Partie II-Chapitre 11 : Impasse

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Ils restèrent assis sur ce matelas, dans ces draps couvrant innocemment leurs corps. Petra cachait sa poitrine en ayant glissé sous ses bras le tissu blanc, la faisant ressembler à une déesse aussi pure que l'eau.

Ses cheveux décoiffés n'enlevaient rien à la beauté de son visage, qui avait changé après cette nuit. Elle n'arrivait pas elle-même à réaliser qu'elle l'avait partagé avec son caporal.

« Caporal... » Songea-t-elle en se rappelant la manière militaire dont elle le nommait.

Elle avait toujours agit comme la bonne élève, faisant des efforts pour apprendre, refusant de céder contre la pression. Elle ne voulait pas le décevoir mais voilà qu'elle en était tombée éperdument amoureuse.

Elle se souvenait encore des paroles de cet homme aux yeux d'un bleu ciel, lui exprimant un besoin incontrôlable de la protéger et de rester à ses côtés. Parce qu'il l'aimait.

Le caporal-chef Livaï, ce soldat intimidant voir effrayant, tombant amoureux de sa subordonnée, outrepassant la hiérarchie, cela ressemblait plus à une mauvaise plaisanterie. Mais à présent telle était la réalité, et ils allaient devoir agir en fonction.

Le brun, suite à la demande de Petra, hocha la tête doucement pour montrer qu'elle possédait son attention. Il ne la regardait pas, seulement parce qu'il redoutait quelque peu le face à face avec ses responsabilités.

-Je veux savoir, qu'est-ce que nous allons faire à présent ? Demanda-t-elle, soucieuse.

-Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux faire ? Répondit-il, en jouant la confusion alors qu'il savait parfaitement ce qu'elle voulait dire.

Petra sentit son cœur se briser en milles morceaux à cette réaction. Elle ne s'attendait pas à un enthousiasme débordant de sa part, bien entendu. Mais tout de même, elle aurait imaginé qu'il ne laisserait pas traîner leur situation ainsi après avoir partagé la nuit ensemble.

-Livaï, nous avons... Nous n'allons pas...

Les mots ne lui venaient plus, elle ne voulait pas déballer à tout le bataillon qu'ils partageaient plus qu'une relation professionnelle, mais elle aurait espéré une certaine officialisation auprès des supérieurs. Elle n'aimait pas avoir cette affreuse sensation de s'être engagée seule dans cette pente glissante, comme s'il n'avait pas voulu sauter avec elle vers le risque, ou qu'il ne parcourait que la partie agréable du chemin.

Quant au brun, il avait honte de son attitude. Il savait ce qu'elle voulait dire, comme s'il pouvait finir ses morceaux de phrases hésitants. Seulement, il avait bien trop peur pour le faire. Il ignorait comment il pourrait parler à Erwin, son supérieur depuis tant d'années. Il le respectait pour ses volontés, et n'oserait pas se présenter devant lui comme un enfant devant assumer ses fautes.

Tandis que la rousse arborait un visage plein de déception et de choc, il ramassa une chemise au sol, sa chemise et la lui posa sur les genoux avant de se lever sans un mot. Il se rhabilla, ramassant par terre les restes de leur nuit de bonheur, qui s'évanouit avec le silence.

Petra, luttant pour retenir ses larmes, enfila le vêtement ample dont émanait le parfum divin de cet homme. Elle le vivait comme une trahison, car jamais elle n'aurait pensé qu'il poserait la carte de l'ignorance face à elle, après tout ce qu'ils avaient partagé.

Elle se leva, et se tint droite face à lui, maintenant ce regard qui aurait pu faire couler ses larmes jusqu'à la fin.

-Non, je refuse. Déclara-t-elle, d'un air déterminé et assurée, alors qu'elle pouvait sentir sa voix et ses jambes trembler.

-Petra. Répondit-il, comme pour la résonner.

-Non Livaï, tu ne peux pas faire ça. Tu ne peux pas passer la nuit avec moi, me dire que tu m'aimes, que je suis la seule à te procurer du bonheur, et ensuite me prendre pour une idiote. Je ne pourrais te laisser revenir si tu fais ça.

