44 - Le calme avant la tempête

52 10 0
                                    


Comme tout le monde, je suis restée isolée les deux derniers jours.

Je n'arrivais pas à y croire. Je ne pouvais croire qu'Ethan était mort.

Clara et Léo avaient beaucoup pleuré, et je m'étais rendue compte qu'ils devaient avoir un lien bien plus profond avec lui en tant que gardiens. Pour ma part, j'avais fait tout mon possible pour ne rien exprimer. J'avais attendu de me retrouver seule avec ma sœur pour fondre dans ses bras.

Je n'étais pas très attachée à Ethan, mais j'avais quand même passé les deux derniers mois à vivre avec lui, ce qui renforçait un peu les liens. Je me suis prise d'affection pour chacun d'entre eux et je n'ai pas envie de les perdre maintenant.

Gavin n'avait pas supporté cette idée et il avait passé tout son temps à chercher le corps du blond, qui était introuvable malgré qu'Aaron assurait l'avoir laissé là où il l'avait trouvé.

J'avais pu entendre les deux boss s'engueuler violemment depuis leur bungalow durant mes promenades nocturnes sur la plage. Je ne comprenais pas ce qu'ils se disaient, mais j'entendais tout le raffut qu'ils faisaient. J'avais même déjà hésité à intervenir une ou deux fois, par peur qu'ils ne soient en train de s'entretuer.

Le deuxième soir, c'est Jay qui m'en a dissuadé en me rejoignant dans le sable. Il s'est assis à côté de moi dans le silence et nous avons regardé les étoiles pendant un long moment, bercés par le bruit de l'eau.

Je ne pouvais m'empêcher de les compter, probablement par réflexe. Mais Aaron avait raison, c'était vraiment thérapeutique et je finissais toujours par me détendre un peu.

Un bruit de verre qui se brise contre un mur retentit dans la cabane de nos chefs et je plisse le nez.

Je crois qu'ils peuvent dire adieu à leur caution, eux.

- Tu sais, j'aime beaucoup ta sœur, me confie Jay.

Il est allongé dans le sable, les bras sous la tête, et fixe le ciel noir. Je le regarde de travers durant un instant avant de comprendre qu'il essaye simplement d'attirer mon attention ailleurs que sur le bordel causé par Aaron et Gavin.

Un petit sourire tendre se forme sur ses lèvres et je l'écoute sans l'interrompre.

- Je sais que c'est débile, on n'a pas le droit de s'attacher et tout ce genre de choses. Mais c'est pas quelque chose qu'on décide, pas vrai ? Ça nous tombe dessus comme ça, et quand on s'en rend compte, on a déjà perdu le contrôle.

Mon cœur s'accélère en l'écoutant prononcer ces mots.

Pourquoi est-ce que j'ai quelqu'un en tête ? Je ne devrais pas avoir quelqu'un en tête.

- Enfin bref, Cassie a déjà été très claire de toute façon, elle ne veut pas de sérieux.

Je ne peux pas le lui dire, mais ça ne m'étonne pas vraiment. Ma sœur avait insisté dès notre arrivée à Tucson sur le fait qu'il ne fallait s'attacher à personne, et que ces gens n'étaient pas nos amis. Juste des collègues, provenant d'un monde où la cruauté est une devise. Pourtant, ils faisaient tellement contraste avec tout ça quand on apprenait à les connaître.

Certaines fois, comme ce jour à la fête foraine, j'en venais à oublier ce que je faisais réellement avec eux.

J'oubliais que ma sœur et moi avions été droguées et emmenées de force dans cette maison à six heures de chez nous. J'oubliais le contrat que Chris m'avait fait signer. J'oubliais mes obligations avec Aaron ou ma rencontre turbulente avec Gavin. J'oubliais ces histoires de trafic d'armes et de drogue.

Le Coup FatalWhere stories live. Discover now