10. Père merdique

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Sam est complètement ailleurs depuis quelques jours, depuis le soir où je l'ai vu discuter avec cet homme. Son père, de ce que j'ai pu entendre de leur échange tumultueux. Il est complètement fermé depuis et il m'adresse à peine la parole. C'est sa mère qui fait la communication pendant les entraînements. Les tests que je dois passer arrive à grands pas et je ne peux pas travailler s'il n'y met pas du sien.

La séance de ce matin est plus que laborieuse. Même Danielle perds patience. Cette dernière nous accorde une pause déjeuner et je profite de ce moment pour tenter de crever l'abcès.

— C'était ton père la dernière fois devant la patinoire ?

Aucune réponse. Il est comme ça depuis plusieurs jours : nonchalant, presque léthargique. Il se contente de baisser le regard et de maltraiter son omelette avec sa fourchette. Bon...s'il faut que je lui tire les vers du nez.

Je me racle la gorge pour attirer son attention. Il soupire. Je regrette presque qu'il réagisse, vu la réponse qu'il m'envoie :

— Quoi, Olivia ? T'es psy maintenant ? lâche-t-il d'un ton sec. Oui c'était mon père, contente ?

— C'est pas la peine de te décharger sur moi, je te l'ai déjà dit. Tes états d'âmes tu peux les laisser aux vestiaires.

— Tu me fais chier là, Olivia, il crache subitement.

— Très bien.

J'attrape ma veste et quitte le complexe. L'air chaud s'écrase sur mes joues rafraîchies par le froid de la patinoire. Je me dirige tout droit vers ma voiture, hors de question que je reste une minute de plus à le supporter. S'il croit que je vais laisser couler, il rêve ! Quel connard bordel. Il est vraiment insupportable quand il s'y met.

J'entends Sam m'appeler. Je claque la langue contre mon palais, agacée d'entendre mon nom dans sa bouche.

— Olivia, attends à la fin !

— Non, Sam, j'en ai marre.

Ce mec m'épuise. Je me plie en quatre pour apprendre sa discipline, pour faire équipe avec lui afin qu'on arrive à notre rêve commun, à deux, mais il me rend complètement chèvre. Je sais qu'on patine bien ensemble, qu'il m'aide énormément à progresser. Les frissons qui parcourent mon corps quand ses mains se posent sur ma taille ou encore mes cuisses pendant nos portés sont impossible à ignorer. Je sens que l'on est sur la même longueur d'ondes quand on patine parfaitement en rythme sur la musique. Mais il est insupportable. Tellement insupportable que je pourrais tout lâcher.

— J'en ai ras le cul de tes crises de nerfs. C'est la deuxième fois que tu te décharges sur moi alors que je ne t'ai rien fait. Je suis pas un punching-ball, d'accord ? je fulmine. T'es clairement le mec le plus insupportable que je connaisse, comment je peux patiner avec un mec qui se comporte comme un gros connard à longueur de temps ? Et puis je t'ai prévenu que tu pouvais pas te permettre de me traiter comme de la merde.

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