09. NATHAN

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♫ james arthur – train wreck

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Pour que je te laisse ta chance de prouver au monde ce que tu vaux vraiment.

Pour que je te laisse ta chance de prouver au monde ce que tu vaux vraiment.

Pour que je te laisse ta chance de ...

Stop. Stop. Stop.

J'inspire. Expire. Lentement. Doucement. Par le nez. Puis par la bouche. Inspirer. Expirer. Le nez. La bouche. On inspire. On expire. On se détend. On se calme. On arrête tout le reste Et on respire. Inspirer. Expirer.

Deux actions pourtant des plus anodines. Instinctives. Naturelles. Qui, pour toutes les personnes ordinairement constituées, s'effectuent de manière mécanique. Mais qui pour moi, actuellement, me demandent tant d'efforts. Je peine à respirer correctement. Ma poitrine se bloque. Ma cage thoracique se bloque. Tout dans ma tête se bloque. Se disperse. Me pèse. M'angoisse. Tout l'air autour de moi, ainsi que celui dans mes poumons, se comprime. Un frisson me parcourt l'échine, je le sens couler dans mon dos, dans ma colonne vertébrale. Mon sang se glace. Je suffoque, je transpire. Je manque d'air. Je me sens fiévreux. Je me sens faible. Je me sens mal. Mais surtout, je sens de plus en plus l'angoisse monter. Putain... Non. Non non non.

Je plisse les yeux, murmure des prières à l'intention de n'importe quelle divinité qui existerait et aurait suffisamment pitié de moi pour m'exaucer. Puis, j'inspire fortement. Le fait de respirer a sur moi cette vertu apaisante, réconfortante. Au moins, je me dis que je contrôle encore quelque chose. Que je ne suis pas totalement une cause perdue, pas totalement en proie à mes passions, à mes angoisses, à mes peurs. J'insuffle, je souffle. Me reconcentre sur un point quelconque dans ce vide qui m'entoure. En le fixant, je tente ainsi de lutter de toutes mes forces. En vain. Je sens petit à petit mes forces me quitter. Je ne veux pas, mais c'est plus fort que moi. Je n'y peux rien, ça me dépasse. Me paralyse. Je ne peux plus bouger. Je ne peux plus rien faire. Ni lutter. Ni repousser la panique. Juste l'accepter. La subir. Continuer de respirer pour ne pas perdre complètement le contrôle. Mais tout de même l'accepter. Immobile. Pétrifié. Comme un con.

Je sens les larmes me monter. Comme toujours lorsque je suis ainsi, lorsque je panique, j'ai envie de pleurer. De tout casser, de laisser mes émotions exploser. Mais je ne peux pas. Je ne veux pas. Pas question que quiconque dans ce bahut me trouve un jour en train de pleurer. Je le garde pour quand je suis tout seul, quand je suis avec ma famille, ou quand je danse. Parce que pleurer en public, dans un tel contexte, ça ne ferait qu'empirer ma situation. Je ne tiens pas à paraître faible ni à laisser une opportunité à quelqu'un de m'humilier. Ça m'a suffi.

Ce n'est rien, Nathan.

Tais-toi.

Calme-toi. Ne penses pas à ça.

Prouver au monde...

N'y penses plus.

Ce que tu vaux vraiment...

NATHAN !

La petite voix dans mon crâne hurle désormais. Je l'entends bourdonner, résonner dans mes oreilles. Elle me brûle, me fait si mal. Me secoue, me sors de l'état de torpeur dans lequel j'étais plongé depuis je ne sais combien de temps. J'attrape ma tête entre mes mains, songeur et au bord des larmes. Je respire calmement pour tenter d'apaiser ces pensées qui grouillent dans tout mon esprit. J'inspire. Puis souffle doucement. Je me concentre sur ma respiration, et fais abstraction du reste pour me focaliser uniquement sur l'air que je libère. J'inspire. J'expire. Difficilement, péniblement mais j'y parviens tout de même. Chaque insufflation, chaque respiration supplémentaire me pèse. J'ai l'impression qu'un véritable poids s'enfonce dans ma poitrine chaque fois que de l'air pénètre ne serait qu'une seule de mes cellules.

Dancing Our Fears [EN PAUSE]Where stories live. Discover now