20 - Les étoiles

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Je rassemble des affaires à emporter dans un sac à dos. J'ai passé une nuit horrible. Malgré la présence rassurante de Cassie, je m'étais réveillée sept ou huit fois à cause du même cauchemar qui revenait en boucle. Je me faisais abuser, encore et encore, et je ne pouvais rien y faire.

J'en venais à penser qu'il aurait été préférable que je reste dans l'état comateux dans lequel j'étais encore hier. Au moins, là, je ne rêvais pas.

Je ne sais pas ce qui m'attend pour cette journée mais Aaron, que je n'avais pas encore vu depuis mon réveil car il était parti, est enfin rentré ce matin et il est venu me demander de préparer quelques affaires pour tenir jusqu'à demain. J'ai donc rempli un petit sac de quelques vêtements et affaires de toilette, puis j'ai pris un livre.

Oui, un livre.

Ce n'est peut-être pas nécessaire pour partir en mission mais ça peut devenir pratique dans un moment où je m'ennuie.

Je suis réellement reconnaissante au patron de ne pas m'obliger à rester enfermée dans ma chambre et de me faire reprendre le boulot. Ruminer seule dans mon coin n'améliorait pas ma santé mentale et ne m'aidait pas à aller de l'avant. J'essaie de ne plus penser à tout ça, et de me changer les idées du mieux que je peux. C'est pour ça que cette mission est parfaite, peu importe ce en quoi elle consiste.

Il est déjà onze heure quand je dévale les escaliers avec mon sac sur le dos pour rejoindre la cour extérieure, dans laquelle attend la Mustang Shelby entièrement grise métallique de mon boss.

C'est plutôt étonnant comme choix pour partir en mission. En temps normal, on prend plutôt des motos ou des 4x4 pour transporter des armes et se la jouer moins tape-à-l'œil, mais je ne me pose pas plus de questions que ça et grimpe du côté passager.

Je ne sais pas ce qui me vaut l'honneur de partir avec lui pour la première fois, ni ce qui fait que je suis la seule. Mais je suppose qu'il sait très bien ce qu'il fait et qu'il a un plan bien en tête.

Aaron, assis derrière le volant, porte la même veste en cuir noire qu'il avait déjà quand je l'ai retrouvé blessé dans les escaliers. Je sais qu'il la porte désormais car elle cache ses cicatrices encore visibles, malgré les trente-cinq degrés qu'il y a dehors en plein journée, mais je le plains. Il doit mourir de chaud. Il porte également un jean noir, et sa fidèle chaine couleur or autour du cou qu'il ne quitte jamais.

Il démarre sans m'adresser un regard et je n'ose rien dire pendant les dix premières minutes de trajet. Comme la voiture est plongée dans le silence, et qu'il n'y a même pas de musique, je commence à bouger la jambe nerveusement.

Je n'aime pas cette ambiance.

Visiblement, ça finit par l'agacer car il rompt le silence.

- Tu peux arrêter de gesticuler comme ça ? Tu fais trembler toute la voiture.

Je lui lance un regard mauvais par-dessus mon épaule, mais il reste concentré sur la route.

- J'y peux rien, c'est nerveux.

- Bah arrête d'être nerveuse.

- Facile à dire, toi tu sais déjà tout ce qui nous attend de la journée. Moi, comme d'habitude, je n'ai rien le droit de savoir.

Il hausse un sourcil et se tourne légèrement vers moi pour me jeter un coup d'œil rapide.

- Tu ne m'as rien demandé.

- Bah si j'avais besoin de savoir quelque chose, tu me l'aurais dit de toi-même, non ?

Il ne répond pas et je prends ça pour un oui. Je soupire et pose le menton dans ma main pour regarder par la fenêtre.

Le Coup FatalWo Geschichten leben. Entdecke jetzt