Chapitre 8 - Étann

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Hi pups !
On se retrouve aujourd'hui pour un nouveau chapitre ! J'en profite pour fêter les vacances. On a passé la barre des 2k sur Fyctia. C'est génial ! Merci encore !
Je vous souhaite une bonne lecture !

🌙

Demain, c'est moi qui t'entraîne.

Je me passe de l'eau sur le visage sans savoir à quoi m'attendre. Tout mon corps est courbaturé et douloureux. Je suis nerveux.

Comment suis-je supposé réussir en une seule semaine ?

Aujourd'hui, je vais devoir faire face à James-Karl et le simple souvenir de son regard glacial me fait frissonner. Il a bien vu hier soir que je prenais la chose au sérieux. Je n'ai pas dormi plus de dix heures en trois jours. J'ai tenté de mettre toutes les chances de mon côté, mais ce n'est pas suffisant.

J'ouvre le pot du baume au camphre et Lucy entre dans la pièce.

— James-Karl t'attend.

Je lève les yeux sur elle et applique l'onguent sur ma nuque.

— Déjà ? Mais...

— Un conseil mon garçon, ne lui tourne pas le dos.

Ça me coupe la chique. Tout le monde a l'air de dire que l'Alpha est un combattant hors pair. Je suis tiraillé entre l'envie de le voir à l'œuvre et de rester à l'intérieur de la cabane de soin. En sécurité. Il a un tempérament de feu et je ne suis pas d'humeur à recevoir ses foudres aujourd'hui. C'est insensé.

Comment suis-je supposé m'en sortir ?

C'est tremblant d'anticipation que je quitte Lucy. La clairière n'est pas loin, mais j'y vais à reculons. Je ne tarde pas à identifier sa présence. Je respire par la bouche quand j'arrive à sa hauteur. Il est en train de s'entraîner au lancer de couteaux et pas un seul ne rate sa cible. Il se déplace en diagonale et j'observe avec attention la souplesse de ses mouvements. Quand il prend appui sur les arbres, il ne fait aucun bruit.

Moi, j'échoue encore à voguer entre les branches sans les prendre en pleine face.

Je me rends compte que je suis trop habillé. Il a beau être encore tôt, la chaleur va atteindre son pic très vite. Lui porte simplement un pantalon de toile. Son bras tatoué attire mon regard. Beaucoup de signes représentant la lune, le soleil et des animaux en forme tribale ornent sa peau.

Est-ce qu'il s'agit de ses exploits ?

Son aura est toujours aussi puissante, mais j'ai l'impression que je m'y habitue mieux. Tout comme j'arrive à discerner la présence des autres à travers l'Empreinte.

— Tu es en retard, déclare-t-il d'un ton sévère et je n'ai pas le temps de me justifier qu'il continue. Nous allons reprendre l'exercice que tu pratiquais hier soir. Tu n'apprendras pas de suite à manier les couteaux et la lance. Ce serait idiot. Nous nous préoccuperons de ça plus tard.

Je hoche la tête. Awu est allongé au pied d'un pin et nous observe, la langue pendante et baveuse. Je ressens son engouement à travers l'Empreinte.

— Comme te l'a dit Ilan, nous utilisons tout l'espace que nous met à disposition la forêt pour atteindre notre proie. Courir vite est important, mais nous sommes naturellement rapides, donc il s'agit d'être silencieux et observateur. Connaître notre territoire est important aussi.

Il attrape le carquois et le soulève en l'air avant d'annoncer :

— Nous n'aurons pas besoin de ça pour le moment. Tu vas faire le parcours des diagonales autour de ta cible en sautant et en courant.

Il s'élance, bondit sur une branche, fait une croix sur l'arbre de son couteau puis, s'élance pour atteindre l'arbre d'en face et le marque également. Il me montre le parcours à effectuer et je suis impressionné. On dirait une ombre qui se déplace. On entend et ne voit que les feuilles bouger. Il en devient presque invisible.

Il marque l'écorce de cinq arbres puis quand il retombe au sol en toute souplesse, je reste ébahi de voir à quel point il est athlétique et robuste. Moi, je suis mal nourri et j'ai l'air malade tout le temps.

— Tu vas apprendre à utiliser tes griffes. En tant que lycan, nous ne nous transformons pas, mais nos canines se développent quand nous mordons la chair et nos griffes sortent quand nous en avons besoin. L'as-tu remarqué ?

Il lève la main et ses griffes apparaissent d'une manière surnaturelle. Mes yeux s'arrondissent sous le choc. Elles se résorbent ensuite.

C'est lui qui décide de faire ça ?

— Je ne vais pas te mentir. Nos griffes sortent quand nous sommes louveteaux. Tout comme nos canines, elles percent la peau durant nos premières années de vie et c'est très douloureux. Seulement, nous ne nous en rappelons plus en grandissant. Étant donné que tu n'es pas un lycan comme les autres, tu as dû vivre un calvaire.

La peur de la douleur me traverse soudain et Awu jappe sur ma droite. James-Karl, à défaut de son loup, n'a pas compris ce qui m'arrivait. Mes dents ont bel et bien poussé durant mes premiers jours de transition... mais mes griffes, non.

— Je n'ai pas de griffes.

— Alors, nous allons nous en occuper dès maintenant.

Je retiens un hoquet de terreur et Awu se lève et trottine jusqu'à moi pour me mettre un coup de museau dans la cuisse en guise d'encouragement. Je plonge ma main dans sa fourrure noire. Le loup est gentil avec moi, il semble m'avoir accepté. Même s'il m'effrayait après m'avoir attaqué, je ressens désormais à travers l'Empreinte qu'il regrette.

Je sais, c'est très bizarre, un loup n'est pas supposé avoir des sentiments ou des remords, mais Awu, il... n'est pas un simple loup. Il n'est pas seulement animal, il est Lycan. Comme disait Ilan, il est une entité de la meute à part entière. Je sens son fil se connecter à moi et cette liaison me dit : Je tiens à toi. Tout pour la meute.

Quand je relève les yeux vers James-Karl, il a toujours ce regard ombragé de me voir à proximité de son loup. C'est ce qui me fait me dire que normalement, je ne devrais pas être aussi proche d'Awu. Mais le loup a été là pour moi ces derniers jours, m'empêchant de mordre la poussière et de tomber d'épuisement.

— Sors tes griffes, ordonne-t-il.

Je blêmis. Je n'ai aucune idée de comment faire.

— Je ne sais pas...

— Oh ! C'est très simple.

Je n'ai pas le temps de le voir se déplacer qu'il entoure mon cou de ses bras par derrière.  Il enserre ma gorge avec force et, de surprise, je relâche tout l'air qu'il me restait. J'attrape ses avant-bras et essaye de me dégager de sa prise sans succès. L'air se fait déjà rare.

Non !

J'échoue à remplir mes poumons. Je m'agite et donne des coups de pieds dans le sol.

— Sors tes griffes ou je t'étouffe.

Un couinement alarmé s'échappe de mon torse et sous la peur panique qui m'étreint, je le supplie :

— Je... Je...t'en prie...

Je me rends compte que la pression sur la peau de ma nuque risque d'effacer le camphre sur mes glandes olfactives. S'il découvre la supercherie, je serais mort dans la seconde.

Essaye, Étann.

Au moment où l'ordre arrive dans ma tête, c'est dans une douleur lancinante que les prémices de griffes font craqueler le bout de mes doigts. James-Karl me lâche soudain et les serres se résorbent. Je tombe à genoux et inspire une immense goulée d'air dans un bruit atroce.

Mes mains sont ensanglantées et les larmes baignent mes joues. Son odeur puissante s'insère dans mes poumons à plein régime et je faiblis davantage.

J'ai réussi. J'ai réussi.

D'OR ET DE JAIS - Tome 2 en 2024Where stories live. Discover now