Juin (2)

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Cette nuit, je n'ai presque pas dormi. C'est donc dans un état lamentable que je me traîne jusqu'à la table du petit déjeuner. Mes parents sont en mode Bisounours, ils agissent comme si j'étais une star sur le point de monter sur scène. Je crois qu'ils sont même plus stressés que moi. Enfin je ne sais pas, le bac est vraiment une épreuve pour les nerfs. L'ambiance du lycée a aussi totalement changé. Déjà, dans la cour il n'y a plus que les élèves de terminale. Surtout, il y a un lourd silence qui pèse, tout le monde est concentré, nerveux. Comme autant de zombies, chacun se dirige vers le tableau d'affichage pour connaître sa salle d'examen. Je ne serai avec aucun de mes potes, ce n'est pas si grave. Je m'installe au bureau qui m'a été assigné. Les deux surveillants contrôlent nos identités. Puis l'épreuve de philosophie commence. Je découvre les sujets.

C'est l'horreur. Soudain j'ai l'impression d'avoir la tête vide, de ne plus rien savoir. Aucun des sujets ne me passionne vraiment, pourtant il faut se décider. Je choisis la question. Au moins je vais pouvoir broder pour atteindre, en quatre heures, un nombre de pages raisonnable, qui fera croire que je maîtrise la chose. Alors que pas du tout. J'écris, mais parfois je ne comprends pas moi-même ce que je suis en train de développer sur cette feuille de papier. C'est sans doute le signe que je vais réussir, puisqu'en philosophie, moins c'est compréhensible, plus c'est apprécié par les professeurs de cette discipline. Quatre heures, ça semble long, mais en fait je dois accélérer pour finir la relecture de ma copie dans les temps.


Ensuite, on se retrouve avec les autres. Chacun essaie de parler de ce qu'il a pondu, mais personne ne peut vraiment savoir si on a réussi cette épreuve ou non, c'est la plus aléatoire.

– On fait quoi jusqu'à lundi ?

Je ne sais pas pourquoi autant de temps s'écoule entre l'épreuve de philosophie et les autres matières.

– On révise.

Oui, nous allons être très sérieux. Enfin, comme beaucoup nous allons dans le parc pour réviser. Ce n'est pas vraiment l'endroit idéal pour une concentration maximale. Nous sommes surtout là pour profiter du soleil, mais disons que nous sommes rapidement distraits. Alors on s'invente des excuses pour arrêter de bosser.

– Il faut se défouler.

– Une partie de basket ?

Et voilà que nous nous rendons sur le terrain qui est dans un coin du parc. Nous ne sommes pas les seuls à avoir cette idée. Rapidement nous pouvons constituer deux équipes et jouer un vrai match, entre lycéens, qui va nous prendre plus de deux heures.

– Ça fait du bien.

Nous devons retrouver nos révisions mais nous sommes en train de transpirer comme des porcs.

– Il faut se reposer un peu.

Encore une excuse pour ne rien faire. Torse nu, nous nous allongeons au soleil, pour reprendre des forces. En réalité, nous ne faisons que semblant de réviser, pour nous donner bonne conscience. Mais nous n'avons pas du tout envie de bosser. Et puis, cela ne sert certainement à rien, ce n'est pas maintenant que nous allons apprendre des nouvelles choses.

– Tu passes chez moi ?

– Je n'ai pas le droit.

Je baisse les yeux, un peu honteux. Mes parents ne veulent pas que je sorte pendant la durée des épreuves du bac. Je ne pourrai donc pas passer un moment dans les bras d'Irénée, ce qui me ferait pourtant du bien.

– Bon, alors à demain.

Je vois qu'il est déçu aussi, mais ce n'est pas le moment d'entrer en conflit avec mes parents.

MathieuWhere stories live. Discover now