange. Je ne sais pas ce qu'il me veut. Et pourquoi sommes-nous seuls dans ces toilettes ? La lumière orangé s'éteint, puis se rallume à moitié. L'un des néons a claqué.

- Ta maman ne t'a jamais appris qu'il fallait surveiller son verre en boîte de nuit ? dit-il.

- Pour ça, il aurait fallu qu'elle s'intéresse à moi.

Il fronce les sourcils, il ne s'attendait pas à cette réponse. Ok, je note que l'alcool fait ressortir aussi des traumatismes d'enfance. J'ai soudainement envie de pleurer. Je passe d'une émotion à une autre.

- Elle ne t'a donc pas non plus enseigné que c'était dangereux de traîner seule dans une boîte de nuit. Surtout pour une fille.

- Non. Aurait-elle dû ? demandé-je.

Il souffle sa fumée. Lisandre me propose le joint mais je refuse. Je ne suis pas du genre à fumer, ni à boire en temps normal.

Je remarque seulement maintenant que nous sommes étroitement proches. Lisandre se permet de prendre mon verre et de se pencher à moitié sur moi pour vider le contenu dans l'évier. Je ne respire plus pendant qu'il prend tout son temps.

La fumée de son joint me monte à la tête. J'observe son visage plus en détail. Il est fin et pâle, ses yeux sont tristes et vides. Il est hypnotisant.

- Il y a des tueurs de jeune fille, murmure-t-il d'une voix cinglante et terrifiante.

- Je demanderai à ma mère de m'en parler quand elle répondra à son téléphone. Mais je n'y compte pas trop, elle ne me répond plus au téléphone depuis mes dix-huit ans.

Lisandre me regarde à nouveau bizarrement.

- Mais si tu veux, dis-je en fixant ses yeux noisettes, tu peux m'expliquer.

Ses yeux se glissent sur mes lèvres avant de revenir à mes yeux. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Il porte son joint à ses lèvres que je fixe à cause de la grosse dose d'alcool que j'ai dans le sang. Lucciani approche son visage du mien, resserrant l'espace qu'il y a entre nous.

- Elle aurait définitivement dû t'apprendre que c'était dangereux de flirter avec un gars dans les toilettes d'une boîte.

Ses mots me font frissonner. Il me laisse sans voix, mais lui, il n'en a pas terminé avec moi.

- D'après toi, c'est dangereux d'être dans des toilettes avec un presque inconnu ?

- Je... Je ne sais pas...

Il vient murmurer à mon oreille.

- Vas-y, je t'écoute. Donne-moi une réponse.

- Je... Est-ce que tu représentes un danger pour moi ?

Je l'entends rire avant de reculer.

- Tu ne me connais pas, prononce-t-il.

- Non, effectivement.