– File m'en une autre, s'te plait.
– N'as-tu pas honte ? s'indigne Ëlyias. Les autres, je le conçois, mais tu es une elfe, voyons. Tu t'abaisses et souilles tes semblables en te nourrissant de la sorte.
– Ah, laisse la tranquille, une cuisse de poulet n'a jamais tué personne, lui répond Yoruk, tout en tendant un morceau de viande à notre nouvelle comparse.
– Merci, t'es un ami le nain.Faisant fi du regard mi scandalisé mi dédaigneux de son cousin de la sylve, Fìnael croque à pleines dents sa nouvelle portion. Elle s'empiffre sans grand égard pour nous qui l'entourons. Pourtant, je ne sais quoi entre son mépris des coutumes de son peuple et la totale indifférence qu'elle affiche pour son congénère, mais je me satisfais de la savoir présente à nos côtés. Voilà au moins une oreille pointue qui ne me hérisse pas le poil.
– C'est vrai ça, qui l'aurait cru ? renchéris-je. On se régale tranquillement autour d'un feu, alors même qu'hier...
– Cela vaut pour vous, mais que devrais-je dire, moi ? demande Sir Allan. Depuis combien de temps n'ai-je point dégusté la douce chair d'une saucisse, humé l'agréable parfum d'un cochon grillé, croqué la tendre fécule d'une pomme de terre, sucé la...
– Nous avons compris, spectre, le coupe fort à propos Aector. Ne nous plaignons pas que la fortune nous sourie, elle l'a assez peu fait depuis le début de notre aventure. Savourez cette pause bien méritée, dégustez cette agréable pitance. Moi, en revanche, j'aimerais éclaircir quelques points.
– Lesquels ? l'interrogè-je.
– Tout d'abord, quelle était cette explosion dans le château ? Avec ces sangsues à nos trousses, la question est restée en suspens. Ce n'est dorénavant plus le cas...Dans un mouvement coordonné, l'ensemble de nos visages se tournent vers notre dernière recrue. La pauvrette, elle mastiquait tranquillement sa viande et voilà désormais que tous les regards sont braqués sur elle. Un gloups guttural retentit, tandis que fond son morceau vers ses intestins. Mes aïeux, ne serai-je à jamais entouré que d'individus dénués de tout savoir-vivre ?
– C'est à moi de répondre, c'est ça ? s'enquit-elle.
– Qui d'autre dans cette gigantesque assemblée détiendrait la réponse, selon toi ? se moque gratuitement Ëlyias.
– Me cherche pas des noises, toi ! Les verts dans ton genre, j'les connais. Vous faîtes les malins, vous jouez les sages et vous croyez grands, mais des qu'on y fouille de plus près, y a pas grand chose sous le froc.
– Tu oses m'insulter, vipère ? Rien que ton apparence est une insulte à ta race, quant à ton langage, serait-ce un patois orc ? Tu nous fais honte...
– Suffit ! l'interrompt le Credan. Nous t'écoutons, Fì... ?
– ... nael, termine-t-elle. Prend note que j'en ai pas fini avec toi, l'glandu. Pour vot' question, Majesté, c'est un de nos plus grands secrets. Mais bon, maint'nant qu'Arasmée est tombée en ruines, j'ai plus d'raisons de le garder, vous m'direz.
– Une chose qu'ils n'emporteront pas dans la tombe, ces vils gredins ! s'enthousiasme notre moitié de partenaire.
– Oubliez pas que vous parlez de ma race !
– Eh, ce n'est pas moi qui les ai fait exploser, dois-je vous rappeler ? Remarquez, cela aurait été un plaisir. Quoiqu'il en soit, ils ne sont plus une menace pour mon peuple et c'est à vous qu'on le doit, gente dame.
– Et donc, ce secret ? s'impatiente notre héros, comme à son habitude.
– Du salpêtre, du souffre et un zeste de charbon. Le bon dosage et z'avez c'qu'on appelle la poudre noire. Approchez-y une flamme et vous connaissez le résultat.
– Intéressant, sourit-il.Hm, oui, très intéressant même. Pourquoi cela ? Ne me dîtes pas que vous osez poser la question, si ? C'est vrai, que pourrait-on faire d'une substance capable de détruire un château entier ? L'utiliser ? Oui, mais encore ? Pour... ? Reconquérir le trône d'Orquéra, pardi ! Oui, pour rappel, c'est toujours l'objet de notre expédition, quand bien même vous l'auriez oublié. Faut-il que je sois votre éternel salvateur ?
– Et cette poudre noire, il serait possible que tu en fabriques ? enchaine-t-il, bien plus alerte que vous sur son potentiel.
– Pour vos beaux yeux, aucun souci, votre altesse ! Vous la faut pour quand et pour quoi d'ailleurs ?
– Oh, ça ne presse pas, l'arrêtè-je avant qu'elle ne s'enflamme. Quant aux raisons, disons qu'elles ne vous regardent que si vous décidez de nous accompagner.
– Mon bichon, tu crois que j'ai mieux à faire ? J'étais une cambrioleuse et m'voilà maintenant une tueuse doublée d'une apatride. C'est avec vous qu'j'ai l'plus d'avenir.
– Aector, voyons, je reconnais que la recette de cette soi-disant poudre noire peut s'avérer utile, mais rien ne nous dit qu'elle ne la connaisse réellement, revient Ëlyias à la charge. Et quand bien même, il suffit qu'elle nous la divulgue en échange de quelques piécettes. Mais l'accueillir dans notre compagnie, vous n'y songez tout de même pas ? Une... une catin, voilà ce qu'elle est.
– Oh, toi ! Viens qu'on s'explique !
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La Compagnie d'Aector
FantasyJe vous salue tous humblement, vils voleurs, voyeurs et autres rebuts de notre royaume étêté. Je vous mets en garde, vous ne devriez pas lire ce journal, celui de votre illustre serviteur, j'ai nommé le grand Aëmys. L'avoir dérobé vous en coûtera la...