Chapitre 10 :

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– Zoé ? Zoé !

La jeune fille se retourna comme dans un rêve.

– Oh ! Bonjour. Sayan c'est ça ?

Le jeune homme aux cheveux verts acquiesça avec un sourire.

– Qu'est-ce que tu fais là ?

Zoé haussa les épaules en désignant la mer.

– Je me baladais un peu et je profitais de la vue.

– Toute seule ? s'étonna l'adolescent.

– Je ne connais pas grand monde pour le moment ici... Et puis des fois j'aime bien la solitude. Si elle n'est pas excessive.

Elle avait passé tellement de temps seule, avant, que son esprit avait appris à aimer cela. Elle lui adressa un sourire avant de profiter de la présence de cette connaissance pour aborder un sujet qui lui tenait à cœur.

– Et... Dis Sayan, tu penses qu'il va bientôt sortir Natan ?

– Nat ? Je pense que maintenant, ils ne vont pas le garder très longtemps. Ils ne vont pas les garder très longtemps.

– Ah d'accord. Parce que... J'ai peur de faire ma rentrée au Pensionnat si il n'est pas là.

– Ne t'inquiète pas, il va bientôt sortir et tu pourras bientôt intégrer le Pensionnat.

– En fait... je ne suis pas sûre de vouloir aller au Pensionnat.

Pendant qu'elle parlait, le jeune Éolikinésiste la mena à un petit muret afin de s'asseoir. Pour autant, il était très attentif aux mots qu'utilisait la jeune fille et aux émotions que trahissaient sa voix.

– Je ne veux pas y aller, poursuivit-elle. Ça ne me fait pas peur, enfin si, un peu. Mais c'est pas ça le pire. Je... Je veux pas vivre avec plein de personnes, même dans ma chambre. Je veux pas du tout.

– Tu ne crois pas que tu auras plein d'occasions de te faire des copines ? Au pire si tes colocataires de chambre sont vraiment ennuyantes, tu pourras très certainement changer pour être avec d'autres filles !

– Je... Oui sans doute. Mais j'aime bien être seule des fois...

Alors que Sayan s'apprêtait à la rassurer, la jeune fille ne lui en laissa pas le temps.

– Je sais que ça se fait pas de penser ça alors que Natan y a passé un an... Et que d'autres y sont depuis leur naissance ! Mais... j'ai peur. Et je me sens bien chez Jamila. Ça... Je n'ai jamais été aussi bien. Il ne me manque que Natan. Je ne devrais pas avoir peur. Je devrais... Je devrais aller au Pensionnat, comme tout le monde. Après tout, ça ne doit pas être si terrible...

Elle ne s'arrêtait plus et Sayan comprit qu'elle était au bord du craquage. Il était un peu embêté, ne sachant que très peu comment consoler une jeune fille de onze ans. Néanmoins, il la prit dans ses bras, bien que quelque peu maladroitement, dans le but d'apaiser à la fois son flot de paroles ainsi que ses multiples sentiments tumultueux.

– Zoé, murmura-t-il ensuite en desserrant son étreinte. Zoé calme-toi. Tout va bien, d'accord ? Tout va bien se passer. Tu n'as pas à t'en vouloir de penser ainsi, même par rapport à Nat ou à qui que ce soit d'autre. Tout va bien se passer, je te le promets. Et écoute, si tu ne veux pas aller au Pensionnat, tu peux en parler. Moi, je ne peux pas faire grand chose. Mais parles-en à Nat. Et parles-en à Jamila aussi. Peut-être qu'ils comprendront. Peut-être même qu'ils trouveront une solution.

La jeune Dévelopaliste acquiesça en reniflant.

– Jamila... Elle est vraiment gentille avec moi. Elle a fait beaucoup de choses pour moi. Je... Je sens qu'il y a une connexion entre elle et moi.

– Une Connexion ? répéta l'adolescent, un instant hébété avant de se souvenir que la jeune fille ne savait rien des Connexions magiques qui pouvaient se créer entre les Sortilistes. Vous vous entendez bien c'est cela ?

– Oui... Oui on s'entend vraiment bien...

– Alors parle lui de tout ce que tu ressens par rapport au Pensionnat, proposa l'Éolikinésiste en lui frottant gentiment le dos. D'accord ? Tu me promets ?

– D'accord, répondit-elle avec une petite voix. D'accord je vais lui en parler.

– Super ! s'écria Sayan avec un sourire affectueux. Bon alors je te ramène chez elle ? Il est l'heure de manger, elle va se demander où tu es.

Zoé acquiesça puis se leva. Le jeune homme l'imita et ensemble, ils se dirigèrent vers l'immense appartement de la Développaliste. Ils marchèrent sans échanger un mot, mais la présence du petit ami de son frère rassurait la jeune fille. Lorsqu'il l'avait prise dans ses bras, elle s'était sentit protégée et en sécurité, comme quand Natan l'étreignait pour la consoler du joug tyrannique de leurs parents. Elle se sentait bien avec Sayan et le trouvait gentil. Peut-être qu'avec le temps, il deviendrait un grand frère bis. Pourquoi faisait-il cela pour elle ? Était-ce par pur bonté ?

Non, parce qu'il aimait Natan, et que Natan l'aimait elle – il le lui avait souvent répété. Enfin, Sayan n'avait jamais été obligé de l'écouter aussi longtemps...

Bientôt, ils arrivèrent devant la porte de Jamila et les deux jeunes gens se tournèrent l'un vers l'autre.

– Bon belette, déclara l'Éolikinésiste. Je te laisse là d'accord ? Tu prends soin de toi, et tu t'exprimes, d'accord ? Et si tu sens que tu as besoin de me parler à moi, tu demandes à Nat. Tu ne me dérangeras pas. D'accord ? Ça ira ?

– D'accord. Oui ça ira.

Le visage du jeune homme se fendit d'un large sourire, que Zoé lui rendit timidement.

– Super ! À bientôt belette !

– Sayan... Je peux te faire un câlin ?

La surprise passée, l'adolescent ouvrit ses bras et la jeune fille s'y réfugia.

– Merci, murmura-t-elle avant de rentrer dans l'appartement.  

Octo/ tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant