LUCCIANI (sur Amazon)

03. Devenir l'héroïne

Petite garce, voilà tout ce que je suis pour ma tante. Je ne comprends pas qu'elle puisse m'en vouloir à ce point. Si le groupe de garçon n'était pas arrivé, elle m'aurait frappé.

Je ne parle plus depuis que les nouveaux clients sont entrés. Je me suis assise sur une banquette au fond du restaurant, toute seule. Je bois un café latte.

Mes yeux sont plongés dans les lignes de mon livre.

Je suis absorbée par l'histoire, j'oublie le monde autour, ma peine et je me noie dans l'oubli. J'ai commencé un nouveau livre. Il parle d'une fille qui est accusée de meurtre, elle est recueilli par un mafieux et se fait kidnapper par un autre.

La fille a tellement de caractère. Dès fois, j'aimerai en avoir autant. J'aurais eu le courage de répondre à ma tante et de l'envoyer se faire foutre. Je n'ai pas mérité qu'on me hurle dessus. Mais encore une fois, je vais me taire.

Je souris à chaque fois que la protagoniste balance des insultes à son kidnappeur, dont il est cramé qu'elle va tomber sous son charme.

Je lis encore et encore, à en perdre la notion du temps. J'entends juste la porte d'entrée s'ouvrir et se fermer, mais je ne lève jamais la tête pour voir ce qu'il se passe.

- Liv !

Ma cousine est devant moi, je crois l'avoir entendu m'appeler deux fois avant que je me reconnecte à la réalité et que je la regarde. Elle agite ses bras.

- Tu sais, tu ne risques pas de te faire des amis en restant caché derrière ton livre.

- Et si je n'avais pas envie de me faire des amis ?

- Tout le monde veut des amis, dit-elle en levant les yeux au ciel.

Elle m'arrache mon livre des mains. Je m'énerve et essaye de lui prendre. Elle s'éloigne pour m'empêcher. Cela m'énerve vraiment.

Je me lève en râlant et lui reprend de force le livre. Je retourne m'asseoir en étant très agacée par l'attitude de ma cousine.

- Un syndrome de Stockholm ! s'exclame Bianca en parlant du livre. Tu ne crois quand même pas qu'il s'agit d'amour ?

- Laisse-moi tranquille.

- Tu es trop naïve, Liv. Si un jour, un gars s'intéresse à toi, il faudra que tu lâches ces foutu livres.

Qu'est-ce qu'elle a contre mes livres ? Je veux juste qu'elle retourne à ses occupations. Bianca doit s'ennuyer pour venir me torturer. Il a dû se disputer avec son copain du moment et elle cherche à évacuer sa colère.

- Quel genre de gars peut aimer une fille qui peut rester sur une chaise toute l'après-midi et qui ne sort jamais ?

Elle enfonce le couteau dans la plaie. Je ne sais pas ce qu'elle cherche mais c'est trop pour moi. Je prends mes affaires.

- Quoi ? s'exclame-t-elle. Je ne voulais pas te vexer. Liv... c'était pour rire.

J'enfile mon manteau sans lui répondre. J'aimerai la bousculer et lui lancer des piques, afin qu'elle se sente coupable.

Au lieu de ça, je passe à côté d'elle. Je m'arrête quand je me rends compte que quelqu'un me regarde depuis tout à l'heure.

Lisandre. L'homme qui m'a offert une fleur.

J'ai oublié ma fleur ! Je me retourne pour l'attraper car elle est posée près de ma tasse à café.

Quand je me retourne, nos regards se croisent encore. Il est seul, ces deux amis ont dû quitter le restaurant depuis un moment. Pourquoi est-il encore là ? Cela fait des heures que nous y sommes et il est juste assis. Il n'a pas de livre dans la main, ni de téléphone. Comment peut-il rester ici sans rien faire ?