3. Side of death

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« Mansion – NF »



Ivy Miller - Présent


À droite ! Non, à gauche !

- Il court, il court le furet...

Je bifurque à gauche dans cette forêt qui s'apparente à un véritable labyrinthe. La comptine résonne dans ma tête avec perversité. Mes jambes m'entraînent dans une fuite désespérée. Ma poitrine me brûle. Le son de sa voix s'efface peu à peu, une lueur d'espoir grandit en moi. Il s'éloigne.

À bout de force, je me blottis contre un arbre géant, ses racines noueuses et sinistres me camouflent. Mon corps tremblant, de jeune fille, se replie sur lui-même. J'enfouis ma tête dans le creux de mes genoux pour étouffer le bruit de ma respiration saccadée, dans ce silence oppressant.

- Le furet du bois, mesdames... Le soupir de ce chuchotement dans mon oreille glace mon sang. Instinctivement, je relève la tête d'un geste brusque, le cœur affolé. Mes yeux s'écarquillent, perdus dans le vide de la forêt sombre qui s'étend devant moi. Une immensité noire se referme sur moi, tandis que je cherche à percer son obscurité.

Je veux fuir, loin de ce murmure redoutable, mais une main s'abat violemment sur ma gorge et une autre passe un sac sur ma tête, bloquant ma vision. L'air manque, les froissements du plastique me coupent de toute sonorité extérieure, où seules ses paroles s'insinuent comme du venin dans mon esprit.

Cette comptine... Je la déteste. Elle est l'annonce de ce qui va suivre pour avoir échoué.

Je sais ce qui m'attend. Mais je refuse d'y penser..

Je me réveille en sursaut, le corps trempé de sueur. Ma respiration haletante m'oblige à porter une main à mon cœur.

Pourquoi refuses-tu de voir la suite, Ivy ?

Cette voix est perfide et moqueuse, gratte des souvenirs que je voulais morts.

Tu choisis toi-même de te remémorer les jeux atroces de ton père. Pourquoi veux-tu effacer les parties sombres de ton existence ? Tu sais que rien ne s'oublie tant que le pardon n'est pas accordé.

- Boucle là, tu veux ! je bafouille, essayant de calmer ma respiration saccadée.

J'aimerais tant foutre un scotch sur la bouche de cette maudite voix. De ces maudites pensées. Elles creusent en moi des fissures profondes.

Mes paupières fatiguées s'ouvrent dans cette pièce toujours aussi noire et aussi vide.

Comme cette forêt.

Un rouge bordeaux tâche les draps blancs, dessinant des arabesques irrégulières et macabres. Je les détaille longuement, les effleurant par moment pour y dessiner des formes invisibles. Je donne vie à ces souffrances figées. La plus vaste des tâches évoque un visage hurlant, un cri silencieux. Une bouche béante délivrant une douleur ou une haine, sans un son.

Y vois-tu ton reflet, Ivy ?

Les points sur ma jambe me lancent, tirant à chacun de mes mouvements. Personne n'est venue, hormis pour déposer un verre d'eau ou un repas... c'est-à-dire un morceau de pain dur qui s'effritent sous mes doigts.

Masked ManDonde viven las historias. Descúbrelo ahora