Chapitre 5

0 0 0
                                    

Dire que le retour à l'école était une partie de plaisir serait mentir. J'avais passé mon temps libre à ruminer mes pensées, me posant toujours mille et une questions.

Lorsque le groupe s'était rejoint en face de l'autocar, j'avais senti plusieurs paires d'yeux me fixer accompagnées par des chuchotements peu discrets. Le chef de catégorie était vite arrivé pour ordonner à tout le monde de monter dans le véhicule. Comme à mon habitude, je m'étais placée au milieu, juste devant la seconde porte, la tête collée contre la vitre à observer le paysage. Aucun des étudiants n'avait tenté de venir s'assoir à mes côtés et ce n'était pas plus mal. Je n'avais envie de parler à personne.

Lorsque j'avais aperçu l'établissement scolaire, une boule s'était à nouveau formée dans mon ventre. À force, ça en était devenu épuisant. Le stress qui m'accompagnait quotidiennement me détruisait de l'intérieur et je ne savais rien y faire. La seule chose qui pourrait m'aider serait de partir définitivement. Pourtant, je restai toujours bien en place, attendant que l'échafaud me guette.

J'étais sortie du car dans un état second. Entretemps, le ciel s'était couvert comme s'il compatissait à mon humeur morose. Tandis que le groupe s'était abrité de la pluie naissante, j'avais trainé les pieds retardant l'annonce d'affectation aux alumnats.

— Sand !

La voix de Monsieur Seymour avait raisonné dans la cour. À contrecœur, j'avais accéléré un peu le pas ne voulant pas m'énerver encore une fois avec lui.

Maintenant que je me retrouvai dans la classe, assise non loin de la sortie, je regrettai de ne pas m'être à nouveau rebellée. Peut-être m'aurait-il renvoyé chez moi ? Peut-être serai-je loin au lieu d'être assise sur cette maudite chaise métallique ?

Je gigotai, essayant de trouver une position confortable, mais la douleur lancinante dans mon dos me rappela où j'étais.

Je levai les yeux vers notre chef de catégorie qui réunissait les dossiers devant lui. Ça m'étonnait que cet homme à l'habitude si organisé ne s'en était pas déjà occupé. Je jetai un œil autour de moi et remarquai que de petits groupes s'étaient formés et discutés relativement fort. Par réflexe, je me mis à tapoter mes ongles sur le banc. Rapidement, un rythme agaçant raisonna dans la classe attirant toute l'attention sur moi.

Je souris intérieurement et poursuivis en faisant mine de ne pas voir les visages contrariés des autres étudiants. Plus vite ce sera terminé et plus vite je sortirai d'ici.

Monsieur Seymour me lança un regard de reproche avant de s'éclaircir la voix.

— Bien comme vous le savez, nous y sommes enfin. Je ne vais pas vous mentir, ce moment est celui qui m'émeut le plus...

Il ponctua ses propos par une voix légèrement tremblante, arrachant à l'assemblée un soupir compatissant. Je restai, quant à moi, stoïque. Il était hors de question que je prenne part à leur petit jeu.

— Avant de vous annoncer vos affectations, j'aimerais vous dire que ce fut un honneur pour moi de vous enseigner durant ces deux dernières années.

Monsieur Seymour jeta un regard bienveillant à l'assemblée et s'arrêta sur moi, comme s'il souhaitait me faire passer un message. Je l'ignorai royalement, continuant à tapoter sur mon bureau.

— Hum... alors nous allons débuter. Je ne veux pas vous faire attendre plus longtemps.

Chacune des proclamations était ponctuée par les cris de joie des concernés. Apparemment, ils semblaient heureux de leurs affectations.

Comme le chef de catégorie avait commencé l'annonce dans l'ordre alphabétique, j'avais un peu de temps avant que ça ne me tombe dessus. Surtout que j'étais la dernière sur sa liste.

La Plume mécanique - tome 1Where stories live. Discover now