Chapitre 20

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New York. Quelle ville spectaculaire !

Les gratte-ciels, l'énergie et le melting-pot des cultures émerveillent les regards. J'ai encore plus de facilité maintenant à saisir la profondeur des paroles de tous ces musiciens célèbres qui chantent l'effervescence de cette ville, et à quel point, c'est celle de tous les possibles.

J'empile mes dossiers sur un coin de poste de travail en voyant qu'Isaac est en train de saluer son rendez-vous d'affaire.

— Merci, au plaisir de faire prochainement affaire avec vous, dit-il en raccompagnant son interlocuteur vers la sortie.

Les bureaux d'Iscade à New-York occupent les deux derniers étages d'un gratte-ciel situé au cœur du quartier d'affaire de Manhattan. Ici, Isaac et moi partageons le même espace de travail. Nos bureaux ne sont séparés que par une grande paroi vitrée, où est installée mon bureau et tout ce dont j'ai besoin.

Je saisis mon téléphone pour vérifier une fois de plus que John m'a envoyé un message confirmant l'arrivée de mon PC demain matin. C'est incroyable mais vrai ; j'ai bel et bien oublié mon ordinateur à San Diego, et nous sommes à New York pour deux mois ! Je pensais l'avoir glissé dans mon bagage, mais j'ai réalisé mon erreur en arrivant à bord de l'avion. Si je dois bien donner un point à John, c'est qu'il n'a cessé de me rappeler toute la journée de ne pas oublier mon ordinateur.

N'ayant pas reçu de nouvelles de John, je prends mon sac à main et quitte mon bureau. Isaac ajuste sa veste de costume avec élégance avant de me demander :

— Vous avez faim ? J'ai repéré un restaurant pas très populaire dans le quartier chinois, nous pourrions lui donner une chance ?

— Vous voulez découvrir la raison pour laquelle il n'est pas populaire ?

Il m'ouvre la porte du bureau et, posant une main discrète sur mon dos, m'invite à passer. Nous traversons le couloir où plusieurs employés de la société sont encore à leur poste.

— Donner le bénéfice du doute n'est pas une folie, mais un acte de sagesse. Tu devrais essayer.

— La dernière fois que j'ai donné le bénéfice du doute à quelqu'un, il m'a planté un couteau dans le dos.

Même s'il ne sait pas que je fais allusion à mon ex petit-ami, le regard dont il me parcoure me laisse croire qu'il a un petit soupçon.

— D'accord, je te laisse cette réserve, dit-il en appelant l'ascenseur. Mais je suis curieux de savoir quelle serait la pire chose qui puisse arriver dans ce restaurant si tu lui donnais le bénéfice du doute ?

— Facile : attraper une gastro demain matin.

— Hm, souffle-t-il, songeur. Pour ma part, ce serait de découvrir que le chef a un gros rhume. C'est subtil mais, crois-moi, c'est pire qu'avoir une gastro.

— Ce n'est pas pire...

— Avant de donner ton avis, imagine cette scène : le chef sort joyeusement de la cuisine pour recevoir les critiques et éternue soudainement. De la morve sort de ses narines et il l'essuie avec le revers de sa manche.

Je grimace sincèrement en disant « Beurk ! »

— Et à partir de là, tu ne te poses plus qu'une seule question : a-t-il éternué en cuisinant mon repas ?

— Arrête, c'est bon, tu as gagné. C'est le pire. À cause de toi, je ne pourrai plus jamais manger au restaurant sans y penser.

Je lance ensuite mon autre point de défense :

— C'est quand même un niveau extrême de saleté qu'un chef digne de ce nom n'atteindrait pas.

— Le bénéfice du doute existe pour cela.

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