Elle doutait elle-même de sa menace, ne pouvant résister à une seule de ses paroles. Elle se laisserait tomber dans ses bras toutes les nuits si elle le pouvait, mais sa fierté et sa dignité l'empêchaient d'agir seulement en fonction de ses envies.

Elle n'était pas dupe, et savait qu'elle perdrait tout de lui si elle se donnait trop facilement.

-Je ne te prends pas pour une idiote Petra, je ne t'ai rien promis et tu le sais. Répliqua le brun avant de commencer à avancer vers la porte.

Toutefois au moment où il posa la main sur la poignet, il entendit les mots de Petra qui résonnèrent dans son esprit.

-Je vous pensais avec plus d'estime Caporal-chef, mais en fin de compte vous êtes comme tous les autres. Lui balança-t-elle relâchant les larmes montant aux coins de ses yeux.

Ces mots provoquèrent un frisson incontrôlable dans son corps, et il réalisa la situation dans laquelle il se trouvait, et surtout dans laquelle il l'avait mise.

Il se stoppa dans son mouvement. Puis il attendit devant cette porte en bois. Il savait que s'il venait à la franchir, il signait la perte définitive de ses sentiments. Il n'aurait jamais l'audace, ni le culot de revenir la voir pour lui parler d'amour s'il venait à la laisser après ça.

Il n'avait pas menti, il l'aimait. Il avait enfin réussi à lui dire et refusait d'avoir agit inutilement. Et après cette réflexion, il imagina comment pouvait-elle se sentir. Il avait tout avoué pour la garder auprès de lui, pour lui prouver qu'il souhaitait réellement la protéger, et il finissait par l'abandonner le lendemain en lui déclarant qu'il ne lui devait rien.

« Tu as pu être une ordure Livaï, mais tu n'as pas fait tout ce chemin pour merder avec elle ! » Songea-t-il en s'adressant à lui même.

Entendre son souffle tremblant derrière lui, et sentir son regard lourd sur ses épaules lui rappelèrent l'importance de cette femme dans son cœur. Il n'avait qu'un seul choix à faire, mais il l'avait déjà fait depuis bien longtemps, dans ses rêves comme au plus profond de son cœur.

-Tu as raison... Murmura-t-il en plaquant son front contre le bois.

Petra pensa qu'elle avait mal entendu, encore perdue dans ses pleures. Elle ne savait pas encore ce qu'il voulait dire par là, mais brûlait d'impatience et d'attente de le savoir.

-Qu'est-ce que... Demanda-t-elle, ne réussissant pas à terminer ses phrases.

-Tu as raison. Je vais le faire. Affirma-t-il, reprenant de l'assurance.

Elle s'approcha d'un pas hésitant vers lui, et le regarda tandis qu'il ne lui faisait toujours pas face. La chemise blanche qu'elle portait lui tombait sur les poignets, et le dos musclé à quelques centimètres d'elle ne cessa pas de l'émerveiller.

Elle tendit sa main pour toucher ses doigts, qui s'étaient formés en un poing fermé. Il fut surpris de la sentir tout près de lui à nouveau, et la laissa entremêler ses doigts aux siens.

Il se tourna pour la regarder droit dans les yeux, et vit finalement les marques des larmes s'étant arrêtées brusquement suite à ses mots.

Elle caressa sa joue et sa nuque sans quitter son regard bleu et toujours autant troublée. Elle pouvait voir combien c'était difficile pour lui, mais elle devait être certaine qu'il ne lui laisserait pas des cicatrices inoubliables.

Cela ne la rendait que plus assurée qu'il n'existerait jamais quelqu'un tel que lui en ce monde. Il était le seul qu'elle pouvait aimer ainsi.

Il rapprocha son corps du sien, serrant ses épaules entre ses bras. Il pouvait sentir sa tête se nicher contre son cou, et se plaisait à admirer la chevelure rousse flottant sur la chemise blanche éclatante.

Elle sourit contre lui, apaisant ses tourments avec son parfum, et passant sa main dans son dos. Il allait le faire, il devait réussir à convaincre le monde entier si ça pouvait la rendre heureuse.

-Je te le promet Petra, je vais le faire. J'irais parler à Erwin.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋 | Acte II : 𝓕𝓮𝓪𝓻𝓵𝓮𝓼𝓼Où les histoires vivent. Découvrez maintenant