Plus jamais seuls (TOME 1)

Chap 48 : pdv Auréa (présent)

   Je m'étais littéralement enfuie tout à l'heure.

Que s'était-il passé exactement ? Je n'arrivais pas à y voir clair. Tout d'abord, je m'étais fait agresser par une dame âgée colérique. Puis, Aaron était intervenu.

Peut-être aurait-il dû s'abstenir ?

Il avait voulu me secourir face à madame Héloïse qui avait tenté de me frapper avec sa canne. À la base, c'était moi qui avais failli la heurter avec mon fauteuil roulant, mais c'était un accident. Je ne l'avais pas fait exprès.

Aaron avait dévisagé mon visage décomposé. Il avait directement discerné mon désarroi et n'avait pas su s'empêcher de prendre ma défense.

Énervé par madame Héloïse, son sang n'avait fait qu'un tour. Il s'était mis à hurler comme un malade. Je ne l'avais jamais vu comme ça. Il l'avait insultée. Cela avait été effrayant.

Pourquoi était-il aussi agressif tout à coup ? Je repensai automatiquement aux paroles de maman. Ces mots résonnèrent dans mon esprit et me glacèrent sur place.

Je suis infirmière Auréa, je sais quand quelqu'un ne va pas bien.

-Vous n'êtes qu'une vieille folle ! C'est vous le danger public ! avait-il vociféré.

On aurait dit qu'il allait tout casser, tout saccager. Il beuglait de plus en plus fort dans la rue. Au fond, je savais qu'il tentait de m'aider, mais en fait, il me terrifiait. Il faisait peur à tout le monde. Ce n'était pas comme ça qu'il devait s'y prendre pour se rapprocher de moi.

Ce n'était pas une réaction normale.

Quelques minutes auparavant, lorsqu'il marchait calmement à mes côtés, j'avais eu envie de lui confier que je le considérais comme mon meilleur ami. J'avais hésité à m'épancher auprès de lui, puis tout s'était enchainé.

Peut-être avais-je bien fait de me taire ? Peut-être ne devait-il jamais savoir ce que je ressentais ? Devais-je couper avec un garçon aussi colérique ? D'où provenait sa violence ?

À cet instant, il paraissait capable de faire n'importe quoi. Effrayée, je l'avais regardé les larmes aux yeux puis je m'étais éclipsée. J'avais pourtant eu envie de rester auprès de lui pour tenter de dialoguer avec lui, pour comprendre sa réaction, mais j'étais partie. Je n'avais pas pu rester plus longtemps face à ce spectacle déroutant.

Il ne s'était même pas rendu compte de mon absence.