Chapitre 20 :

11 2 9
                                    

« Un incendie déclaré dans le bâtiment des représentants du peuple, un agent de sécurité blessé. »

Megan détacha son regard du rectangle ultra-lumineux d'une trentaine de centimètres de long dans lequel les informations passaient et soupira. Elle éteignit l'appareil en tapotant deux fois dessus. Elle entra sans toquer dans la salle-de-bain et fit face à un corps d'apollon entièrement nu et à moitié trempé, sortant de la douche. Elle pressa ses lèvres à celles de du jeune homme de quelques années son aîné en se mettant sur la pointe de pieds puis s'excusa :

– Je suis désolée, il faut que je file, je vais être en retard.

L'apollon lui adressa un sourire doux mais la retint par le bras avant qu'elle ne s'enfuît.

– Attends... Tu reviendras ??

La jeune Éolikinésiste lui adressa un clin d'œil en acquiesçant. Puis, elle jeta furtivement un œil dans le miroir, replaça son haut chignon de cheveux rouges, réajusta son haut en dentelle noire et s'en alla.

Elle se dépêcha d'aller rejoindre ses amis qui, elle s'en doutait, devaient déjà être au courant. En effet, dès qu'elle mit un pied dans la cour de l'école, Natan exhorta :

– Tu as appris la nouvelle ?

Megan hocha vivement la tête tout en reprenant son souffle. Elle avait couru de chez le jeune homme chez qui elle avait passé la nuit à ici. Tout le monde était là et elle s'assit sur la seule chaise libre qui semblait l'attendre.

– L'incendie ? demanda-t-elle tout de même afin d'être sûre qu'ils partagent le même sujet de conversation.

– Oui ! s'écria Zachary d'un ton échauffé. C'est inadmissible !

– Mais... c'est un accident... releva Fleur, légèrement perdue.

– Oh non !

– Oh que non ! répéta Megan.

– Comment ça ? demanda le Mentaliste.

– Un accident de feu ? reprit l'Hydrokinésiste. Dans le bâtiment des représentants d'un monde de personnes aux pouvoirs magiques ? Sérieusement, personne n'y croira.

– Ce n'est pas ça, fit valoir l'Éolikinésiste à son tour.

– À quoi pensez-vous alors ? questionna Sloum, curieux.

– Un attentat ? tenta la jeune fille aux cheveux rouges.

– Un moyen de protection ? imagina Zachary. Suite à un vol, ou n'importe quelle action de la part d'un individu qui n'aurait pas dû se trouver là.

– Vous pensez qu'il pourrait s'agir de la Clé Ensorcelée ? s'enquit Natan d'un air songeur.

– Ils ont déjà beaucoup à faire avec le vol dans toutes les clés non ? argumenta le Luméniste.

– Elles ont toutes été ramenées Place Centrale il y a deux jours, élucida Laëticia. Ils n'ont pas trouvés ce qu'ils cherchaient.

– L'argent de sécurité a été transporté au Centre des Soins, avertit Playi. Mon père a été chargé de s'occuper de lui.

La Ténébriste remarqua qu'elle ne l'avait pas appelé « Fred », comme elle le faisait si souvent. Elle ne fit cependant aucun commentaire et se contenta de demander :

– Et il ne t'a pas fait part de quelque chose de marquant ?

– Il... Il lui aurait avoué cru reconnaître William Derar.

– C'est qui ? quémanda Illian.

– Mais enfin ! s'exclama Megan. C'est le dirigeant de Natilma !

– Il y a un Conseil, expliqua Zachary. Ils sont cinq, chacun responsable d'une île. Et Natilma étant l'île la plus importante, William Derar est le Conseiller possédant le plus de pouvoir. Les quatre autres l'aident, bien évidement. Mais si on ne devait citer qu'un dirigeant du monde des Sortilistes, ce serait lui.

– Donc, William Derar ? demanda Fleur.

– Attends, c'est lui que le vigile a vu ?? reprit l'Hydrokinésiste, choqué, tout en s'adressant à Playi.

– Apparemment. Ce... Ce n'est pas sûr.

– Ce serait très grave !

– Quel est son pouvoir ?

– Il est Télékinésiste, ébruita Zachary.

– Ça ne colle pas, souleva Sloum.

– Sauf si il n'était pas seul ! argua Natan.

– Quel serait son intérêt ?

– C'est là toute la question, soupira la Ténébriste.

– Non, tempêta Megan. Ça ne va pas. William Derar est le fruit du gouvernement. William Derar est le gouvernement. Il ne peut pas être de mèche avec la Clé Ensorcelée... !

– Nous ne sommes même pas sûrs que c'était lui tout là-haut, rappela Playi d'une petite voix.

– Cela n'a pas d'importance, contra la Guéhériste. Que ce soit lui ou pas, il est très – trop – probable que ce soit la Clé Ensorcelée qui soit à l'origine de l'incendie. Et cela ne peut plus continuer. Ils se battent pour la Clé de Gué, mais quand ce sera moi qui l'aurais et la protégerais, ils cesseront d'exister, tout simplement. À la fin de la semaine, je me rendrais sur Piekrah.

Un silence pesant se mit à planer suite à ces mots. Des regards choqués et désapprobateurs s'échangèrent tandis que celui de la Guéhériste se faisait sûr de lui.

– Tu y vas seule ? demanda Natan, perçant le calme environnant.

– Ceux qui veulent venir avec moi sont les bienvenus. Mais je ne force personne à me suivre. Et puis...

– Laëticia, c'est dangereux ! ne put s'empêcher de la réprimer Playi dans un souffle.

– Je le sais. C'est donc pour cela que je préférais faire le premier voyage seule. Ainsi, je prendrai mon temps pour découvrir les lieux, me faire aux paysages et repérer les endroits importants. Seule, je serai peu repérable. Et en cas de besoin, je pourrais me guérir. J'attaquerais les hostilités ensuite.

– Tu n'es pas immortelle, renifla crânement le Luméniste.

– Je sais. Mais nul ne l'est. Peut-être le suis-je plus que les autres.

– Et quand tu dis que tu « attaqueras les hostilités ENSUITE »... ? souleva Illian, inquiet.

– Je préfère séparer mes actions, et ainsi ne pas m'épuiser et ne pas alerter le gouvernement de mes déplacements.

– Enfin Laëticia, tu ne peux pas t'y rendre durant la fin de semaine ! Nous n'avons qu'un jour et demi !

– Cela ne change rien. Je préfère économiser mes forces et réaliser mes actions petit à petit. Après les cours, je dormirais tout l'après-midi et ainsi je serai en forme pour me lever tôt le lendemain. Et ainsi, je n'aurais pas à dormir sur Piekrah.

– Donc là tu comptes faire tes semaines de cours normalement et passer tes temps de repos à explorer Piekrah... ?

– Oui.

Son ton était radical. Elle paraissait sûre d'elle. Peut-être trop, en tout cas d'après la Ténébriste.

– Et bien bonne chance, finit-elle par conclure d'une voix sourde.

Personne n'osa ajouter un mot, perdu dans ses propres pensées. Nul ne pourrait empêcher Laëticia de réaliser ses desseins, et ils l'avaient tous compris. Elle irait explorer Piekrah.

Et quelques uns avaient d'autres idées en tête. D'autres idées d'exploration. 

Octo/ tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant