Chapitre 11 - James-Karl

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— Quoi ?

Je fronce les sourcils. Awu me regarde de sa paillasse avec des yeux joueurs.

« Tu l'as appelé par son prénom. »

Je lève les yeux au ciel. Si Karl s'y met, je ne vais pas m'en sortir.

— C'est interdit, maintenant, d'appeler les gens par leur nom ?

« Non, non. »

Awu fait claquer sa mâchoire avec amusement. Je fais le bougon mais je suis rassuré de le voir comme ça. Il va devoir rester chez la guérisseuse encore quelques jours, mais il guérit vite.

Zaya et Yaël entrent dans la cabane et ce dernier me rejoint dès qu'il me remarque.

— Désolé, James-Karl. J'ai eu une journée harassante. Lucy ne se sentait pas bien et j'ai pris le plus gros du travail. J'ai du retard.
— Je vais bien. Je ne suis là que parce qu'Ilan va m'arracher les yeux si je ne passe pas.
— Et il a bien raison, assure Zaya en entrant à son tour. J'ai eu une journée horrible aussi. Je suis resté enfermé avec les aînés des heures durant. Il semblerait que le conseil soit prêt à lancer une escouade pour découvrir la raison de l'attaque de Yann et Automne. Et non, tu n'es pas convié James-Karl. Ils ont choisi Bomsu.

Je me renfrogne. Quand est-ce qu'ils comprendront que c'est à moi de faire ça ? Nous avons déjà perdu assez de membres de la meute comme ça.

— Arrête de t'énerver, dit Yaël en m'allongeant sur la paillasse. Je dois te recoudre.
— Inutile, le contredis-je, en le poussant d'un bras. Je me sens bien.
— Tu vas avoir de vilaines cicatrices si je ne le fais pas.
— Et bien, je n'aurais plus qu'à me faire un nouveau tatouage avec le dessin d'une bête ignoble.
— James ! s'agace Zaya.

« S'il te plaît. Écoute-là, James. »

Je soupire, en minorité. Puis je m'installe sagement.

— Merci, s'égaye Yaël.

Après une menue préparation, l'aiguille entre dans la chaire à vif et je serre le poing.

— Ils ont donc enfin retrouvé la raison. Je me demande combien de temps ils vont continuer à croire que nous sommes hors de portée. Ils ont connu la guerre, soit. Mais il y a bien pire qui nous attend dans le monde des humains. Que ferons-nous s'ils ont découvert notre existence ?
— Attendons de voir ce que la mission nous révèle avec le retour de Bomsu. C'est un combattant hors pair. Je suis sûre qu'il saura trouver des pistes.
— Il y a quelques semaines, je n'aurais jamais pensé que nous soyons en danger, mais depuis l'arrivée de cet humain... nous n'avons que des problèmes.
— Contrairement à ce que tu crois, je ne pense pas que le jeune lycan ait quoi que ce soit à voir avec tout ça. Je pense qu'il ne connaissait rien de nous et qu'il fait de son mieux pour s'intégrer malgré toutes ces choses... bizarres qui lui arrivent.
— Zaya. Sincèrement. Comment peux-tu croire ça ? Tu ne trouves pas qu'il s'est fait à sa co... aïe... à sa condition trop vite ? C'est très bizarre.
— Désolé, s'excuse Yaël.
— Moi, à sa place, j'aurais tout fait pour me carapater dès que la nuit tombe, conclus-je.
— Je le pense intelligent. Il est au courant de la situation avec les humains et il comprend très bien que nous ne pourrions pas le laisser vivre, s'il s'échappe. De plus, tu m'as dit qu'il n'était pas si ridicule que ça à la chasse.

Awu confirme avec un petit jappement. Celui-ci était très heureux de chasser avec Étann. Je dois bien reconnaître que la symbiose était là. Ce garçon a de l'instinct et je suis forcé d'avouer qu'il s'est bien débrouillé. Même si je déteste ça.

— Cela n'annule pas mes inquiétudes néanmoins, ajoute Zaya. Nous avons maintenant une bête horrible à trouver et à pourchasser avant que ce ne soit elle qui vienne de nouveau à nous. Celle-là, je m'en serais passée.
— Je ne sais pas l'expliquer, mais je reste convaincu que l'humain y est pour quelque chose. Je ne sais juste pas quoi. Je vais le garder à l'œil.
— Et toi ? Comment tu te sens ? Ilan m'a dit que tu t'étais figé en arrivant devant le lac.

D'OR ET DE JAIS - Tome 2 en 2024Where stories live. Discover now