La Fiancée de la Foudre

Chapitre 3 : La Fiancée de la Mort

La fiancée de la mort.

Il se souvenait de ce détail, qui avait bien fait ricaner Jospeho, lorsqu'ils en avaient discuté. Sana Deslys avait faillit convoler trois fois. La première fois, l'homme avait fait un infarctus en se préparant pour la cérémonie. Le deuxième avait perit d'une flèche en plein cœur, la veille, lors d'une partie de chasse. Le troisième...

A priori, c'était lui qui l'avait tué.

Interdit, il réfléchit à cet Edgard de Ventebourg, pendant que les Krieger leur expliquaient par le menu pourquoi un homme de son importance ne pouvait épouser un insecte comme Sana. Ils étaient virulents dans leur approche. D'autant plus que cela se faisait devant mademoiselle Deslys, dont le masque inexpressif ne se craquela pas une seule fois face à ces attaques.

-Donc, vous estimez que la vertu de votre nièce ne vaut pas qu'on la défende ? déclara-t-il soudain, en coulant un regard peu amène au Comte de Krieger.

Il ne l'aimait pas. Légèrement ventripotent, cet homme arborait une tenue d'une richesse incongrue pour son titre. Colliers en or, bagues à chaque doigt, vêtements brodés d'or, c'était comme s'il devait extérioriser sa fortune par tous les moyens possibles. Idem pour sa fille et son fils. Mais par-dessus tout, c'était l'expression au fond de son regard qui lui déplaisait.

Cet air vicieux et calculateur... Cette impression malsaine qui émanait de lui hérissait Liam au plus profond de son être.

Il me rappelle mon grand-père, comprit-il soudain.

-Loin s'en faut ! se défendit le Comte. Mais ma nièce ne souhaite plus se marier. Avec tous ces morts...

-Dans ce cas, pourquoi m'avoir dit qu'elle était déjà fiancée ?

Le voir s'empêtrer dans ses mensonges avait quelque chose de plaisant. Il cherchait une manière de rattraper le coup, mais ce fut Sana qui régla le problème :

-Votre Grace, je vous remercie. Vous êtes bon avec moi. Mais c'est justement pour cela que vous ne devez pas devenir mon fiancé. Je ne veux pas vous voir mourir.

Liam haussa un sourcil, à deux doigts d'éclater de rire. Comme si une malédiction allait suffire à le tuer ! Non seulement il était responsable de la mort de l'un de ses fiancés, mais en plus, il en fallait beaucoup pour en venir à bout de lui.

Néanmoins...

-Soit, concéda-t-il en haussant les épaules. Si vous ne voulez m'épouser, je ne vous y contraindrais pas. Après tout, le Comte à raison. Un homme de mon rang ne peut s'abaisser à épouser une orpheline devenue la femme de chambre de sa cousine.

Si ses paroles la choquèrent, elle n'en montra rien, se contentant de soutenir son regard. Bien. Il aimait son expression.

-Tout à fait ! clama la fille du Comte, en revenant à la charge. C'est une femme comme moi que vous devriez épouser !

Liam posa les yeux sur Eulalie.

-Sans façon.

La rebuffade choqua visiblement la cousine de Sana.

-Sur ce, dites-moi où vous avez vu mon chevalier pour la dernière fois, Comte, enchaina le Duc. Je vais partir à sa recherche sur le champ.