15. Burning cold

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TW : Parent abusif




« Famy – Ava »





Ivy Miller – Perdue dans ses atroces souvenirs

Mes genoux claquent sur le sol froid et humide. Les coups de fusil résonnent dans mes tympans. Je me bouche les oreilles mais le bruit sourd persiste.

- Tu vois ces humains Ivy. Ils n'ont rien à faire parmi nous. Ce sont des traîtres.

Des hommes et des femmes se trouvent devant moi sur ce bateau, bâillonnés et attachés. Je peux entendre leurs gémissements de peur à travers la corde disposée sur leurs bouches. Ils sont muselés alors que leur monde s'approche de la mort.

- C'est ta nouvelle leçon, ma chérie. Tu te rappelles la chanson « un petit navire » que ta maman adorait te chanter ? Demande mon père, je grince des dents en l'entendant évoquer ma mère. Un grand sourire qui me terrifie vient se dessiner sur ses lèvres.

Mon corps entier se met à trembler.
Pas de nouvelles leçons... Je vous en supplie. Quel enfant voit des personnes torturés devant lui ?

Toi, Ivy. Mais je suis là maintenant.

Ce monde est pourri.

Je finis par répondre un oui muet à mon père qui attend impatiemment ma réponse.

- Alors chante, tu t'arrêteras à la détonation de cette arme. Annonce mon père en sortant une arme noir de sa poche. Il commence à la pointer sur les victimes dont leur corps se crispent.

Pauvres humains faibles. N'éprouve pas de pitié pour ces traîtres.

J'efface cette maudite voix de ma tête, aussi malsaine que ce monde. Je ne veux pas devenir comme lui, je ne veux pas que ces gens meurent. Je ne veux pas devenir insensible comme lui.

Comment maman a pu aimer ce monde ? Comment a-t-elle fait pour accepter tout ça ?

La folie sûrement.

- Chante. Crie mon père en me faisant sursauter. Je garde les yeux ouverts et m'active à la tâche. Je sais de quoi il est capable, même sur les êtres qu'il est censé aimer.

- Matelot navigue sur les flots
Ohé, ohé Matelot
Matelot navigue sur les flots
Au bout de cinq à six semaines
Au bout de cinq à six semaines
Les vivres vin, vin, vinrent à manquer
Les vivres vin, vin, vinrent à manquer
Ohé, ohé...

Mon père fait défiler l'arme sur chaque visage au fur et à mesure de la chanson. Comme un plouf plouf. Il passe d'abord sur le vieillard chauve, puis l'homme le plus jeune aux cheveux bruns, à la jeune femme brune qui n'arrête pas de gémir, et enfin à un autre homme d'une trentaine d'année qui semble complètement éteint. La chaîne recommence encore et encore, chaque fois que l'arme passe sur un de ces prisonniers, leur regard se met à crier. Comme si leur cœur réalisait que ça serait peut-être son dernier battement.

- On tira à la courte paille
On tira à la courte paille
Pour savoir qui, qui, qui serait mangé
Pour savoir qui, qui, qui serait mangé
Ohé, ohé...

Masked ManOù les histoires vivent. Découvrez maintenant