28. Perdre la raison

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J'ai l'impression d'être coincé dans une boucle temporelle depuis la blessure d'Olivia. On ne sort pas depuis trois jours, si ce n'est pour rejoindre la cafétéria. Et le temps commence à se faire long. Très long. Olivia récupère bien et applique attentivement le protocole du médecin. Malgré tout, nous continuons à répéter nos programmes comme on peut, en veillant à préserver sa cheville.

Évidemment je prends ça très au sérieux, ce qui agace Olivia qui peste toute la journée. Mais les qualifications de danse sur glace ont lieues demain et ce n'est pas le moment de jouer aux cons.

Nous répétons une dernière fois cette après-midi, en douceur. Elle parvient à s'appuyer un petit peu plus sur sa cheville depuis hier mais je veille à ce qu'elle ne force pas dessus. Nous essayons tant bien que mal de reproduire des séquences de pas sur un pied mais hors glace c'est un peu plus compliqué. Cette fois, lorsqu'elle pose son pied par terre, je la vois grimacer légèrement.

— Ok, on arrête Olivia. Il faut que tu te reposes.

— Ça va, Sam, on peut le refaire une fois ou deux, elle insiste.

— J'ai dit stop, Olivia. On a assez répété pour aujourd'hui.

Je l'entends marmonner alors qu'elle s'allonge sur le lit, appuyant son dos contre la tête de lit. C'est dur pour Olivia. Elle a toujours encaissé les échecs et les mauvaises chutes pour en faire sa force et je sais ô combien ça la frustre de ne pas s'entraîner avant la compétition. Je récupère la pommade qu'elle a appliquée sur mon dos endolori il y a quelques jours et reviens m'asseoir à côté d'elle. Je soulève sa jambe et la dépose sur mes cuisses d'un geste qui me paraît le plus naturel du monde pour retirer sa chaussette.

— Tu fais quoi là ? elle m'interroge.

— Je te masse la cheville, ça va te soulager un peu. Et ensuite tu te reposes.

— Je peux le faire toute seule, elle tente de reprendre le tube de mes mains.

Je lève mon bras d'un geste vif, l'empêchant d'atteindre la pommade.

— On est une équipe, non ? Alors laisse-moi prendre soin de toi.

Je soupire lourdement en appliquant quelque gouttes de gel froid sur sa cheville, qui lui arrachent un hoquet de surprise, et commence à étaler la pommade par des gestes circulaires.

Malgré sa réticence au début, elle se détend petit à petit sous le contact de mes mains. Elle me regarde faire tranquillement puis me remercie à la fin.

— Je vais aller courir un peu pendant que tu te reposes, je l'informe.

— Quoi ? Hors de question que je m'ennuie seule ici, je viens avec toi !

On The EdgeWhere stories live. Discover now