Chapitre 61

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Je ne décroche pas mon regard de ses yeux en attendant une réponse. Lui semble déconcerté que je semble être au courant de ce genre de détail. Quitte à ce qu'il soit ici, autant comprendre et lui poser des questions. Au bout de quelques infimes secondes, il prend la parole en hésitant sur ces premiers mots.

- à vrai dire… je ne sais pas vraiment. C'était très flou et je n'étais pas certain que ce soit réel, beaucoup de choses sont arrivées à ce moment. J'ai préféré me concentrer sur ce qui pouvait servir au bataillon d'exploration.

- ça se tient. Affirmai-je en lui tournant le dos pour préparer mes affaires.

- Loeiza, déclare-t-il en se levant pour poser sa main sur mon épaule gauche avant de poursuivre.
Je suis persuadé que quelque chose nous unit. Mon père ne t'aurait jamais choisi au hasard.

Je prends une grande inspiration avant de lui faire face en le regardant droit dans les yeux. Ne pas lui dévoiler la vérité n'a plus vraiment d'intérêt, il est bien trop tard pour déjouer ses convictions. Quant à moi, je peux encore être honnête. Je prends alors la parole pour énoncer une vérité qui était la face cachée de l'iceberg.

- j'ai toujours prétendu que ton père m'avait demandé de te protéger, mais ce n'est pas tout à fait vrai. J'ai surtout eu pour but de garder un œil sur tes émotions ou encore tes élans de liberté. Je suppose qu'il avait compris quels étaient tes plans. Cependant, quelqu'un comme toi ne peut pas être influencé. Je l'ai compris bien assez tôt que tu ne suis que tes propres convictions, et ce, jusqu'au bout.

- ce que je souhaite, c'est votre liberté à vous tous. Tu pourrais enfin te consacrer au caporal Li...

- je t'interdis de te servir de lui pour essayer de me mettre dans ta poche. Je ne compte pas t'aider.

- dans ce cas, je te demande de me laisser agir. Je ne force personne à faire quoi que ce soit, chacun doit être libre de ses choix.

Il ne fait que de parler de liberté, il n'a que ce mot à la bouche. Il ne reculera pas, je le sais. Il en parle depuis toujours : " je vais détruire ce monde tout entier ".
Le titan assaillant a pour quête la liberté, peut-être qu'il suffirait de trouver le moyen d'abandonner son titan, mais comment faire ? Est-il au moins possible de le faire sans qu'il ne meurt ?
Je suis sincèrement fatiguée de cette situation.

- et si finalement, tu me dupes depuis le début à me faire croire que c'est ton père qui m'a fait cette demande. Ne serait-il pas finalement toi ? Demandais-je irritée.

- ne mélange pas tout.

- dans ce cas, explique-moi en quoi je suis spéciale ? Je ne suis pourtant qu'une simple figurante dans cette histoire.

- sais-tu que derrière chaque grandes réalisation, il y a toujours quelqu'un qui a agi dans l'ombre ? Je pense que tu fais partie de ces personnes qui ont été sous-estimées toute leur vie, les autres font exprès de te préserver dans l'ombre pour éviter que tu ne brilles. Tu l'as d'ailleurs fait toi-même en te masquant derrière un personnage. Tu n'as fait que te cacher et d'ailleurs, tu le fais encore aujourd'hui. Au final, je sais que dans le fond ce que tu espérais, c'est que quelqu'un court après toi, que l'on te cherche. Tu as passé ta vie à le faire, mais personne ne t'a rendu l'appareil. Tout d'abord avec ton frère, le caporal puis ensuite moi.

Comment peut-il le savoir ? Pourquoi est-ce qu'il a fallu que ce soit lui qui me trouve en premier ?

- toi comme moi, rien ne pourra déjouer nos plans. Affirme-t-il sûr de lui.

- la différence entre nous deux, c'est ta force de persuasion.

- tu as raison, et je compte m'en servir. Affirme-t-il avec un regard perçant.

- tu deviens effrayant, comme toutes ces personnes que tu haïs.

Il fronce les sourcils face à mes propos. Il n'est pas vraiment en colère, il est surtout confiant. Eren est prêt à devenir ce genre de personne pour sa quête de liberté. De mon côté, je reste neutre dans mes expressions. Je le sais, ce n'était pas très fin de ma part de lui lancer ça en pleine figure tandis que je l'ai toujours soutenu et défendu. Cependant, j'ai du mal à m'accommoder à cet Eren que je ne connaissais pas. L'Eren que j'ai devant moi n'est pas celui que tout le monde s'était fait une idée dans sa tête. Ce que j'espérais, c'était que l'amour puisse l'assagir comme cela a fonctionné pour moi. Mais Eren n'est pas prêt de se soumettre à ses sentiments, je me demande même s'il en sera un jour capable.

- qu'importe mon image ou encore les actes que je m'apprête à faire. Je me fiche de ce genre de détails. Il faut que quelqu'un le fasse et je suis le mieux placé pour le faire.

- je le sais, et même si j'en ai l'air, je ne juge pas ce que tu fais. Je ne pense pas que j'aurai mieux fait, je n'en aurais probablement pas eu le courage. Je ne souhaite simplement pas faire partie de tes plans. Tout ce que je peux faire pour toi, c'est te laisser ce logement pour planque. Tu en fais ce que tu veux, ça ne me concerne plus.

- que vas-tu devenir ? Demande-t-il sérieusement.

- pour le moment, je compte rester discrète. Pour ce qui est de la suite, je verrais à ce moment-là.

Je finis de faire mes affaires sous l'œil attentionné d'Eren. Heureusement que je n'avais pas particulièrement d'attache émotionnelle à cette maison…
Je me tourne vers lui, un sac à la main avant de prendre la parole.

- j'aurais aimé que les choses se passent différemment. Déclarais-je en posant ma main sur son épaule avant d'ajouter.
Adieu Eren...

Je laisse ma main glisser de son épaule, et emboîte le pas pour me diriger vers la sortie. Une fois fait, je vais à la grange où je loge mon cheval. C'est le seul être cher que j'ai pu emmener dans mon périple. Notre lien n'a fait qu'accroître, je n'ai plus que lui. Je le panse avant de le seller. J'essaie de faire en sorte d'être la plus douce qui soit pour l'apaiser. Ensuite, je prends le temps de le brider correctement.
Une fois les préparations terminées, je caresse sa robe grise et lui explique que l'on s'en va. Je guide mon cheval en marchant devant lui. J'ai peut-être l'air étrange d'être avec mon cheval en pleine rue, mais qu'importe, je ne compte pas l'abandonner.
Je ne souhaite pas utiliser l'argent que j'ai gagné en tant que soldate pour acheter un nouveau logement. J'ai toujours pensé qu'il était mieux de l'utiliser pour de réels projets. Cependant, je me rends davantage compte que sans personne à mes côtés, je n'ai aucun projet.

Quelques jours plus tard, j'ai réussi à trouver un logement un peu plus excentré entre la ville et la campagne. Mais ce que je n'avais pas remarqué en vivant dans la rue, c'est que ma couverture risquait d'être percée à jour.

Pour Ma Survie Et Celle De L'humanité (TOME 2) Where stories live. Discover now