05. LANA

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♫ olivia rodrigo – jealousy, jealousy

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Sur le clavier de mon ordinateur, mes doigts se mettent à pianoter à toute vitesse. Les touches s'enchaînent les unes après les autres, les lettres s'assemblent, mes notes s'allongent, tandis que le professeur de littérature poursuit sur le même ton, son cours et ses explications. Mes lunettes noires jonchées sur mon nez, je me concentre pour ne pas louper une miette de ses analyses de Hamlet, toutes plus pertinentes les unes que les autres. J'essaye donc d'en noter le maximum, afin de m'en nourrir pour finir l'essai qui est à rendre pour la semaine prochaine. Autour de moi, le rythme effréné des mains sur les claviers résonne dans l'amphithéâtre, en même temps que les soupirs de certains étudiants dépassés par ce cours magistral.

Comme tous les jeudis en fin de matinée, monsieur Hermett se penche avec nous sur des classiques tous plus incontournables les uns des autres, dans ces deux heures consacrées à l'étude d'œuvres composant la littérature anglo-saxonne. Avec le cours de presse et civilisation de madame Avalon, il fait définitivement partie des cours qui me plaisent le plus parmi tous ceux proposés dans mon cursus. La littérature ne m'a jamais passionnée réellement avant cela, pourtant, depuis que j'ai commencé ma double licence d'anglais et de communication l'année dernière, je me suis prise d'un véritable intérêt pour l'étude d'œuvres littéraires. Peut-être aussi parce que j'ai la chance d'avoir des professeurs jeunes et dynamiques, comme monsieur Hermett, qui sont passionnés par la matière qu'ils enseignent.

La cloche retentit soudain, marquant la fin du cours. Monsieur Hermett s'arrête dans sa présentation au tableau, l'éteint puis pose sur son bureau, comme à son habitude, des textes complémentaires à étudier pour la prochaine fois. J'enregistre mes notes, referme mon ordinateur, puis retire mes lunettes et les pose dans mon étui, après les avoir bien nettoyées. Je ne bénéficie pas d'une correction particulière sur cette paire, il s'agit d'ailleurs plus d'un outil de travail. Je ne la porte en effet que lorsque je suis à la fac, ou même chez moi lorsque je suis devant mon écran, davantage pour préserver mes yeux des excès de la lumière bleue. Ainsi, je n'abîme pas ma vue en restant trop longtemps à travailler sur mon ordinateur, et je m'évite aussi d'avoir des migraines, comme ça je reste concentrée au maximum.

L'effervescence commence à se fait ressentir dans tout l'amphithéâtre. La pause déjeuner sera bien méritée pour tout le monde, je pense. Le prof sourit et fait aussitôt taire les discussions avec des phrases dont seul lui a le secret.

— N'oubliez pas, j'aimerais avoir tous vos essais d'ici la semaine prochaine. Bonne journée à tous et à toutes, dit-il en rangeant ses affaires.

J'entends des nombreux soupirs de part et d'autre de la salle, ponctués de quelques ricanements, ce qui me fait sourire. C'est constamment la même chose, dès que l'on doit rendre un devoir de littérature anglaise, que ce soit un commentaire, un essai ou un corpus documentaire. Le professeur se fait un malin plaisir à nous le rappeler quelques jours avant, histoire de bien faire stresser ceux qui ne sont s'y toujours pas mis, mais finit toujours par nous le noter avec exigence certes, mais également avec bienveillance dans ses annotations et conseils.

Je me dépêche ensuite de ranger mes dernières affaires dans mon tote bag, et sors de la salle après avoir pris un exemplaire des textes posés sur le bureau. L'amphithéâtre se vide en même temps que la cloche sonne, annonçant la fin de l'intercours. Dans les couloirs, le brouhaha est immédiat. Je roule des yeux face à ce chahut puérile, et m'empresse de passer mon chemin, pour aller déjeuner. Pour se faire, je sors du bâtiment, traverse la cour de l'université à grandes enjambées, puis entre dans le restaurant universitaire. Je suppose qu'Olivia et Juline sont déjà arrivées, et qu'elles m'attendent à notre table habituelle. Je prends mon plateau, pose une entrée et un plat au hasard dessus, puis tente de passer mon badge à l'automate, sauf que des gens devant moi n'avancent pas et bloquent la sortie. Je peste intérieurement, mais finis tout de même sortir une ou deux insultes, incapable de me retenir plus longtemps. Puis, lorsqu'ils daignent enfin se bouger, je me faufile à travers la queue pour rejoindre les filles dehors au soleil.

Dancing Our Fears [EN PAUSE]Where stories live. Discover now