Silencieuse

Chapitre V

PDV Linh

Je suis triste de vivre. Je tiens mollement la plume en suspens au dessus du vieux parchemin. Aujourd'hui, mes forces me quittent. J'ai perdu la dernière source de lumière, j'ai perdu l'espoir. Plus aucune émotion ne vibre à l'intérieur de moi. Si même écrire n'est plus possible... Je me dois de reprendre goût à cette chose merveilleuse que malgré elle, ma mère m'a offert. La vie. Je dois continuer à avancer. Je soupire. Mais si je ne le fais pas pour moi, je le ferai pour Tam. Alors, sans pensée distincte, je me mets à étaler de l'encre sur la feuille. Je fais bouger ma main qui semble fonctionner seule. Jamais mon regard ne se pose sur mon tracé. Puis mon cœur s'accélère. Je ressens une émotion nouvelle. La curiosité, Je suis curieuse de voir ce que donne mon travail improvisé.

Oh ! Un cri silencieux m'échappe.

J'ai dessiné un petit animal à la queue et au corps écailleux, pourvu de longues oreilles, de crocs, et de moustaches toutes mignonnes. Dès lors, tout change. Un regain d'énergie positive s'échappe de ce dessin. Un éclat de rire me prend. Qu'est-ce que cela me fait du bien ! Merci mon cher sédicate. Et oui, à la seule aide de lointaines visions de ces créatures, j'ai représenté cet animal. Le destin y est-il pour quelque chose ? Parce que j'ai l'étrange impression que cette espèce me sera chère...

"Je me sens revivre d'une force nouvelle..."

PDV Tam

Depuis tout à l'heure, j'observe ma sœur. Elle n'était pas bien mais je n'ai pas osé intervenir, de peur de la perturber plus... Et maintenant, sans un œil tourné sur le parchemin, elle agite la plume. Linh a toujours été rêveuse et je l'ai toujours un peu taquinée. Là... J'avoue être perdu. Elle n'a pas l'air d'écrire. Mais que fait-elle ?

Le temps s'arrête. Je ne peux y croire. Elle rit. Linh rit. D'un rire limpide, puissant, bien plus réparateur que n'importe quel remède, n'importe quel sommeil...

PDV Linh

Tam a les yeux brillants de bonheur. Je lui montre la source de notre joie commune. Il rit à son tour. Nous nous prenons par la main. Je suis, nous sommes sur la bonne voie pour, non pas oublier, mais vivre avec ce rejet. Et vivre heureux.