Chapitre 24

221 23 2
                                    

Je marche déterminée, sur un seul fil comme une mannequin et tends les bras pour enlacer un corps si étranger mais pourtant familier.

- Ash, mon amour, tu m'as manqué ! je m'exclame, plus enjouée qu'à mon habitude.

Je lui colle un bisou sur la joue. Il a un petit mouvement de recul, choqué, puis comme si de rien n'était, m'attrape la hanche. Il ne rechigne pas non plus quand je regarde ma collègue en plaquant mon sourire le plus faux et colle ma tête sur le torse de mon soi-disant amoureux. Je pouffe et souffle. Plus personne ne parle.

- Tu as déjà bu le verre de trop ? il chuchote au creux de mon oreille.

C'est la douche froide. Je me crispe immédiatement et serre les dents. Moi qui voulais paraître naturelle, on en est loin. Je replace mes cheveux et me décale légèrement vers la droite sans le lâcher. Une de mes collègues à qui il parlait sourit, gênée. Mon regard se dirige derrière son épaule et rencontre Madeline qui fait un geste de la main. Okay, c'est définitivement too much.

Je me détache d'Ashton et me dirige vers le buffet. C'est un désastre, ça ne fonctionne pas du tout. Je fourre une dizaine de petits fours à la suite dans ma bouche et mâche tout en réfléchissant à comment je pourrais améliorer cette situation. Sinon, je fuis. Je sors, ni vu ni connu et je prétexte un mal de ventre.

- Tu nous fais quoi là ? Je t'ai dit d'être plus affectueuse, pas de te jeter sur lui comme un loup affamé.

La voix de Madeline me fait sursauter.

- Ça ne fonctionne pas, je pleure en lui crachant des morceaux de pâte feuilletée au visage.

- Ça ne fonctionne pas parce que tu n'y crois pas. C'était atrocement embarrassant quand tu l'as pris dans tes bras. En plus tu avais une voix de crécelle...

- C'est bon, j'ai compris.

- Tu n'as plus qu'une solution.

Je me tourne vers elle et vois ses yeux briller. Elle me regarde et hoche la tête. Est-ce qu'elle pense à ce que je pense ?

- C'est hors de question ! je m'indigne.

- Tu n'as pas le choix.

- Si. Je fais le choix de ne pas faire ce choix.

- On passe au plan B.

- Non !

- Si !

- Je déteste tes plans.

- Tu veux que ta mère découvre que tu as engagé un escort à vingt-quatre ans parce que tu n'en pouvais plus d'être célibataire ?

- Techniquement, je l'ai fait parce que ma famille ne supportait plus que je sois célibataire, je marmonne.

- Mia ! Tu veux qu'elle le découvre oui ou non ?

- Non... je rechigne.

- Alors tu n'as plus le choix.

- Et s'il dit non ?

- Tu le payes, il dira oui à tout.

- Sympa pour moi. Je pensais que tu allais me faire des louanges parce que je suis ta plus belle copine et que tous les hommes sont à mes pieds.

- Ne prends pas tes désirs pour la réalité.

Madeline me sourit chaleureusement. Je n'arrive pas à croire que je considère vraiment cette idée comme étant ma seule option. Quand il faut y aller, il faut y aller. Mais avant ça, je choppe deux coupes de champagne qu'une serveuse tient sur un plateau et les bois cul sec.

Un escort pour noëlWhere stories live. Discover now