Chapitre 13 : Visites

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Encore un matin, douloureux pour ses tempes et ses yeux qui s'ouvraient avec difficulté face à cette lumière aveuglante. Il aurait pu s'en agacer, se mettre de mauvaise humeur et enfiler son visage des mauvais jours, comme s'il en existait encore des bons.

Seulement, tout avait changé à présent. La vie était différente depuis qu'elle était restée dans ses bras cette nuit, se protégeant contre lui de la fraîcheur de cette pièce. Seuls leurs corps et leurs cœurs battant en symbiose existaient à cet instant. Il n'avait jamais senti une chose aussi pure et intense de sa vie, et le manque s'installait presque naturellement sur sa peau.

Livaï avait prévu de se rendre à l'hôpital ce jour-là, voulant vérifier l'état de son supérieur et aussi intimement, celui de sa subordonnée. Il trouvait presque cela étrange de rester son caporal après ce qu'ils avaient partagé. Ce genre de choses ne l'avait jamais réellement concerné avant qu'il ait des sentiments pour elle.

Les scandales et la marginalité ne l'avaient jamais réellement attiré, en venant des bas-fonds, il n'appréciait pas d'entendre l'avis de chacun sur sa vie personnelle et voulait la garder à tout prix en dehors de ça.

Cependant, s'il voulait changer Petra d'escouade ou de poste, il devait attendre le réveil d'Erwin. Il n'avait qu'entendu vaguement parler de son état de santé, au détour des couloirs et des ruelles, mais savait pertinemment que le retour du major serait encore à attendre.

Il déambulait dans les rues ensoleillées, ne pouvant songer à une seule et unique chose à la fois. Son corps était léger pour la première fois, mais son esprit n'avait jamais autant tourné.

La terre sur ses chaussures ne le dérangeait même plus, et il apercevait déjà le sommet du bâtiment de l'hôpital où de nombreux soldats avaient dû rester en convalescence.
Il demanda alors le numéro de la chambre du dirigeant du bataillon d'exploration, et par chance, celle-ci se trouvait dans le même étage que celle de Petra.

L'infirmière lui proposa de lui montrer le chemin, mais le brun s'éclipsa avant de la laisser prononcer un mot de plus. Il prit la direction qu'il avait emprunté lorsqu'il avait voulu la voir, se souvenant alors de ces murs et de l'air glacial des couloirs.

Il toqua avant d'entrer, et tomba avec étonnement sur le commandant Pixis étant arrivé dix minutes auparavant. Il le salua d'un mouvement de menton avant de s'assoir sur la chaise de l'autre côté du lit où reposait Erwin.

« Qu'est-ce qu'on va faire de toi, hein... » Songea alors Livaï en voyant son membre manquant, et son bandage remontant en haut de son avant-bras.

-Les médecins ont parlé d'environ six jours de délais avant que la situation ne devienne critique. Déclara l'homme d'âge mur en face du brun.

-De délais ? Demanda-t-il alors, perplexe.

-Le major doit se réveiller avant six jours, sinon les médecins ne pourront plus qu'espérer dans le vide.

Le caporal n'avait pas réalisé que les blessures de la bataille allaient potentiellement entraîner une perte de leur major. Le choc n'en était pas violent, il n'était pas encore condamné. Ce qui inquiéta plutôt Livaï à ce moment fût la responsabilité de prendre en charge les soldats du bataillon, ainsi que les relations avec le gouvernement. La procédure était claire dans ce genre de situation, et cela n'enchantait absolument pas le brun.

-Vous savez ce qu'il vous reste à faire caporal-chef Livaï. Le bataillon d'exploration a encore besoin de directives, et d'organisation. Je vois bien que cela vous déplaît, mais vous n'avez pas le choix. Reprit le commandant Pixis, recoiffant sa moustache comme un savant scientifique.

𝔻𝔸𝕐𝕃𝕀𝔾ℍ𝕋 | Acte II : 𝓕𝓮𝓪𝓻𝓵𝓮𝓼𝓼Where stories live. Discover now