Chapitre 24

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C'est à croire que cette ville est maudite et qu'elle ne me veut pas du bien.

Comme un tour de magie ratée, le rêve se décompose telle une trainée de poudre dès que nous remettons les pieds à San Diego. J'ai le sentiment qu'il me regarde toujours comme il avait l'habitude de le faire, mais ses gestes sont différents. Pour être totalement transparente, il évite mes gestes d'affections la plupart du temps en prétendant être occupé par son devoir professionnel. Cependant, il m'a promis une discussion sincère, discussion que j'attends encore.

Plongée dans mon travail, j'ouvre ma boite mail et lis le dernier mail de Phil, qui m'envoie une image de sa dernière exposition. Dès l'instant ou je lui réponds, nous échangeons quelques mails légers. C'est réconfortant au milieu de tout le désastre qu'est ma vie dernièrement.

Au bout de quelques heures, je quitte mon poste de travail un moment pour aller me prendre un verre d'eau dans l'antre. Mon ventre se serre dû à la surprise d'y trouver Isaac. Comme d'habitude, il me pose des questions sur les tâches que je suis supposée avoir remplies. Je réponds avec un ton professionnel, sans lui montrer mon ego blessé.

Pourtant, en me servant à boire, cela devient plus fort que moi alors je dis, sans le considérer une seule fois :

— Tu as le droit de regretter tout ce qu'il s'est passé à New-York, mais tu dois agir comme un homme et me dire les choses en face.

— Je ne regrette rien, répond-il d'un ton insensible qui assèche définitivement ma gorge.

— Je n'ai jamais vu quelqu'un ne rien regretter et se comporter comme tu le fais.

Je regarde dans sa direction et réalise qu'il a la mine froissée tandis qu'il sort de l'antre. Je ferme mes poings, subissant l'amertume qui me consume un peu plus.

— C'est... tu es juste...

Les mots courtois me manquent alors je secoue la tête pour retenir mes injures. Je refuse que ma déception libère une Ayan cruelle. De toute façon, j'aurai dû le voir venir. Ce n'est pas nouveau de le voir fuir après m'avoir fait sentie vivante.

— C'est mal de profiter des gens, soufflé-je.

Profiter ? s'énerve-t-il en traversant le bureau pour m'approcher. J'ai été clair dès le départ concernant ce qu'il se passait dans mon esprit !

— Peut-être mais je suis certaine que tu connaissais déjà l'issu de cette proximité dès notre premier baiser. Pourtant, tu n'as pas arrêté de me rattraper au vol à chaque fois que j'essayais de me sauver.

— Non, darde-t-il en pointant son doigt vers moi. Ne m'accuse pas de ça.

Son regard est froid.

— Si je t'ai retenu plusieurs fois c'est parce que je te désirais à cette époque. Et c'est encore le cas ! Mais je préfère prendre du recul maintenant avant que ma vie ne s'effondre.

— Avant que ta vie ne s'effondre ?! Et mon cœur que tu écrases et malaxes à ta guise, on en parle ? Tu me rends faible, naïve et blessée, et ça, tu t'en fiches complètement !

— Et tu fais de moi la version la plus idiote et insouciante que je n'ai jamais été ! crie-t-il.

Nous sommes à la hauteur l'un de l'autre bien plus vite, car j'ai moi aussi engagé des pas dans sa direction. Je croise mes bras sur ma poitrine pour me protéger de la méchanceté de ses mots.

— Qu'est-ce que tu veux dire par-là ?

— Je vais te montrer, tiens, lâche-t-il sèchement.

Il me surpasse comme un éclair et part dans mon bureau. Il revient quelques secondes plus tard avec le cadre photo posé sur mon secrétaire. C'est le cliché qu'a pris Miller à la fin de la soirée entre collègues. Entre ses dents, Isaac demande :

HeliumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant