Petite présentation

170 20 98
                                    

Cher moi du futur, voici l'incroyable récit de ton aventure épique ! Quoi, il faut bien se motiver, non ? Bon, c'est vrai que je ne serai pas le seul lecteur. De telles aventures, rendez-vous compte ! Alors, je vous salue, tous autant que vous êtes, admirables cireurs de bottes et envieux que vous êtes !

Vous devez vous demander qui je suis pour vous alpaguer de la sorte et ce que j'ai entrepris qui me vaut un tel toupet. Je le conçois fort bien et c'est pour cela que je vais prendre quelques minutes de mon précieux temps pour clarifier cette affaire. Et après, j'irai présenter mes respects à l'ivrogne qui se tient, avachi, à plusieurs tables de moi.

Pour votre gouverne, vous tenez en cet instant, le journal de l'illustre Aëmys, conteur, barde et sujet de son époque. J'aime à dire que j'en ai écrit mille autres avant celui-ci, mais qu'ils ont trop de valeur pour être souillés par votre insultante ignorance. La cour des rois d'Origina ? Il est vrai qu'ils sont un auditoire plus éclairé, mais quels rustres ! Vous l'avez compris, je n'aime pas les monarques de l'ancien monde. Pas plus que celui du nouveau, d'ailleurs. Mais cette animosité a un caractère plus personnel. Bref, je divague...

Reprenons. Je suis Aëmys, j'ai atteint le bel âge de trente-et-un printemps, et je rêve d'aventures toujours plus incroyables. Je peux vous paraître hautain, mais c'est une des raisons qui me poussent à cette confession. Ma dernière conquête à osé dire que j'étais un fieffé salaud, qui ne trouverai jamais plus l'amour, ni la satisfaction d'une femme dans son lit. Comme si je ressentais le besoin de m'enticher... En revanche, la seconde menace m'inquiète un tantinet plus. Et, le fait que ce soit une prédicatrice elfe n'est pas pour arranger les choses... Paraîtrait qu'il faut que je change.

D'ordinaire, je ne m'embarrasse pas de telles sornettes, mais le décorum d'une malédiction sylvestre m'a quelque peu refroidi, cette fois-ci. Du coup, j'ai fait un peu le tour de mes défauts et j'en suis venu à la conclusion qu'il me fallait les tailler un peu. D'aucuns diraient que je suis arrogant, vaniteux et pompeux. J'admets ne pas partager ce point de vue, mais là n'est pas la question. J'ai donc décidé d'écrire une de mes célèbres histoires et de la partager, en signe de mon rejet de l'élite.

D'autres pointent du doigt mon spécisme. Comme quoi les êtres humains vaudraient mieux que certaines autres races intelligentes. A moi, cela me paraît évident, quoique certaines elfes valent le détour, je dois le reconnaître. Je ne parle évidemment pas de cette vipère d'Aelenor. Elle m'a envoûté et ne s'est pas fait prier pour me jeter une de ces malédictions... En revanche, ces soeurs, hmmm...

Bon, je m'ecarte encore, je crois. Mais, qui voudrait être un nain, un gobelin, une dryade, ou je ne sais quoi encore ? Je suis à peu près sûr que tout un chacun refuserait, s'il lui était donné la fortune d'être un homme et de dominer le monde. Que valent une barbe touffue, des oreilles en pointe, un nez crochu ou une apparence evanescente face à la grandeur et l'intelligence de l'être humain ? Rien, c'est certain, mais il existe une infime possibilité que je me trompe. Je me dois donc de l'étudier et le ferai à ma sauce. N'oublions pas que je suis barde...

Vous savez désormais ce qui me pousse à vous relater cette épopée, à peu de chose près. Ne me resterait plus qu'à réveiller sa Majesté de la Boisson et l'histoire commencerait, mais vous me semblez encore perdus, me trompé-je ? Non, c'est évident. Mon intuition me trompe rarement. Après le pourquoi, vous souhaitez le comment de cette aventure. Et vous espérez que cela soit simple, car vous n'êtes pas des flèches. Je le conçois et m'en vais de ce pas vous rassurer. Ma bonté me perdra...

Apprenez donc, pleutres admirateurs, que ce tome sera mon seul don à la culture commune, pour ne pas dire populaire. Il ne faudrait pas voir à abuser de ma générosité. Je partage déjà bien assez de mes oeuvres lyriques et prosaïques pour divertir, plus qu'instruire, vos maigres cervelets.

Malgré mon apparente antipathie à votre égard, prenez néanmoins conscience que je ne vous cacherai rien. Dès lors qu'un événement sera de nature à vous intéresser, je m'emploierai à le coucher dans ce journal. Il en va de la mission dont j'ai été investi et, au-delà, de mon honneur de barde ! Suivant mon périple, ce carnet accueillera toutes les péripéties, mais également les conversations et autres potins auxquelles je participerai ou qui se frayeront un chemin jusqu'à mes oreilles.

Maintenant que vous savez grossièrement de quoi il en retourne, je pense venu le temps de s'approcher de notre ami endormi et de débuter – enfin ! – notre aventure...

La Compagnie d'AectorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant