21. Du rire aux larmes

68 14 43
                                    

— Tata Sabine ? demande Tiago, alors que nous roulons depuis déjà plus d'une heure.

— Oui, mon champion ?

— Tu veux être ma marraine ?

Sabine freine d'un coup un peu trop sec et stationne avec soin le camping-car sur le bas-côté. Elle est manifestement émue, je la vois essuyer ses yeux avant de rejoindre Tiago à l'intérieur. Je regarde mon petit garçon, avec ses yeux pétillant d'amour, conscient de l'importance du moment. Je sens les miens s'embuer également.

— Oh... oui, je le veux... avec un immense plaisir !

— Super ! Merci, tata !

Tiago lui saute au cou et ils s'enlacent tendrement. J'observe la scène, les larmes coulent le long de mon visage.

— Tu as fait un bon choix, mon amour, lui dis-je en lui adressant un clin d'œil, tout en me séchant les joues.

— Je reconnais bien là mon filleul ! Comme maman tardait à choisir une marraine, tu décides à sa place, n'est-ce pas ?

Nous rions tous les trois. Tiago reprend rapidement son sérieux.

— Oui tata, c'est toi que je veux. Le parrain, je sais pas encore, mais c'est pas grave... une marraine c'est déjà bien, hein ?

— Oh oui, surtout que je suis tellement heureuse d'être ta marraine que je vais prendre mon rôle très au sérieux, fais-moi confiance !

Je regarde mon fils avec fierté. Voir mon petit bonhomme de cinq ans, faire preuve de détermination me met en joie. C'est touchant qu'il choisisse un moment chargé de symbole comme celui-là pour une telle demande, sur la route d'une aventure incroyable.

Nous reprenons le trajet, Tiago s'endort en quelques minutes, le visage serein avec un petit sourire figé.

— Il s'est endormi, dis-je.

— Il est incroyable, il m'a tellement émue...

— Oui, je suis fière de lui... Je n'aurai pas fait de meilleur choix. Ça ne pouvait être que toi.

— Merci Delf, ça me touche...

Nous regardons les paysages de campagne défiler au dehors, pensives.

— Même si, en toute humilité, je reconnais être si formidable que son choix ne m'étonne guère ! plaisante Sabine.

Nous éclatons d'un fou rire immense, de celui qui vous tord le ventre, et vous fait pleurer, obligeant même Sabine à arrêter encore une fois le véhicule.

— On rit juste pour ça ?! dis-je péniblement en pouffant dans mes mains.

— T'es con, s'esclaffe Sabine en pleurant de rire.

Nous nous regardons, hilares, ce qui fait redoubler notre rire à gorge déployée. Sabine frappe sur le volant tellement elle glousse et j'en pleure, à me demander si la douleur aux abdominaux ne sont pas finalement responsable de nos larmes et vice-versa.

Au bout de quelques longues minutes, nous nous calmons et soufflons de longues expirations, soulagées de ne plus avoir mal au ventre et aux zygomatiques. 

— Waou, quel bonheur... je n'ai pas ri comme ça pour rien depuis des lustres ! dis-je enfin en reprenant mon souffle.

— Ça fait tellement de bien !

Nous restons ainsi, affalées sur notre siège, la tête posée sur l'appuie tête, épuisées par cet instant de bonheur imprévu. C'est pour vivre des moments comme celui-là que je fais ce voyage avec Sabine et Tiago. Ils sont ma meilleure thérapie.

Les falaises ocreWhere stories live. Discover now