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Sans nous concerter, nous plongeons derrière les tombes pour nous dissimuler. Enfin avec nos carrures de mastodontes, nos épaules dépassent. Mais si ce sont des humains, ils n'y verront rien. Au vacarme qui résonne dans la nuit, je penche pour un vieux scooter avec un pot percé. Le bolide freine et s'arrête devant le cimetière. Nous nous étions amusés avec ce type d'engin quand nous étions plus jeunes avec Adam. Nous faisions un boucan d'enfer et le deux roues a vite disparu afin que notre territoire redevienne paisible. Je pince la bouche, penser à mon loup m'attriste.Tous les sens aux aguets, nous analysons la situation et tentons de deviner ce que veulent ces deux gaillards, équipés d'une pelle. Je les sonde et mes ondes rencontrent celles de mes congénères. Je vois leur don dans des myriades de couleurs différentes. Mon pouvoir vert sombre scintille de mille émeraudes et recouvrent bientôt les puissances de mes semblables. Nous avons systématiquement constaté ce phénomène.Est-ce que je suis plus forte ? Je ne le sais pas. Je n'ai jamais vraiment testé, car j'ai toujours vécu en paix. De plus, ma botte secrète est de renvoyer les sorts, les manipulations, à son émetteur. Alors même si mon clan a voulu me taquiner petite, ils ont vite arrêté quand ils analysaient que leur amusement se retourner contre eux.Pour l'heure, j'enveloppe les deux visiteurs de ma magie. Cette dernière les tâte, les évalue. Ce sont bien des humains tout ce qu'il y a de plus normal, sans aucun don particulier.— On peut les manipuler pour les faire partir, propose Miguel.— Non, répond Léo, attendons de voir ce qu'ils envisagent de faire. Planquons nos équipements derrière le mur et survolons la scène.Je suis tout excitée à l'idée qu'il se passe déjà quelque chose. Clairement, ces humains ne présentent aucun danger pour nous. Léo a à peine fini sa phrase que voilà que je saute pardessus le mur. J'élève mon champ électromagnétique plus haut encore et ma combinaison tombe par terre avec fracas à cause de tout ce qui y est accroché. Un vacarme assourdissant fait relever la tête des humains, ils scrutent dans la direction du bruit, ne voyant rien, ils la baissent à nouveau.Mince, j'aurais peut-être dû m'accroupir comme le font les autres pour produire moins de tapage quand nos effets chutent. Leur grimace est éloquente, mais je les ignore. Je plane au-dessus de mes pairs encore sur leurs deux jambes et ces derniers me braquent toujours du regard.Pourquoi sont-ils si lents ? Je n'ai fait qu'obéir à notre Second.— Cache-toi Teruki ! On ne voit que toi ! Rugit Léo dans un murmure.Je hausserai bien les épaules, mais je ne le peux pas vraiment. Leur combinaison tombe enfin et les voilà à voleter à côté de moi. Évidemment, ils sont tous noirs, facile de se dissimuler pour eux. Léo me fonce dessus et me mordille le dos afin que je recule. Je couine en signe de protestation. Ce n'est pas ma faute si ma blancheur est éclatante de mon museau jusqu'au bout de mes ailes. Le moindre rayon de lune se reflète sur mon magnifique duvet.Je me rebelle et rue la tête la première sur le Second qui commence à dépasser les bornes et me taper sur le système.S'en suit une bataille au milieu des battements d'ailes et me voilà séparée de mon adversaire. Etsuko et Kanine se placent devant moi afin que nous stoppions net nos assauts et probablement pour que je sois moins visible aussi.La parade fonctionne et je reprends mon souffle, en fouettant plus paisiblement l'air.Heureusement que notre Sensei n'a pas observé ça, il nous aurait encore enguirlandés comme des garnements.Léo se tourne enfin vers les deux humains et se rapproche pour observer ce qu'ils font. Etsuko m'invite à la suivre. Kanine nous accompagne et nous contournons les types à revers. Si je suis dans leur dos, ils m'apercevront pas. Nous nous posons au sommet d'une des tombes en bois et mes deux gardes chauve-souris se pressent contre moi pour me camoufler avec leurs ailes. En face, je vois bien que notre Second me regarde de travers. Je décide de l'ignorer et de me concentrer sur nos gaillards.Est-ce que ce sont eux qui mangent les morts tout juste enterrés ?Car celui qui a une pelle exhume le cercueil sous un limon fraîchement remué. Ils chuchotent dans une langue que je ne comprends pas. Leurs vêtements usés montrent qu'ils ont l'habitude de bourlinguer. Ils sont mal rasés et clairement ne sentent pas très bon. Ils se relaient pour creuser, tout en fumant chacun à leur tour une cigarette roulée. Ces deux-là sont des familiers de ce genre de besogne morbide. Quand il n'y a plus de terre sur le cercueil en bois, un des deux sort un petit pied de biche de son manteau et commence à faire levier pour ouvrir le couvercle. Son acolyte semble le houspiller pour qu'il aille plus vite, tout en regardant partout autour de lui.Soudain, le type éloigne Léo en faisant de grands gestes avec la pelle pour le déloger de son nichoir. La chauve-souris s'envole et se pose à une distance de sécurité plus raisonnable. Notre Second avait tout de même eu le culot de se percher sur la tombe où ces humains creusaient. Et il me trouve inconsciente dans mes actes. C'est la poêle qui se moque du chaudron !Je tente de pousser des ailes pour avancer et mieux voir. Malheureusement, le barrage érigé par Etsuko et Kanine se durcit. J'attends avec une grande impatience de pouvoir observer ce qu'il va suivre.Quand enfin le couvercle du cercueil est relevé, nous découvrons un papy, un peu décharné. Clairement, il n'y a pas grand-chose à manger. Non, je ne suis pas insensible, mais cette personne est morte. Je n'ai pas le pouvoir de la ramener à la vie. Paix à son âme. Je tourne la tête dans tous les sens pour ne rien rater de ce qu'ils vont faire. Rien ne doit m'échapper.Ces voyous n'hésitent pas à prendre chacun un bras et relever la manche du vieux. Quand ils rapprochent le membre devant leur visage, je tends le cou, interdite. Je n'en crois pas mes yeux. Alors que j'imaginais qu'il allait mordre dans la chair, voilà qu'il tâte le bras. L'un récupère une montre, l'autre une gourmette très ancienne. Puis, ces pilleurs de tombe lâchent le corps sans aucune délicatesse et commencent à faire les poches de ce qui était probablement le plus beau costume du mort. Écoeurée par leur manque de respect. Je m'envole et piaille comme une furie. Je saute sur leur tête, tire leurs cheveux avec véhémence. Me voilà en train de jouer au démon pour faire fuir ces voleurs.Ces pauvres types battent des bras et crient, sans doute à l'appel de leur mère pour les secourir. Le diable ne les harcèlerait pas mieux que moi. Un coup de main m'envoie valdinguer. Je tourneboule et mes ailes reprennent du service avant que je ne m'écrase au sol. La colère me gagne et je repars à l'assaut. Ma tentation de me remettre sous ma forme humaine, en bête à crocs prête à tout saigner, est forte. Je sens leur hémoglobine palpiter dans leurs veines. Leur cœur qui s'emballe et la peur qui s'immisce dans chacune de leur cellule. Ces sandwichs sur pattes mériteraient bien de donner un peu de leurs personnes et je suis leur invitée.Ces deux-là sont coutumiers de leurs exactions et je ne doute pas qu'ils soient à leur premier coup. Ils sont des proies idéales pour un prédateur tel que moi. Je me pourlèche les babines, prête à reprendre la forme de vampire.Autour de moi l'agitation s'amplifie et toutes mes chauves-souris me rejoignent pour faire la fête à ces petits truands. Cet événement me déstabilise et je reste en chiroptère.Tout à coup, les voleurs s'enfuient vers la sortie. Je crois qu'ils ont leur compte et qu'ils n'iront pas plus loin pour cette nuit. Le vieux scooter crachote et les voilà s'échapper sain et sauf, avec une grosse peur dans le brouillard sombre.Forcément, une certaine animosité s'installe à mon encontre. Mais nous ne pouvions tout de même pas les laisser faire, même si bien sûr, ce mort n'avait plus besoin de ses effets. Mes chauves-souris repartent derrière le mur et je sens bien que je vais en prendre pour mon grade, que je n'ai pas.Léo, le premier est nu. Je suis ébahie, même sous ma forme volante. Pourtant ce n'est pas la première fois que je le vois sans aucun vêtement puisque je l'ai espionné à de nombreuses occasions dans sa garçonnière. Je tente de me ressaisir et de détourner le regard... en vain. C'est plus fort que moi, je ne peux que le contempler et ce ne sont pas ses yeux qui m'attirent. Ce vampire est splendide.— Teruki ! Exige-t-il.À regret, je reprends forme humaine.— Mais tu ne peux pas en faire qu'à ta tête, tu nous mets tous en danger ! Ajoute-t-il, hargneux.Soudain, le silence est pesant. J'observe autour de moi, ils sont déjà tous habillés. Oui, c'est bon, je me dépêche. Léo me regarde, les yeux écarquillés. Il a buggé.


L'extrait de Sangs Eternels Forever est terminé ! Merci de m'avoir lue

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Cette histoire comporte 53 chapitres et 1 épilogue. L'eBook est publié le 23 septembre 2022 ^^

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Sangs Eternels Forever - Tome 1: Le poids de l'héritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant