Janvier (1)

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Il est cinq heures du matin. Je suis encore assez en forme. J'ai fait attention à ne pas trop boire, parce que j'en ai un peu marre de finir les soirées avec la nausée et, le lendemain, de ne plus me souvenir de tout ce qui s'est passé. Nous sommes dans l'appartement d'Irénée. Je suis complètement déstabilisé, je ne sais pas comment me comporter.

– Je, enfin, je peux dormir sur le canapé.

– Bien sûr, si c'est ce que tu veux, Mathieu.

Mince, ce n'est pas du tout ce dont j'ai envie mais je ne comprends pas ce qui m'arrive, soudain je deviens timide.

– Tu seras plus confortable dans le lit quand même.

– D'accord !

Waouh, il doit vraiment me prendre pour... je ne sais pas pour quoi. La donne a complètement changé. Je suis à l'aise quand nous sommes tous les deux à la salle de sport. Je ne me pose pas de questions quand je lui donne des cours. Là, c'est complètement différent.

– Donc, tu vas garder ton boxer et ton tee-shirt.

– Oui.

Lui gardera juste son boxer.

– D'après ce que tu me racontes, t'es moins timide quand il s'agit de dormir avec Sébastien.

C'est vrai qu'avec lui, ça ne me dérange pas d'être nu dans le même lit.

– C'est que...

– Avec Seb tu pars du principe qu'il n'y a aucun risque. Il ne va pas chercher à vouloir plus et toi non plus. Vous dormez entre amis, tout simplement, la dimension sexuelle n'existe pas.

Ce n'est pas tout à fait vrai. Ou plutôt, disons qu'avec Sébastien nous consommons le sexe avant, du moins le plaisir solitaire. Donc, quand on se retrouve dans le même lit, on est tous les deux totalement vidés et du coup, calmés.

– Là, tu as un peu peur que j'entreprenne des choses.

– Je ne sais pas si c'est de la peur.

– Tu en as envie.

– Oui.

– Mais il y a encore quelque chose qui te bloque.

– Oui.

– Je ne vais rien tenter, Mathieu. Ce sera à toi de donner le signal, quand tu seras prêt.

– D'accord.

– Bon, tu peux quand même te rapprocher.

Timidement, je me rapproche de lui. Je ne suis qu'à quelques millimètres de son corps, puisque je peux sentir la chaleur de sa peau. Pour l'instant, cela me suffit. Je ne sais pas vraiment pourquoi je n'ose pas franchir le pas. Toutes les conditions sont pourtant réunies. Il y a effectivement un blocage, une barrière que je n'arrive pas à franchir.

– Bonne nuit, Mathieu.

– Bonne nuit, Rénou.


Le réveil est agréable. Je me sens bien, confortable. Les yeux encore fermés, j'ai l'impression d'être dans mon lit. Pourtant, il y a quelque chose de différent. Mon oreiller bouge. Je laisse glisser ma main et soudain je réalise ! Sa peau sous mes doigts, ses poils si doux, son frémissement lorsque je frôle l'un de ses tétons. J'ouvre les yeux. Je suis allongé contre le torse d'Irénée. C'est le plus beau réveil de ma vie. J'ai envie que cet instant dure pour toujours. Je ne me suis jamais senti aussi bien. Je me laisse bercer par le rythme de sa respiration. Son torse monte lentement, puis redescend doucement. Je suis heureux !

MathieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant