Chapitre II

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PDV Linh

Que vais-je évoquer à présent ? Mes souvenirs s'entrechoquent comme des boules de verre, j'ai peur qu'ils ne se brisent. Pourtant, cette idée m'est apaisante. Me détacher de mon passé ou tout simplement oublier. Oublier l'instant où mes parents m'avaient expliqué que je ne pouvais plus vivre avec eux. Oublier ce sourire sur le visage de mon père. Oublier l'abandon.

Les œufs tombèrent, les uns après les autres de notre petit nid tandis que je m'accrochais désespérément aux derniers restes de branches pour ne pas sombrer dans l'eau glaciale.

Ils étaient tous décédés, sauf moi. J'errais, seul, sur une étendue bleue, sans parvenir à déployer mes ailes pour tenter, dans un dernier espoir, de m'envoler. Rien n'y faisait. L'avenir était devant moi, pas au dessus, je devais m'y faire. Il fallait que je m'y fasse. Pourquoi avais-je eu cette chance, de tenir aussi longtemps ?

Je ne savais que faire. Le nid commençait à pencher. À l'aide d'une de mes plumes, je le remis en place, tremblant de froid.

Pour quelle raison ai-je choisi un colibri lunaire pour ressentir mes émotions ?

"Parce que je me sentais perdue, tel un oiseau sans ailes à qui l'on demanderait de voler vers un futur qu'il ne pouvait imaginer..."

PDV Tam

Linh vient de résumer notre abandon. Je crois qu'elle associe notre histoire à celle des colibris lunaires, abandonnés par leurs parents à la naissance. Je m'accrochais désespérément aux derniers restes de branches... Ce peut-il qu'elle parle de moi ? Souvent, ma sœur me décrit comme son sauveur. Celui qui l'a aidée à tenir bon. Le nid commençait à pencher. À l'aide d'une de mes plumes, je le remis en place, tremblant de froid. Je me souviens, pris d'un accès de rage, je n'aurais jamais réussi à me contrôler sans Linh et sa douce voix apaisante. Elle m'avait remis en place. L'avenir était devant moi, pas au dessus Cette phrase me glace d'effroi. Ma sœur avait en effet songé à se laisser tomber "vers le ciel" comme elle disait. J'en avais déduit qu'elle souhaitait mourir. Trop de douleurs remontent. Linh, je t'en supplie, tiens bon !

SilencieuseWhere stories live. Discover now